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EAN : 9782889440399
125 pages
Slatkine et Cie (24/08/2017)
3.7/5   27 notes
Résumé :
Des femmes, rien que des femmes, dépeintes dans toute l’étendue de leur beauté, de leur singularité, de leur désir, de leur jalousie, de leur colère… voilà cette féminité presque universelle que nous raconte Mélanie Chappuis. Qu’elle nous décrit jusque dans les moindres détails, mettant sa plume acérée, parfois légère, parfois militante, parfois cynique au service de celles qu’elle appelle volontiers ses sœurs.

Ce petit bonbon littéraire à la fois dou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est, vous l'aurez compris, difficile à décrire. En revanche, il est très facile de dire ce que j'en ai pensé, parce que c'est un très beau livre. Très facile à lire, mais de ces livres qui ne vous laissent pas exactement comme vous étiez avant.

Et c'est, en réalité, la seule chose qui compte, non ? Quelles qu'en soient les raisons, si un livre vous change, c'est qu'il est réussi.

Je n'ai pas lu ö vous, frères humains, d'Albert Cohen, dont, probablement, le titre est inspiré. Je ne vais donc pas en faire une critique littéraire. Cela tombe bien, cela n'est de toute façon pas notre ambition, sur ce blog. Par contre, ce que nous voulons partager, ce sont les livres qui nous touchent.

Et celui-ci est du nombre ! À chaque page, pratiquement – ce qui, dans un livre qui compte 40 portraits, n'est pas si évident que cela -, j'ai retrouvé la vie. La colère, qui en général est surtout de la colère contre soi-même, mais que l'on tourne contre les autres pour essayer de s'en débarrasser… et qui éclate parce que, sans le savoir, quelqu'un à touché un point sensible. L'amour et son possible corollaire, sa fin. L'incompréhension, lorsque, dans une conversation, les rôles des uns et des autres empêchent de se dire, permettant aux quiproquos de s'amonceler. La jalousie, d'autant plus forte que l'on s'aime – la mère et sa fille, les amies d'enfance -… Et puis des histoires plus graves – le vol d'enfants en Argentine sous la junte, l'excision, les attentats, le viol… -, plus violentes, qui interrogent sur l'humanité.

Tous les personnages principaux sont féminins, et les hommes n'ont pas toujours le beau rôle (violeurs, voleurs, traîtres, adultères, pour l'essentiel). Pourtant, je ne dirais pas qu'il s'agit d'un livre sur les femmes, parce qu'il me semble être plus universel que cela.

Un des portraits les plus violents, pour moi, c'est celui où cette future maman, débordante d'amour pour sa fille à naître, se retrouve, après l'accouchement, vide. le lien ne se fait pas, et ce qu'elle attendait comme quelque chose de merveilleux tourne à la souffrance. Elle aimait cette vie en elle, elle ne parvient pas à aimer cette vie hors d'elle. Et l'amour tourne à la haine. En 22 lignes, c'est toute la complexité de cette relation qui nous explose à la figure. Complexité encore accrue par le diktat social qui fait de l'amour maternel une norme, un incontournable. Et si… ?

Alors, faut-il lire ce livre ? Oui. Et pourquoi ? Parce que tout est juste dans ce livre. Il dit simplement, mais d'une très belle plume, la vie, sa beauté et sa dureté.
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Voici le livre que l'on a envie d'offrir à toutes ses copines, peut-être même à toutes les femmes de notre entourage. Celles que l'on aime, celles que l'on jalouse, celles que l'on admire ou que l'on déteste, toutes celles qui font partie de cette étrange sororité de la féminité. Dans ces textes courts, entre fragments et nouvelles, Mélanie Chappuis saisit avec une acuité de photographe les courts instants d'échanges, de relation, de connivence ou de rejet entre deux spécimens féminins. Je défie quiconque de ne pas reconnaître au détour d'une page un fragment de sa propre vie. Et de ne pas en sourire.

Rivalités, Solidarités, Dualités, Complicités, Fidélités et Vanités sont les six intitulés des parties qui structurent ce recueil et finissent pas dessiner le portrait de ce qu'on pourrait être tenté d'appeler "la féminitude". A travers des attitudes, des situations, des confrontations, quelque chose d'invisible et d'insaisissable semble relier toutes ces femmes quels que soient leur âge, leur pays, le contexte dans lequel elles vivent. Et chacun de ces textes est absolument criant de vérité.

