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Critique de Dandine


Marlowe. Un prive qui tient beaucoup du Sam Spade de Hammett, cynique et desenchante, mais je l'ai percu plus style, et plus romantique. Oui, Chandler s'est surement inspire de Hammett. Et pas que pour son personnage central, son prive solitaire. Comme Hammett, derriere l'intrigue du roman, il peaufine surtout l'atmosphere du milieu social, y inserant discretement une critique de la societe urbaine americaine de son temps, soulevant des bouches d'egout dispersees dans les grandes avenues pour que le lecteur puisse s'impregner de leurs emanations.


Marlowe est plus raffine que le Sam Spade d'Hammett. Plus elegant dans sa mise et avec une once de plus d'humour. En fait il est une emanation du style de Chandler, plus sophistique, epure. du Hammett affine, perfectionne. Entre deux dialogues percutants, entre deux passages humoristiques, Chandler se complait a faire des citations, clins d'yeux aux lecteurs tant soit peu cultives: “– Je commençais à me dire que vous travailliez peut-être au lit, comme Marcel Proust. – Qui est-ce ? Je mis une cigarette dans ma bouche et la regardai. Elle était un peu pâle et tendue, mais elle paraissait de taille à fonctionner sous tension. – Un écrivain français, un spécialiste en dégénérés. Vous ne pouvez pas le connaître. – Tut… Tut… dis-je. Venez dans mon boudoir”. Ou encore: ”– Je parie que vous ne devinez même pas comment je suis entrée. Je pris une cigarette et la regardai d'un oeil terne. – Je parie que si. Vous êtes entrée par le trou de la serrure, comme Peter Pan. – Qui c'est ? – Oh ! un copain de bistrot”. Et j'en passe.


Et l'intrigue? Ah! L'intrigue! Complexe est le moins qu'on en puisse dire. En fait plusieurs intrigues enchevetrees. Si enchevetrees qu'a un moment, un peu apres le milieu du livre, un final parfait est suggere, satisfaisant pour tout lecteur, mais Chandler continue comme si de rien n'etait, s'embrouille et/ou nous embrouille. Si enchevetrees qu'on n'est pas sur, une fois le livre ferme, que toutes soient resolues. On raconte que quand Howard Hawks essayait d'en tirer le scenario du film qu'il a dirige en 1946, il a demande a Chandler qui en fin de compte avait tue le chauffeur assassine en debut de roman, et l'auteur, haussant les epaules, repondit que lui non plus n'en savait fichtre rien. Mais j'ai deja dit que l'intrigue, ou les intrigues, ne sont surement pas le point fort du livre. C'est le style de Chandler qui entraine le lecteur, c'est son croquis de la societe qui le convainc et c'est le personnage de Marlowe qui l'envoute.


Moi, Marlowe m'a envoute et continue de m'envouter. le Marlowe decrit par Chandler comme le Marlowe joue par Humphrey Bogart ou Robert Mitchum. Deux films classiques pour un livre classique. A lire et a voir.
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