Chalmers passe des pages à tirer à boulets rouges sur des strawmen, rentre peu finement dans le lard de
Popper, Lakatos et Cie mais sa propre théorie du changement de paradigme, alternative à celle de Kuhn, et qu'il nous présente comme le fin du fin, est pauvre : il la nomme "objectivisme méthodologique", càd qu'une théorie remplacera une autre théorie parce qu'elle est plus féconde (sauf qu'on ne se rendra compte de cette "fécondité" de la théorie qu'a posteriori et qu'il est impossible d'évaluer l'"infécondité" de la théorie remplacée puisque précisément elle a été remplacée par une autre théorie), ce qui lui évite de se mouiller ou de se tromper. La notion de "tendance transfactuelle" qu'il introduit pour désigner des phénomènes comme la chute d'une feuille, qui sont à la fois mécaniques, aérodynamiques, chimiques etc. n'a aucun intérêt : tous les phénomènes sont "transfactuels" à ce compte-là.
Dans la conclusion,
Chalmers part en live dans un délire marxiste qui n'a rien à voir avec la choucroute et me conforte dans l'idée qu'il vaut bien mieux passer du temps à lire
Popper,
Feyerabend et
Duhem que les résumés biaisés qu'il en donne, sans soulever les points litigieux des auteurs qu'il affectionne, en reprochant à
Feyerabend son individualisme, ce qui n'a aucun intérêt épistémologique, au lieu de lui demander s'il fait une différence, au sujet de la supposée "incommensurabilité des théories", entre absence de synonymie et changement de référent. Ce qui eût été autrement plus intéressant à étudier.
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