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Critique de Khalil_Livres


Voici un livre dont le titre peut être interprété comme un énième point Godwin pour dénoncer le management. le contenu cependant, nous livre une analyse fort intéressante sur les origines des méthodes "agiles", "lean" et autres inepties que tout salarié connait si bien.

A travers le parcours de Reinhard Hohn, un haut dignitaire Nazi dans les années 30 et 40, Johann Chapoutot, historien spécialiste de l'Allemagne Nazie, nous décrit son travail intellectuel au sein de la SS puis sa reconversion dorée dans le milieu Universitaire et du Conseil pour les entreprises et grands industriels.

Les Nazis avaient horreur de la bureaucratie rigide, de l'obéissance aveugle à la hiérarchie et de manière générale de l'Etat fort, causes qui selon eux ont mené aux défaites et au déclin des Empires et de l'Allemagne.

ls ont ainsi promu au sein de l'armée "l'organisation par objectif". L'idée est simple: un officier se voit définir un objectif qu'il ne peut ni contester ni contribuer à élaborer, mais il dispose par contre d'une liberté entière de "moyens" afin de l'atteindre. Cette liberté étant censé déboucher sur une joie et un accroissement de motivation et d'implication dans le travail quotidien.

"Etonnante modernité nazie: l'heure n'est pas encore aux baby-foot, aux de yoga ni aux chief happiness officiers, mais le principe et l'esprit sont bien les mêmes".

L'auteur relie également cette conception à la philosophie vitaliste et à "La Liberté Germanique" revendiquées fièrement par les Nazis. Selon eux il faut promouvoir le "mouvement épousant la dynamique de la vie et de l'histoire" afin de permettre au peuple Germanique d'exploiter pleinement son potentiel dans un esprit de Darwinisme social.

Après la guerre, les intellectuels nazis, dispensant désormais leur savoir dans les écoles de mangement et autres séminaires, continueront à prôner le même discours (l'obsession de la race et l'antisémitisme en moins): célébration de l'élasticité, de l'initiative créatrice et du bien-être au travail.

La suite, on la connait bien: "les méthodes de mangement par objectifs reposent sur un mensonge fondamental et fait dévier l'employé d'une liberté promise vers une aliénation certaine, pour le plus grand confort de la direction qui ne porte plus elle seule la responsabilité de l'échec potentiel ou effectif".

"Ne jamais penser les fins, être cantonné au seul calcul des moyens est constitutif d'une aliénation dont on connait les symptômes psychosociaux: anxiété, épuisement, burn out et démission intérieure..."

Un livre d'actualité pour comprendre les fondement de ce management déshumanisant qui sous couvert d'émancipation et de bienveillance finit par rétrograder l'homme au rang de ressource (in)humaine.
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