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Critique de JIEMDE


Six années dans la vie de Jeannette.

Une, puis deux et trois, et quelques autres encore… Les chroniques de Jeannette et le crocodile de Séverine Chevalier se succèdent, et venant de blogueurs que j'estime, ça titille forcément ma curiosité pour une auteure jamais lue jusqu'alors.

Dès les premières pages, un doute un peu angoissé s'installe : énième roman social et sociétal ? Nouvel épisode revisité du déterminisme social à la française ? Pitié ! J'ai tout lu Nicolas Mathieu et j'ai aimé. J'ai tout lu Marion Brunet, et j'ai adoré. J'ai même lu Jenni, Adam, Despentes, Demeillers et tant d'autres. J'ai fait ma part, non ?

Et puis, page après page, ce doute s'éloigne, s'amenuise et disparaît totalement quand la force de l'écriture de Séverine Chevalier et l'émotion de son intrigue opèrent. Rien de social ou de sociétal là-dedans : juste un concentré de tranches de vie bien noires, comme il s'en produit tous les jours, sans bruit ou presque.

Jeannette est une enfant qui va réaliser son rêve : rencontrer enfin Éléonore, le crocodile du zoo de Vannes dont elle a suivi l'histoire et qu'elle dessine sans relâche. Mais l'alcool et sa mère vont en décider autrement. Fin du rêve pour Jeannette, dix ans, et entrée brutale dans le monde tel qu'il est.

Le monde de Blandine, sa mère alcoolo et de Pascal, l'oncle en maison de repos après que la foudre l'ait atteint et définitivement placé en marge de la société. le monde d'Éric, l'ami de la famille qui bosse dans l'usine locale de malbouffe menacée de fermeture et celui de Valérie, sa femme qui à défaut de remplir sa vie d'un deuxième enfant, tente de remplir ses objectifs déshumanisés de conseillère bancaire.

Et aussi le monde du maire et de son épouse qui rêvent de faire de cette ville moyenne de province un haut lieu du thermalisme moderne, en grattant au passage quelques avantages personnels et en cachant les complications du dossier.

Et enfin le monde de Dirck qui débarque un beau jour, mythomane, mégalo, escroc de l'amour, qui raconte à chacun ce qu'il a envie d'entendre et promet à chacune ce qu'elle n'osait plus espérer.

Au coeur et en marge de tout ce microcosme, Jeannette grandit, ignorée de tous à l'exception de son ami Robinson. Elle en devient presque invisible pour tous ces adultes, alors que son adolescence forge peu à peu une conscience silencieuse faite de révolte et d'indignation. Qui ne demande qu'à exploser…

Jeannette et le crocodile raconte sans artifice mais avec émotion ces six années dans la vie de Jeannette qui vont créer les conditions du drame. Difficile de ne pas être emporté par la fragilité des personnages que Séverine Chevalier sait rendre terriblement attachants dans leurs faiblesses avouées donc forcément pardonnées.

Amateurs de noir bien noir et de style cash qui cogne et bouscule, précipitez-vous. de mon côté, il ne me reste qu'à remonter le cours des précédents livres de Séverine Chevalier.
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