AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PatrickCasimir


Je viens de découvrir qui était J K Chesterton. Un écrivain polyvalent britannique de premier plan à cheval entre le dernier quart du XIXème S. et le premier tiers du XXème S.

La lecture de ce petit livre en forme de thriller m'a incité à mieux connaître sa prose et son humour en commandant deux autres de ses oeuvres sur AMAZON. Tant pis si certains trouvent ma pub "amazonienne" déplacée.

Or donc, ce conte en forme d'enquête policière, m'a, dans un premier temps, rappelé le style de Wilkie Collins - un autre écrivain britannique victorien - (1824-1889) avec son roman Pierre de lune.

Des babéliens ont bien résumé l'histoire, le squirre Vane qui est un gentleman respecté (peut-être craint), en son domaine situé sur la côte des Cornouailles, n'accorde aucun crédit aux superstitions des petites gens du village, ou de sa maison (son jardinier, son bûcheron...)

Superstitions selon lesquelles des arbres exotiques dits de paon, déjà entourés d'une légende de mort lors de leur arrivée il y a fort longtemps par bateau pour y être acclimatés dans les bois qui feront partie du domaine du squirre, et de sa fierté, causent maux et morts dans le village.

Pour apporter la preuve à ses hôtes que tout ceci n'est que billevesée, le S. Vane s'engouffre un soir dans les bois, en manière de défi ; mais il ne reparaît pas.

Sa disparition, à la longue, inquiète et provoque une enquête de ses hôtes dans ces bois mystérieux où l'on découvre un puits duquel l'on remonte l'arme supposée du crime (la hache du bûcheron jetée de dépit par celui-ci à l'annonce du décès d'un proche - qu'il attribue bien sûr aux arbres de paon) et un squelette. Nos enquêteurs amateurs sont persuadés, désormais, que le squirre a été assassiné.

Entre-temps le chapeau du squirre a été retrouvé accroché aux branches d'un arbre de paon dont on dit qu'il mange sa victime et se fait pousser une autre branche à cette occasion.

Ce qui vaut un échange plaisant entre l'enquêteur amateur (un critique d'art hôte du squirre) et le bûcheron qui persiste dans sa croyance. Où avez-vous vu pousser une nouvelle branche dans cet arbre ? Demande le critique d'art.
Et le bûcheron de répondre fort logiquement pour un superstitieux, les aviez-vous comptées avant ?

Chemin faisant, les indices convergent vers un médecin du village, ami du squirre, qui s'apprête à quitter précipitamment les lieux, sentant l'étau se refermer sur lui.

Sur le point d'être arrêté, il demande aux enquêteurs auxquels des vrais policiers sont venus prêter main-forte, de patienter un quart d'heure avant de lui mettre la main au collet.

A l'issue du quart d'heure, qui voit-on arriver ? le squirre, frais comme un gardon. Il a passé deux agréables mois sur les rives ensoleillées de la Méditerranée. Il a en effet monté ce canular (c'est le mot qu'il emploie) pour confondre ces petites gens avec leur ridicule superstition d'arbres malfaisants.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là ; le docteur complice du canular explique les raisons qui l'ont conduit à se prêter à cette farce. Pendant des années il a cherché à comprendre pourquoi tous ces gens du village subissaient cette fièvre inexpliquée dans l'environnement de ce bois et de ces arbres jusqu'à en mourir pour les moins robustes d'entre eux.

Il a considéré que les villageois avaient de bonnes raisons de croire en la nocivité des arbres et qu'il ne convenait pas que, du haut de leur culture, les gentlemen comme le squirre et ses hôtes, les considérassent comme des gens déraisonnables. Il a donc fait abattre les fameux arbres avec la complicité de l'héritière qui n'en demandait pas tant, au grand dam du squirre, finalement piégé par son canular.

Lecture plaisante qui fait croire à un drame alors qu'il s'agit d'une blague montée de toute pièce par le docteur du village qui a attendu 14 ans ! pour faire disparaître ces arbres d'orgueil comme le dit le titre.

Cette histoire, développe une thèse qui est la suivante : la raison ne s'accommode pas de merveilleux, de magie. Il existe, pour elle, toujours une explication rationnelle à tout phénomène quel qu'il soit. De-là le rejet absolu de tout ce qui paraît défier la raison.

Pourtant, les rationalistes, n'ont-ils pas tort dans leur intransigeance, en refusant d'écouter, d'observer, de comprendre précisément le fondement de ces croyances qui leur semblent oiseuses ? En refusant de traiter lesdites croyances comme des faits que la raison se doit de saisir ?

Pat
Commenter  J’apprécie          00







{* *}