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Critique de kuroineko


ELLE est Isabelle Tournier, née dans les Cévennes, huguenote qui garde sa ferveur à la Vierge dans une France déchirée par les atrocités des guerres de Religion. Détentrice de savoirs herboristes et de sage-femme, rousse qui plus est, elle est l'autre dont il faut se méfier.

JE est Ella Turner, sage-femme Américaine nouvellement installée sur les bords du Tarn pour suivre son mari. En butte aux us et coutumes d'une petite ville provinciale et cancanière, elle, l'étrangère, elle est l'autre dont il faut se méfier.

Tracy Chevalier mélange le roman historique et la contemporanéité en une intrigue fascinante, construite avec patience et talent. Les chapitres et les époques alternent. L'auteur met en scène les aléas et les vicissitudes d'un XVIème siècle ravagé par la haine et la méfiance entre catholiques et huguenots, mais également, au sein même des communautés, en raison de croyances superstitieuses aux relents de sorcellerie. Être rousse et connaître les secrets de la nature... Il n'en faut guère plus pour susciter la défiance. Déjà qu'être femme est une tare originelle.
Les époques changent, les préjugés aussi mais continuent de mettre à mal et d'exclure toute personne qui ne rentre pas dans un moule pré-formaté. Les réflexions introspectives d'Ella Turne "Tournier" en donnent une bonne idée.

Quête d'identité, chroniques d'une période trouble et d'une vie d'expatriée en France profonde (aïe aïe aïe la réputation des Français...), tout se retrouve et se mêle avec subtilité dans le roman très prenant de Tracy Chevalier. Elle maîtrise ce type de récits et offre à voir des personnages féminins forts et si profondément proches de nous, au-delà des siècles ou des nationalités.

Un bémol malgré tout, pour moi : la romance dans la partie Ella m'est apparue un peu trop artificielle et cliché.
Bémol aisément pardonnable au vu des autres qualités du roman. Sa lecture reste un fort bon moment. Et on apprend même quelques petites choses sur la recherche généalogique, le quotidien rural en France et en Suisse au XVIème siècle, l'iconoclasme caviniste, etc. J'aurais ainsi grand tort de me plaindre.
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