Il y a cette scène dans le métro décrite en une quinzaine de lignes, un enfant et sa mère qui attrapent le métro au vol, la connivence quasi immédiate qui se crée entre cette mère et deux autres femmes du wagon autour du petit garçon. Elles sont si différentes mais "L'espace d'un instant, elles ont été les mères du même petit garçon". Il y a cet entretien plus vrai que nature entre une cadre expérimentée et une toute jeune recrue où se mêlent de façon fugace tous les sentiments qui peuvent habiter une femme qui sait mais qui se révèle nostalgique du temps où elle ne savait pas. Il y a la promesse d'une amitié à laquelle une femme trop méfiante, qui a essuyé trop de déceptions va peut-être céder, pour une fois... "Elle a peur de l'amitié. Elle préfère le bouclier de la solitude. Et pourtant, elle a besoin de cette femme, qui lui rappelle la beauté, la douceur. Elle a besoin de la pureté qui se dégage de leurs regards. Cette femme est un encouragement, une joie. Elle est la possibilité d'une amitié. Une hypothèse. Elle n'ira pas vérifier". Il y a encore cette scène incroyable dans le restaurant d'un hôtel de luxe, le parallèle entre deux couples aux origines et aux vies totalement opposées et ce regard échangé, quelques secondes de pure connivence entre les deux femmes esclaves des mêmes contraintes par-delà les apparences.

Ces moments de vie, ces scènes du quotidien, ces pensées parasites sont superbement captés par Mélanie Chappuis et surtout incroyablement restituées. Car le texte court est un exercice compliqué, il faut avoir le mot juste et le sens de la mise en scène, la plume aiguisée et le regard vif. Tout ceci est parfaitement réussi et l'on se délecte de ces petits textes savoureux que l'on peut choisir de picorer à la terrasse d'un café en regardant les femmes passer ou de lire d'une traite. On peut aussi choisir de le prêter à son homme pour voir l'effet que ça lui fait. On peut le lire comme on veut, le tout, c'est de le lire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ô toi, qui lis cette chronique. Toi qui es femme, fille, mère, grand-mère, amie, ennemie. Ou fiancé, mari, fils, pote, mec - ou que sais-je encore. (Je n'ai pas réussi à me résoudre à demander à Google comment disent les jeunes de maintenant, alors j'ai utilisé des expressions de jeunes-vieux. (Ou de vieux-jeunes, je ne sais plus. Bref.)) Sache que ce #livre 📖 est un magnifique hommage à la féminité dans toute sa splendeur, son élégance - et sa complexité. Un bien bel objet empli de vérités, parfois assassines, parfois cinglantes, parfois pleines d'espoir.

Car en grande observatrice du monde - l'auteure est également journaliste, Mélanie Chappuis dresse le portrait de femmes d'ici et d'ailleurs, de maintenant et d'avant. de très courtes nouvelles, façon instantanés, clic-clac-émotion-on-passe-à-autre-chose, où se confrontent les points de vue, les époques, les ressentis. Pas le temps de (trop) s'attendrir. Pas le temps non plus d'être (trop) mal à l'aise. Classées en catégories (rivalités, solidarités, dualités, complicités, fidélités, vanités), ces tranches de vie bouleversent, dans tous les sens du terme. Elles bouleversent car elles sont réelles. Les histoires sont imaginées, mais racontent le vécu - les situations sont familières, les comportements aussi. Alors parfois, on se prend en pleine face la vérité toute nue… Et l'on passe des yeux qui brillent face à la beauté de l'amitié, aux poils qui se dressent face au poison de l'adversité. La joie se mêle à l'effroi.

Mais l'auteure ne s'attarde pas, enchaîne les phrases courtes comme mon fils les Tagada, ne prend pas de gants ou alors des gants de boxe pour écrire l'intime, pour se glisser dans la tête de votre voisine, de votre copine, et décrire à coup de phrases percutantes les dessous pas toujours très glorieux de la pensée féminine. Mais la beauté est là, à chaque page, à chaque ligne, quoi qu'il en soit, malgré tout. Ô Vous, Soeurs humaines, s'adressent à toutes les femmes, à tous les hommes. Pour peu qu'ils aient l'esprit ouvert et le coeur accroché.
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Dans ce petit livre tout fin, quarante « mini-nouvelles » (d'une à quatre pages) présentent une scène, une réflexion ou un dialogue. Elles débutent par une partie sur les Rivalités, ce sont donc les bassesses de l'âme humaine que l'auteure nous donne à voir, avec des sentiments peu charitables et un rapport à la moralité discutable. Au contraire, les parties consacrées aux Solidarités, Complicités et Fidélités comprennent des nouvelles touchantes et parfois très tendres.
Six parties se succèdent ainsi, pour développer des émotions et des problématiques tour à tour choc, admirables, actuelles, perfides ou tristement réalistes.

