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Critique de vincentf


Densité des sens, des sensations, des sentiments, couleurs, violences et illusoires apaisements, l'art de Chessex à son sommet. L'homme, maître Mange, cherche la plénitude. Il s'y perd. Il veut dévoiler. Il replonge dans le mystère. Il veut voir. Sa fille se suicide. Déchéance banale et sublime recherche. Ce qui frappe dans ce roman, court, c'est son intensité. le lecteur et le personnage (semblables, frères) sont assaillis par le monde, la beauté dans sa radicalité la plus absolue, en pleine poire, le sexe ouvert de Dieu, et la peinture ardente de la nature. Se perdre dans le corps d'une femme pour y chercher la vie et y trouver, bien sûr, la mort, le remord du suicide de celle qu'on aurait dû aimer, la dégringolade sociale, la solitude, le mal. L'ambivalence féconde le livre. le sublime engendre le grotesque ; l'amour le plus pur, le plus attendrissant, la complicité de Mange et de Monna, sort des ordures, y retourne. Vulgarité des jambes écartées sur une table, du sexe fouillé par une lampe de poche et renoncement monastique au monde, sacrifice, contemplation. L'homme (Mange, c'est l'homme) se libère du monde, mais la mécanique, à côté, continue, broie ; Mange est exclu de la Loge, de l'Ordre du barreau, de son parti politique, il devient une bête assoiffée d'un amour dont on devine qu'il va, tôt ou tard, lui échapper, une fois que tout le reste est perdu, mais, ça se retourne encore (je pense au Roi des Aulnes de Tournier) et la chute, le fruit défendu avalé, le trognon entre les mains, l'ardent royaume violé, font naître un homme nouveau, coupable mais beau. Texte profondément religieux donc, chrétien, gothique qui, après un jugement dernier de pacotille, se termine à son point de départ, le jardin, désormais vidé de ce qui lui donnait sens, Béatrice, morte, que Mange n'a pas retrouvée en Monna. Il ne fallait pas tenter d'élucider le mystère. Il le fallait.
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