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Critique de Gabylarvaire


Des bonbons, du miel, des grossophobes, du sang et du caca.

Et un petit hommage à notre pote Candyman. Alors pour ceux qui ne connaissent pas Candyman, c'est un peu le Bloody Mary du HLM. D'abord personnage d'une Nouvelle de Clive Barker, Bernard Rose fera de Candyman le symbole de la souffrance des afro-américains. Fils d'ancien esclave, torturé et assassiné pour être tombé amoureux d'une blanche, Daniel Robitaille deviendra dans la mort, la représentation du Mal, celui qui hantera la ville où il a subi l'arbitraire outrage. Devenant ainsi l'incarnation de toutes les injustices éprouvées par les noirs sur plusieurs décennies (surtout avec la suite réalisée par Nia DaCosta et produit par l'incroyable Jordan Peele).

Mais ici, est-ce que Violaine de Charnage fait de sa Danielle le symbole de la souffrance des femmes adipeuses ?
Je n'en suis pas certaine.
Bien que la grossophobie soit le thème principale, je n'ai pas eu l'impression que la Nouvelle n'avait que pour volonté de s'insurger contre ceux et celles qui oppriment les êtres à la surcharge pondérale excessive. Car si Dani meurt de manière violente, ce n'est pas à cause de son poids mais parce qu'elle s'est faite percutée par un camion, pendant qu'elle poursuivait des petits morveux voleurs de bonbons. Mourir violemment parce que des petits cons dérobent des confiseries ? Moi aussi j'aurais grave la haine.
On pourrait se dire, mais pourquoi a-t-elle pris ce risque de courir pour des bonbons volés ? Sérieux, bizarre comme combat de vie ?
Mais, parce que Dani les fabrique elle-même ses bonbons. Elle y met du coeur et du temps. Ce n'est alors plus une question d'argent, mais une question de principe.
Là où le roman bascule dans la blague, c'est lorsque les gamins, des années plus tard, décident d'appeler Candygirl (la meuf dont ils sont responsables du décès quand même ! Donc ils n'ont vraiment aucun respect. Laissez-là en paix sérieusement). Parce qu'appeler Bloody Mary c'est vraiment trop flippant, ils décident d'invoquer la nénette dont ils sont plus ou moins responsables de la mort (le conducteur du camion aurait pu percuter un des enfants. Il roulait beaucoup trop vite. Pour moi, il est seul responsable mais c'est une question de point de vue). Disons que les mômes devraient au moins se sentir assez coupables pour lui foutre la paix dans la mort!!! Bref, ses imbéciles, invoquent donc Candygirl qui va revenir plus fumante que jamais et obtenir sa revanche de manière très créative.
Et c'est là, que cela devient très très intéressant, n'oublions pas que Candygirl est une artiste culinaire et qu'elle a de la matière à trouver de bonnes idées pour se venger… Et tout le passage avec Lola m'a pris aux tripes entre la nausée et l'éclat de rire : preuve que c'est bien écrit.

Il est clair que la Nouvelle passe beaucoup de temps sur l'embonpoint et la bouffe (problèmes sociaux, problèmes avec la nourriture, la description de sa mort, la description de son enterrement, puis le personnage d'Hélène qui souffre également, l'évocation du harcèlement lié à la différence). Mais si Violaine de Charnage voulait faire de son personnage le symbole de la souffrance des femmes en surpoids, je pense que Dani aurait dû alors se faire assassiner à cause de son poids. Car Candyman s'est fait assassiner parce qu'il était noir. Or Dani n'a juste pas eu de chance. le camion aurait pu percuter un des enfants. D'autre part, on pourrait même remplacer Dani par une femme qui souffre d'une autre différence physique (une femme trop grande, avec un acné excessif, etc...), on pourrait écrire la même histoire. Il suffirait de modifier quelques détails. Car au final, n'est-ce pas le harcèlement scolaire et la solitude ne pas rentrer dans le conformiste moule à bonbon le vrai sujet?
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