Elles n'auront donc pas toutes le même effet sur chaque lecteur.
Celles qui me marqueront seront : la complicité d'un instant entre deux mamans bien différentes, l'épouse et la maîtresse qui se décident chacune de devenir amie avec l'autre pour mieux garder le même homme, la mère afghane qui encourage sa fille à l'accompagner en vélo au marché, le viol filmé par une amie tétanisée et l'enfant revenant de chez sa mère pleine de poux, l'occasion pour la belle-mère d'un moment privilégié avec sa belle-fille autour de soins anti-poux.

Une écriture simple, une grande finesse psychologique et une belle diversité : je suis ravie d'avoir passé un petit moment auprès de mes soeurs humaines !
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Ô vous, soeurs humaines nous délivre des portraits, scènes, brides de vies de femmes. Femmes attachantes, désagréables, intrigantes… Autant de regards positifs que négatifs, élogieux que rebutants, et qui nous livrent une vision universelle des relations humaines (ici, entre des femmes) par le biais de six thèmes : rivalités, solidarités, dualités, complicités, fidélités et vanités. Six thèmes bien connus et que nous rencontrons dans la vie de tous les jours. Six thèmes que Mélanie Chappuis illustre à merveille par l'écriture !

Alors que certaines figures féminines (et notamment leurs choix et visions face à la vie) m'ont rebutée, j'ai été particulièrement touchée par la partie « complicités » et son thème sur la relation mère/fille (ex: la nouvelle 4, à laquelle je dois le titre de cette chronique). En effet, chaque lecteur / lectrice peut facilement s'attacher à une figure ou à un thème lors de cette lecture (et pourrait même s'y retrouver). Puisque pour dépeindre ces femmes aux différents caractères et faire ressentir aux lecteurs de la sympathie ou de l'empathie envers elles, l'autrice utilise une écriture minutieuse, fragile et attentive aux détails !

Ô vous, soeurs humaines nous donne donc à voir l'ensemble d'une réalité brute et universelle, ainsi que ses côtés positifs et négatifs. À découvrir !



*Petit plus : J'aime particulièrement le tableau choisi pour la quatrième de couverture (Aha Oe Feii, Eh quoi, tu es jalouse ? de Paul Gauguin ) qui entre en parfaite adéquation avec le thème global du livre en représentant deux femmes en pleine discussion mais aussi en faisant ressortir, de par son titre, un des sentiments présents dans le livre : la jalousie !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle les accueille alors qu’ils débarquent. Ils se ruent sur les habits secs, cherchent leur taille, se changent en tremblant, enfilent tout ce qu’ils peuvent. Hagards, ils semblent se demander quelle sera la prochaine épreuve. Aucun n’a dans les yeux la lueur des recommencements. Ils savent qu’il est loin le temps de la renaissance, ils savent que les lendemains qui chantent sont de la poudre aux yeux. Ils ont mis une mer entre eux et leur malheur mais ils pressentent la dureté des étapes à venir. Leur redonner des forces, vite, avant qu’ils n’aient plus le courage de continuer. Ça commence par un café chaud, une soupe, un endroit où s’allonger. Vient ensuite la possibilité d’un échange. Des regards, des sourires, des remerciements qui lui donnent des forces quand elle se sent fléchir.
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- Tu es belle ce soir, profites-en, ça passe vite. Et que ça ne te monte pas trop à la tête... Moi, à ton âge, j'étais encore plus jolie que toi.
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Aujourd’hui, la mère a décidé que l’égalité passait par le vélo. Le plaisir de pédaler en jeans, de tenir un guidon, de sentir que c’est à elle qu’incombe le choix de tourner à droite, à gauche, c’est elle qui édicte les règles et dirige sa vie jusqu’au marché de ce quartier d’Islamabad.
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Qui sauve une vie sauve l'humanité entière. Elle s'accrochera jusqu'à ce que cette femme tienne sur ses jambes. Jusqu'à ce que son regard se teinte d'espoir et dise l'envie d'en découdre
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-C'est triste, tu as remarqué? Les hommes ne nous regardent plus.
-Ouais, c'est n'importe quoi, ces histoires de cougars.
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Videos de Mélanie Chappuis (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mélanie Chappuis
Salon du livre romand 2016, Mélanie Chappuis nous lit un extrait de son dernier livre, "Un thé avec mes chères fantômes".
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