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Critique de 1001histoires


Gallimard inaugure sa Série noire classique avec la réédition fin 2023 du «grand sommeil» un titre incontournable de Raymond Chandler ( USA 1939 ). J'avais lu la traduction de Boris Vian ( Gallimard 1948 ), une nouvelle traduction de Benoît Tadié caractérise cette réédition. Je suis honnête, je n'ai pas cherché à comparer systématiquement chaque phrase. Mes comparaisons ont été rares, « Salut » est devenu en 2023 « hello ». « Hermaphrodite » n'est pas employé en 2023 et a été remplacé par « avoir les deux sexes ». Des nuances que le lecteur ne perçoit pas s'il n'a pas la version originale sous les yeux. On peut imaginer que la traduction récente est plus proche de la version anglaise avec un supplément de modernité : « Va te faire dorer … dit-il doucement » est devenu « Va te faire ... le garçon a dit doucement ».

A l'origine de ce premier roman mettant en scène le détective privé Philip Marlowe et publié en 1939, il y a deux nouvelles ( et des extraits de quatre autres ). le lecteur retrouve la trace des deux nouvelles originelles à travers la mission confiée à Marlowe au début du roman. Il y a celle du richissime général Guy Sternwood qui souhaite mettre fin au chantage qu'il subit à cause des mauvaises fréquentations de sa fille Carmen et il y a celle que lui confie ( à demi-mot ) Vivian l'autre fille du général qui voudrait bien retrouver Rusty Regan son mari disparu. Marlowe n'a qu'un seul client, le général, et une seule rémunération ( 25 dollars par jour plus les frais, même réponse à la question de 2023 « Quels sont vos tarifs » qu'à celle de 1948 « Quels sont vos prix » ). L'affaire de chantage va le confronter à des activités clandestines ( parmi lesquelles la pornographie dont on cachait l'existence à l'époque ) aux mains de gangsters. Marlowe doit jouer des poings, des cadavres jalonnent ses filatures mais l'extraordinaire perspicacité ( rien de scientifique dans ses raisonnements mais il devine beaucoup ) du détective lui permet d'arriver rapidement à ses fins non sans avoir croisé le nom de Rusty Regan à plusieurs reprises.

Expliquer la disparition du mari de Vivian va occuper Philip Marlowe dans la seconde moitié du roman. C'est cette enquête qui est la moins claire. La fusion des deux histoires ( chantage et disparition ) aboutit à un scénario au fil conducteur souvent raccroché par le hasard et les coïncidences. Il en ressort un récit pas toujours très facile à suivre et au final pas des plus convaincants. Ma lecture a surtout été entraînée par le regard de Philip Marlowe, non seulement sur les autres personnages et la société américaine de l'époque mais aussi sur tout ce qu'il observe, aucune attitude, ni même un objet n'échappe à son regard. L.A. la grande ville est bien là aussi, comme les grosses voitures ou les doubles scotches ( ou doubles whiskies selon la traduction mais peu importe ) et la police reste passive. A la fin Marlowe parle toujours du « grand sommeil ».

Félicitations et merci aux Éditions Gallimard pour cette édition retraduite qui j'espère ne manquera pas d'attirer la curiosité de ceux qui n'ont pas encore lu Raymond Chandler un des pionniers du roman noir. Pour moi l'immense mérite de cette réédition est de m'avoir incité à relire la première enquête du détective Philip Marlowe. Il n'est jamais trop tard pour lire un polar d'autrefois .

Raymond CHANDLER – le grand sommeil . Titre original « The big sleep » USA 1939. Traduit de l'anglais par Boris Vian pour la Série Noire des Éditions Gallimard en 1948. ISBN 9782070498123 .

Éditions de novembre 2023, traduction Benoît Tadié, Gallimard Série Noire Classique.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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