Citations sur Mariage en douce (16)
J'en implore dans une lettre : pardonne moi si tu peux, romain, par la souffrance que je t'ai infligée. je n'ignore pas que c'est plus facile à dire qu'à faire.Gary repète comme un mantra : nous sommes trop proches pour qu'un divorce puisse nous séparer. ils n'avaient pas eu le temps de se préoccuper l'un de l'autre: le dénouement était inéluctable, mais la dissolution du régime matrimonial était une issue trop banale pour eux.
Ensemble, ils avaient tant travaillé à sculpter leur couple en œuvre; pourquoi ce mariage pareil à une esquive- Jean et Romain, deux clandestins dans le maquis ? (p. 12)
« Personne n'avait rien su de ce mariage en douce. Le monde entier avait raté l'union de La promesse de l'aube et d'À bout de souffle. Il aurait dû faire la « une » de tous les magazines, de Life à Paris-Match, de Jours de France à Vogue, et même du Harper's Bazaar, mais aucun photographe n'avait saisi de cliché de la fête, aucun témoin n'avait raconté les noces de ces deux mythes. L'actrice et le romancier, un duo de légende, et pourtant aucun récit, aucune trace. Le crime était presque parfait. »
Le monde entier avait raté l'union de La Promesse de l'aube et d'A bout de souffle. Il aurait dû faire la "une" de tous les magazines, de Life à Paris Match, de Jours de France à Vogue, et même du Harper's Bazaar, mais aucun photographe n'avait saisi de cliché de la fête, aucun témoin n'avait raconté les noces de ces deux mythes. L'actrice et le romancier, un duo de légende, et pourtant aucun récit, aucune trace. Personne n'avait rien su de ce mariage en douce
Quel effet cela fait-il de se sentir passionnément aimée ? demande l’ambassadeur à Erika von Leyden dans Europa, le roman que Gary publie dix ans après son mariage.(…)
« Une certaine tristesse à l’idée que je suis seulement en train de rêver ».
Deux infirmes de la vie qui se pensaient indispensables l'un à l'autre, c'était l'une des faces secrètes, mais magnifique, de leur amour. (p. 135)
« En un printemps, Jean est élue Américaine préférée des françaises. Les étudiantes chantonnent « New York Herald Tribune ! » comme Patricia sur les champs Élysées, si du moins elles ont pu voir le film, interdit aux moins de dix-huit ans. On traverse les rues en dansant sur les passages cloutés, d'un pied sur l'autre, comme la petite pigiste vendeuse de journaux. Les filles s'habillent chez Prisunic, oublient leur soutien-gorge et volent l'accent et les fautes de français de Jean : « Qu'est-ce qu'il a dit ? - Il a dit Vous êtes vraiment dégueulasse. - Qu'est-ce que c'est dégueulasse? »
L’amour est une dévoration mais lui seul donne un sens à la vie : dans une France giscardienne désormais privée de De Gaulle, où les couples commençaient à voler en éclats, il restait l’ultime aventure de Gary.
J'ai toujours un faible pour les âmes errantes vouées aux passions barzingues . Dans le couple, c'est elle qui m'intriguait. La blonde. L'ardente, l'amoureuse, l'idéaliste. La pin-up. La fêlée. (p. 11)
Pourquoi, à la lecture du gros registre ouvert sur la table de la salle des mariages, cette mise à nu administrative m'émeut tant ? Romain, Jean, un juif, une "mauvaise" Américaine, deux exilés de l'intérieur qui se marient dans les montagnes corses. Deux voyageurs cosmopolites, au sens donné par Valéry Larbaud à ce joli mot lessivé depuis par les antisémites et les xénophobes. (p. 108)