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Critique de Ogrimoire


Ce livre est, vous l'aurez compris, difficile à décrire. En revanche, il est très facile de dire ce que j'en ai pensé, parce que c'est un très beau livre. Très facile à lire, mais de ces livres qui ne vous laissent pas exactement comme vous étiez avant.

Et c'est, en réalité, la seule chose qui compte, non ? Quelles qu'en soient les raisons, si un livre vous change, c'est qu'il est réussi.

Je n'ai pas lu ö vous, frères humains, d'Albert Cohen, dont, probablement, le titre est inspiré. Je ne vais donc pas en faire une critique littéraire. Cela tombe bien, cela n'est de toute façon pas notre ambition, sur ce blog. Par contre, ce que nous voulons partager, ce sont les livres qui nous touchent.

Et celui-ci est du nombre ! À chaque page, pratiquement – ce qui, dans un livre qui compte 40 portraits, n'est pas si évident que cela -, j'ai retrouvé la vie. La colère, qui en général est surtout de la colère contre soi-même, mais que l'on tourne contre les autres pour essayer de s'en débarrasser… et qui éclate parce que, sans le savoir, quelqu'un à touché un point sensible. L'amour et son possible corollaire, sa fin. L'incompréhension, lorsque, dans une conversation, les rôles des uns et des autres empêchent de se dire, permettant aux quiproquos de s'amonceler. La jalousie, d'autant plus forte que l'on s'aime – la mère et sa fille, les amies d'enfance -… Et puis des histoires plus graves – le vol d'enfants en Argentine sous la junte, l'excision, les attentats, le viol… -, plus violentes, qui interrogent sur l'humanité.

Tous les personnages principaux sont féminins, et les hommes n'ont pas toujours le beau rôle (violeurs, voleurs, traîtres, adultères, pour l'essentiel). Pourtant, je ne dirais pas qu'il s'agit d'un livre sur les femmes, parce qu'il me semble être plus universel que cela.

Un des portraits les plus violents, pour moi, c'est celui où cette future maman, débordante d'amour pour sa fille à naître, se retrouve, après l'accouchement, vide. le lien ne se fait pas, et ce qu'elle attendait comme quelque chose de merveilleux tourne à la souffrance. Elle aimait cette vie en elle, elle ne parvient pas à aimer cette vie hors d'elle. Et l'amour tourne à la haine. En 22 lignes, c'est toute la complexité de cette relation qui nous explose à la figure. Complexité encore accrue par le diktat social qui fait de l'amour maternel une norme, un incontournable. Et si… ?

Alors, faut-il lire ce livre ? Oui. Et pourquoi ? Parce que tout est juste dans ce livre. Il dit simplement, mais d'une très belle plume, la vie, sa beauté et sa dureté.
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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