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Critique de Jiby


Étrange constitution que celle de ce livre.

Il fait 380 pages mais plus de 200 pages sont en fait des documents d'archives placés en annexe. La plupart n'apporte pas un grand intérêt au lecteur standard. On peut supposer que le lecteur averti ou expert pourra s'y intéresser toutefois.



Le coeur du livre (les 150 premières pages) est composé de 8 parties écrites par des auteurs variés.

- La première est une chronologie des évènements historiques ayant cherché à fixer l'écrit de la langue française, mais surtout une chronologie de l'apparition des différents types de dictionnaire... Cela permet d'avoir une vue générale, mais rien de très passionnant à mon gout...


- La deuxième prétend aborder la langue française par les cartes, il n'en ressort rien ou pas grand chose puisque les cartes en question sont mal légendées et totalement inexploitées.


- La troisième partie aborde les deux plus anciens textes en langue française mais elle se contente d'aborder leur aspect historique sans aborder le sujet de la langue française à proprement-parler.


- La quatrième partie est une approche étymologique de la langue française...ah enfin, on est dans le sujet ! Ce passage est sans doute le moins hors-sujet du livre mais il ne fait qu'une trentaine de pages et il a tendance à être ennuyeux comme quelque chose d'exhaustif, sans pour autant l'être.


- La cinquième partie est une petite histoire de l'orthographe française. En y ajoutant le texte officiel de la réforme de l'orthographe de 1990 (en annexe), j'ai trouvé finalement cette partie la plus convaincante.

Ce n'était probablement pas l'intention première des auteurs, mais ce livre, et ce passage en particulier, m'ont en effet convaincu que notre langue est totalement illogique, voire bordélique et même son histoire étymologique ne permet de justifier ce fatras d'exceptions, puis d'exceptions aux exceptions.

Elle est, à mon humble avis, à l'image de notre mentalité française: "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?" et totalement dans la même logique que la logique administrative labyrinthique. Je pense que cet état d'esprit pénalise la France sur le plan international.

Que d'énergie dépensée à apprendre à écrire cette langue dans notre enfance, parce qu'elle est si mal pensée ou plutôt qu'on veut absolument y laisser les traces de son histoire, alors même qu'elle n'est que peu connue parce que peu expliquée. Que d'énergie qui ne sera pas consacrée à des choses plus utiles selon moi : les sciences, les arts, etc.

Il est donc temps de mettre en place une vraie réforme de l'orthographe en profondeur et de la faire appliquer !

Etant parent d'un enfant de CP, je me rends compte des paradoxes et contradictions incessantes de notre langue française qui en font pour moi une langue si laide ! Je ne parle pas de ses sonorités mais uniquement de son écriture. Je sais que mes propos sont à contrecourant des chauviniste et intégristes...

Ce livre nous fait percevoir les enjeux. Les adultes ont eu tellement de difficultés à apprendre leur langue, qu'ils ne veulent pas qu'on la simplifie pour leurs enfants car cela impliquerait qu'ils réapprennent eux mêmes les nouvelles règles. C'est pourquoi, les réformes de l'orthographe définissent de nouvelles règles mais en tolérant les anciennes. Les adultes qui n'appliquent pas les nouvelles règles doivent donc bien comprendre que ce sont eux qui font des fautes, et non leurs enfants qui appliquent les nouvelles règles.
On découvre que depuis la réforme intelligente mais peu ambitieuse de 1990, beaucoup d'enfants écrivent de la bonne façon leur langue, mais des adultes (parents et enseignants) les corrigent pour leur faire appliquer l'ancien orthographe qui n'est plus la bonne même si elle est tolérée.

On explique aux enfants qu'ils sont trop logiques et que leur façon d'écrire n'est donc pas la bonne ! Quelle horreur ! Et de revoir le père Pivot et sa dictée ridicule... Il n'a pas mesuré toute sa nuisance... Je le dis comme un coup de gueule car on entend tellement, dans le discours autorisé, le contraire !


- La sixième partie aborde la naissance des dictionnaires. Partie assez ennuyeuse je trouve mais qui pourra intéresser certains passionnés d'histoire peut-être. Elle prolonge la première partie sur la chronologie des dictionnaires.


- La septième partie s'intitule "la naissance des monuments lexicographiques": c'est en fait un prolongement de la 1e et la 6e partie... C'est encore l'histoire des dictionnaires et des encyclopédies, d'avantage que celle de la langue. Pour moi, on est toujours dans le hors sujet.


- La huitième partie aborde la notion de néologie et d'archaïsme...Partie très courte mais on ne souhaitait pas forcément qu'elle soit plus longue.



En bref, ce livre est, pour moi, un échec car il contient beaucoup de documents illisibles pour un profane et beaucoup de hors-sujet. Toutefois, il a le mérite de faire ressortir à quel point notre langue est difficile, ce qui la rend belle aux yeux des masochistes mais pas des miens. Il en ressort qu'une vraie réforme de simplification est indispensable, même si elle est forcément difficile pour les adultes qui ont déjà appris les anciennes formes.

Beaucoup diront qu'il est normal de fournir tant d'efforts pour apprendre à écrire correctement le français. C'est entendu. Qu'ils s'appliquent les efforts à eux-mêmes en acceptant de réapprendre la langue avec ses nouvelles règles !

La simplification de la langue ne réduira en rien sa richesse mais permettra de la rendre accessible au plus grand nombre. On cessera de juger les gens sur la qualité de leur orthographe et davantage sur le sens de leurs propos !
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