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Critique de Jackylebook


Je rédige cette chronique en écoutant la magnifique voix de Lana del Rey sur une ballade envoûtante et repense au texte, lumineux, grisant, de Marie Charrel dans son roman « la fille de Lake Placid ».
Comment vais-je pouvoir résumer la complexité de la personnalité de cette chanteuse avec mon pauvre vocabulaire ?

Ce roman, c'est aussi la rencontre de Lana avec Joan Baez, l'icône folk, deux femmes amoureuses de la nature, éprises de liberté mais désenchantées face au chaos et la folie de notre monde et du rêve américain déchu.

1996, Lake Placid, la petite Elizabeth Grant se sent recluse dans cette petite ville bourgeoise. Elle aime fuir dans la forêt avoisinante : « Dès qu'elle le peut, elle gagne les tourbières, teste jusqu'où ses pieds s'enfoncent dans la fange spongieuse. Elle s'allonge sous un orme et se concentre sur l'odeur puissante de la terre humide, le chant des parulines masquées, la dispute des corneilles et, au loin, la rumeur de la circulation automobile rappelant que les hommes sont partout. Elle laisse la forêt entrer en elle pour y dissiper son angoisse » où elle retrouve son ami Parker. Au retour d'une de leurs escapades, ils feront l'étrange rencontre d'une femme dévêtue, la bouche barbouillée de rouge, la peau diaphane, cadavérique qui d'une voix plaintive s'interroge why are we here? why are we here? Cette vision de la femme écarlate la hantera à tout jamais. N'est ce pas le monstre des villes qu'elle cherche à fuir ?

Son entourage lui reconnait des dons pour le chant et elle aime se réfugier dans la poésie. Elle passe une adolescence compliquée, un peu trash, s'adonne de plus en plus à la boisson pour trouver l'inspiration. Cette addiction découverte l'éloignera de Lake Placid. Etudes à la Kent School, petits boulots, Elizabeth-Lizzy est hébergé par son oncle Mike qui l'oriente sur des lieux mythiques de concerts de son enfance et renforce son idée de faire carrière.

Lizzy devient bientôt Lana del Rey, mais quel parcours tortueux, il faut qu'elle fasse preuve d'une grande résilience et passe outre les critiques des réseaux sociaux. Son physique agréable et ses lèvres pulpeuses la desservent, elle est cataloguée comme bimbo, femme superficielle. Mais, bientôt, la profondeur de ses textes, ses mélodies nostalgiques prendront le pas sur son allure sexy.

2019 : Lana enfin reconnue, cherche à rencontrer son idole, la charismatique Joan Baez. Celle-ci, presque octogénaire, vit retirée dans son ranch californien, loin des engagements et des luttes de sa jeunesse et ne se consacre, désormais, qu'à la peinture. La première demande de Lana de se produire en duo avec elle pour interpréter le fameux succès de Joan « Diamonds and rust » se solde par un échec. Mais sur l'insistance de ses petits-enfants Gabriel et surtout Jasmine, inconditionnelle de Lana, les deux femmes se retrouvent sur scène et nait une complicité entre-elles basée sur des valeurs communes. Joan lui propose, même, de poser pour un portait, troublée par sa timidité, ses fêlures, les émotions que cette jeune femme a fait ressurgir, cette fougue joyeuse, exaltation relevant de la pure joie enfantine.

Je termine en dégustant le fameux « Diamonds and rust ».

Je vous engage à redécouvrir la discographie de ces deux grandes dames aux voix fabuleuses et pour les plus courageux à lire la traduction des paroles de leurs chansons que mon anglais scolaire n'avait fait qu'effleurer. Bien sûr, je vous conseille la lecture de ce roman solaire, limpide, cristallin de Marie Charrel.

Merci aux Editions Les Pérégrines pour ce moment de rêve.
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