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Critique de Pasoa


C'est toujours pour moi un sentiment singulier que de retrouver l'écriture de René Char, un sentiment d'attachement qui me relie d'emblée à des saisons passées, à la beauté du Lubéron, à l'éclat lumineux de ses paysages. La générosité de ses senteurs, de ses couleurs, celles des terres arides et du Mont-Ventoux battus par la Tramontane et adoucies par le cours de la Sorgue, tout un arrière-pays d'origine à l'oeuvre dans la poésie de René Char.

Dans "Les Matinaux" et "La Parole en archipel" (édités respectivement et pour la première fois en 1950 et en 1962), c'est toujours la même et saisissante impression, celle d'un monde en dislocation, désagrégé, mais dans lequel se meut la recherche d'une unité, d'une humanité, d'une générosité à préserver. le poème devient comme une parole adressée à tout homme.

"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront." *
Toute vérité est personnelle, intime et impérieuse. Elle confond l'homme et le récit de son histoire. La poésie de René Char ne transige pas, elle est, en quelque sorte, à prendre ou à laisser. le combat (le poète fut très engagé dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale) du Verbe mène à une prise de conscience, à une lutte intérieure, à l'usage d'un don particulier, celui de reconnaître la beauté, partout où elle se loge, au plus proche de nous-mêmes, au plus près de notre regard.
"Ne cherche pas les limites de la mer. Tu les détiens. Elles te sont offertes au même instant que ta vie évaporée. le sentiment comme tu sais, est enfant de la matière ; il est son regard admirablement nuancé." **

Poèmes en prose et en vers, nombreux aphorismes composent ce très beau recueil à l'harmonie et aux résonances très singulières. Entre les pages, entre les lignes des textes, se créé un enchantement « étrange et familier », celui qui va des yeux vers le coeur, tel un éclair de chaleur qui traverse la nuit d'été.


(*) extrait de "Joue et dors" - p. 75
(**) extrait de "Le Rempart de brindilles" / "Poèmes des deux années" - p.119
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