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Critique de livrevie


Ava Vaughan ne rêve que d'une chose, créer des modèles, avoir sa propre maison de couture, la Maison Vaughan, dans laquelle elle pourrait déployer tout son talent et exposer tous les beaux vêtements qui tourbillonnent dans sa tête. Elle aime les tissus précieux, elle aime les coupes parfaites, elle aime les magazines et leurs mannequins à la beauté fatale. Mais en attendant d'atteindre son rêve, elle travaille du haut de ses dix-huit ans dans une petite boutique où elle exerce son talent.

Parce qu'Ava Vaughan n'a pas eu la chance de la naissance. Si elle était née dans l'une des familles qu'elle habille, ces femmes sublimes au port de tête altier, à la silhouette parfaite et au porte-feuille bien garni, elle serait quelqu'un d'autre, quelqu'un à la hauteur de tout ce qu'elle porte en elle. Mais la vie est ainsi et elle doit être patiente, son heure viendra.

Et puis un jour, elle rencontre Stanislaus. Stanislaus et son beau costume, Stanislaus et son chapeau, Stanislaus qui règle tout et se montre si galant. Quand il lui propose une escapade à Paris, son coeur s'emballe. La capitale de la mode! Elle va revenir avec un anneau autour du doigt, elle en est sûre. Et Stanislaus l'aime tellement qu'il va lui financer sa Maison Vaughan, elle va enfin pouvoir avoir la vie à laquelle elle aspire, la vie qui lui est due.

Ah, naïveté de la jeunesse, péché d'orgueil...

Les journaux en parlaient pourtant, la radio aussi. Mais non, la guerre ne va pas éclater, et surtout, elle n'atteindra pas Paris. Rien ne peut atteindre Paris.

Mais l'inévitable se produit, et la guerre éclate. Commence une descente aux enfers brutale pour Ava. Une fuite vers la Belgique, Stanislaus qui l'abandonne. Elle doit survivre. Seule.

En me plongeant dans ce roman, je m'attendais à suivre le destin d'une femme mais je ne m'attendais pas à suivre un tel destin. le récit m'a vraiment surprise, dans le bon sens du terme. La seconde guerre mondiale est un sujet largement traité, les récits de femmes aussi, et il est parfois difficile d'être original. On risque de s'engluer dans un mélodramatisme artificiel, dans une langue parfois trop lourdement décorée, dans un récit faussement romancé. Rien de tout cela dans ce roman. La langue est simple, dépouillée parfois, dure souvent. Comme les épreuves qu'Ava va devoir affronter. La douceur vient des tissus ou de tout ce qui est en rapport avec la couture, cette lueur dans l'obscurité de l'héroïne. Il n'y a pas d'emphase, pas besoin, les événements se suffisent à eux-mêmes.

Le personnage d'Ada est un personnage osé. Sa naïveté teintée d'égocentrisme peut être exaspérante, mais n'est jamais anodine. C'est ce qui l'aide à rester debout quand elle est enfermée, là, dans ce château, à quelques kilomètres de camp de Dachau, vivant l'horreur dans l'horreur, sombrant dans la noirceur de l'être humain.

Ada est une femme forte, qui veut survivre, qui veut monter sa Maison Vaughan, parce que la guerre s'arrêtera non? Et après, ça sera forcément mieux. Mais l'après n'est pas si simple comme nous le montre Mary Chamberlain. Quid de ceux qui reviennent au pays et qui ont tout perdu? Quid de ces femmes qui luttent pour se reconstruire dans cette société qui n'a pas encore appris de ces erreurs?

Et la fin... Je l'ai relue à deux reprises pour être bien sûre, mais oui, c'est bien ça. Elle est dans la lignée de ce roman et finalement, il ne pouvait en être autrement.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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