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Critique de BazaR


BazaR
29 septembre 2020
Ce premier contact avec la prose de Becky Chambers est une réussite.

Dans un monde SF où les récits me donnent l'impression d'être de plus en plus dystopiques, reflétant probablement la marche du monde réel, l'auteure porte une voix optimiste, positive. Elle nous donne à lire un récit qui exprime que l'humain, la vie et l'univers ne sont pas forcément merdiques et sans espoir.

C'est l'état d'esprit des quatre personnages qui m'a le plus frappé. Leur éducation semble avoir presque complètement éradiqué les pensées négatives et la colère. Aucune friction ne vient ternir leurs relations bien qu'ils vivent confinés ensemble pendant leurs années d'exploration spatiale. A peine l'agacement est-il parfois ressenti mais sans s'exprimer. Ce comportement est englobé dans une sorte d'exaltation de l'enfant qui découvre à quel point la variété et la complexité du monde sont merveilleuses. Leur joie de découvrir des formes de vie – tout à fait originales de surcroît ; l'évolution a bien bossé – explose en permanence. « le monde est magnifique » semblent-ils toujours penser.
Les quatre explorateurs ont parfaitement intégré la notion de respect animal qui se développe de nos jours dans nos régions. C'est dans leurs tripes. Faire du mal à un animal provoque en eux un traumatisme violent et durable. Certaines scènes sont à ce titre tout à fait insupportables d'horreur, comme la pire des tortures.
Pourtant Becky Chambers met le caractère de ses personnages à l'épreuve, en particulier sur la planète Opéra où les attend une situation qui ferait craquer n'importe qui. C'est l'occasion de découvrir que, enfouies au fond de leur cerveau reptilien, les émotions « négatives » subsistent. Et ce face-à-face passe mal pour les personnages eux-mêmes.

Le style utilisé par l'auteure est agréablement commun. Ariadne, sa narratrice, parle presque comme nous. Elle est souvent amenée à décrire un élément scientifique et elle le fait à chaque fois avec un grand talent vulgarisateur qui m'a rappelé Carl Sagan (j'ai adoré les images qu'elle emploie pour expliquer la chiralité des molécules organiques). Une phrase qu'elle prononce est particulièrement évocateur : « Ainsi, pour le moment, je sacrifie l'exactitude scientifique pour que mon récit reste évocateur ». On est presque dans de l'anti Hard Science.

Becky Chambers pose aussi une question au lecteur. Est-il moral de dépenser des ressources pour découvrir les secrets de l'univers lorsque le monde autour de nous part à vau-l'eau ? Pour Ariadne la réponse est oui, c'est essentiel. C'est ce qui permet à l'humain de montrer à l'univers qu'il est capable de dépasser la simple lutte pour la vie. Mais elle laisse le lecteur se faire sa propre opinion.

Ce récit fait du bien. Tout en restant conscient de l'état du monde, il nous offre un regard sur le merveilleux de ce qui nous entoure. Il permet de reprendre son souffle.
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