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Critique de SebastienFritsch


Plus qu'un roman, ce livre est un recueil d'humanités - humanités malmenées, blessées, perdues, mais surtout des humanités excellemment réalistes... et attachantes.
Séverine Chevalier possède une impressionnante habileté pour dépeindre des femmes et des hommes rongés par ces maladies rampantes que sont la solitude, la soumission, la culpabilité, la pauvreté ou l'alcoolisme. Ses tableaux ne nous épargnent ni la brutalité de ces vies bousculées ni les errements de personnalités soumises au flux et au reflux de leur volonté, entre bonnes résolutions et sévérité du quotidien, entre soutien amical et manipulation perverse. Ce résultat doit autant à son écriture, vivre et précise, qu'à son regard courageux sur les humains, leurs beautés, leurs travers et leur aptitude inégalable à rêver et à détruire leurs rêves.
Cela dit, en toute honnêteté, l'autre raison qui me pousse à dire que ce texte est autre chose qu'un roman, c'est que l'ensemble des portraits qui le composent m'a paru tissé de liens artificiels. L'intrigue n'en est pas vraiment une et je retiendrai en réalité de ma lecture l'impression d'avoir visité un patchwork de fragments de vie. Certains de ces fragments prennent la forme de nouvelles, comme les 30 premières pages, puissantes, bouleversantes, magnifiquement construites, qui tournent autour de trois personnages principaux, Jeannette, sa mère Blandine et son oncle Pascal, accompagnés par deux autres protagonistes superbement décrits : la nature auvergnate et l'alcool.
D'autres passages, plus courts, parviennent pourtant à nous secouer avec autant de force : les remords d'un fils au décès de son père ; la violence meurtrière d'un mari, surgie au coeur d'un moment tranquille, dans un décor banal ; la révélation faite à des enfants que la nature qu'ils aiment peut, elle aussi, être cruelle ; le sentiment de relégation des habitants de cette France rurale en pleine déréliction ; l'isolement des personnes au fonctionnement mental inhabituel ; et l'alcoolisme, encore, comme un fil directeur insidieux qui coule de chapitre en chapitre.
Ce n'est donc clairement pas comme un roman qu'il faut envisager ce livre, mais comme une galerie de personnages et, surtout, comme une preuve d'un talent d'écriture supérieur.
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