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Critique de KiriHara


Depuis quasi toujours, je ne lis que des récits policiers.

Depuis quelques années, je ne lis que des récits écrits en langue française (pour être certains de lire les mots de l'auteur et non ceux du traducteur).

Depuis toujours, j'apprécie l'humour sous toutes ses formes.

Enfin, j'apprécie tout particulièrement les personnages récurrents dans la littérature.

Aussi, je ne suis jamais contre découvrir un nouvel enquêteur récurrent issu de la plume d'un auteur de langue française.

Et je ne boude jamais les auteurs trempant leurs plumes plus dans l'humour que dans le noir (quoiqu'il puisse faire les deux)…

Par contre, je n'ai jamais été très attiré par les chats. Si je ne leur ferai jamais de mal, si j'en ai même élevé un pendant près de vingt ans, je leur préfère les chiens, question de feeling…

Pour autant, que je tombe, par hasard, sur le premier opus d'une série de romans policiers mettant en scène un chat enquêteur, je me dis : pourquoi pas ?

Le fait que les retours de lecteurs sont plutôt dithyrambiques finit donc par me convaincre de me laisser tenter par « Miaou, Bordel ! », un roman signé Gérard Chevalier et ce d'autant plus que je trouve le titre plutôt efficace.

Erwan est journaliste, ancien policier viré après avoir été piégé par un supérieur véreux. Il a pour compagnie, outre les femmes de passages, la belle et douce Catia, une petite chatte amoureuse de son maître et suprêmement intelligente.

Quand elle surprend un inconnu en train de pénétrer dans l'appartement, de fouiller tous les tiroirs et de placer un micro, elle décide de prévenir Erwan en lui révélant l'une de ses facultés incroyables, celle de savoir écrire… en tapant sur un clavier d'ordinateur…

Bon, par quoi commencer ?

Peut-être par la 4e qui nous promet un roman laissant la part belle au suspense ? Il faudra alors m'expliquer où se situe le suspense dans ce roman dont l'intrigue très linéaire n'offre aucune place aux rebondissements ni aux tensions…

L'auteur décide de faire d'une chatte son héros et sa narratrice. Pourquoi pas, en cela rien ne me gêne, d'autres auteurs avant lui ont fait parler toutes sortes d'animaux.

On appréciera alors (ou pas) la narration à la première personne et l'utilisation d'un langage châtié (jeu de mots).

Le récit est parsemé de notes de bas de page dont certaines, expliquant le désaccord des éditeurs, de la correctrice ou autres avec l'auteur (la chatte) sont plutôt sympathiques.

Le gag récurrent (running gag) autour de l'impossibilité du chat à saisir la notion de « temps », mais à toujours utiliser l'expression ou le mot lui-même est assez amusant quoiqu'il finisse par devenir lourd au bout d'un moment.

Que le chat sache écrire, cela ne me gêne aucunement et il faut bien avouer que cela simplifie la tâche à l'animal pour communiquer avec son maître.

Par contre, l'auteur pousse la plaisanterie un peu loin en faisant de sa chatte une experte en informatique, une philosophe accomplie, une lectrice des grandes oeuvres de la littérature, une auditrice de la Grande Musique et bien d'autres choses encore.

Cet excès frise alors la naïveté tirant souvent le récit vers de la littérature jeunesse ce qui n'est pas, me semble-t-il, la volonté du véritable auteur ni la ligne éditoriale de l'éditeur.

Cette impression est d'ailleurs renforcée par les diverses rencontres de Catia avec d'autres êtres humains ou félins et par les comportements de chacun envers elle.

Car tout le monde a l'air d'accepter bien facilement de se trouver face à un chat capable de comprendre et d'écrire un français parfait en développant des idées que la plupart des humains seraient incapables d'émettre.

L'intrigue, comme je l'ai déjà dit, se résume à sa portion congrue avec un ancien policier cherchant à se venger de son supérieur véreux qui, de son côté, le fait surveiller par ses hommes de peur qu'il ne sorte un dossier compromettant.

Reste alors une plume pas désagréable aidée par une narration à la première personne en langage parlé (ce qui facilite les choses), quelques traits d'humour bien sentis et… puis voilà.

Car il me semble que Gérard Chevalier n'utilise pas le potentiel de son idée de base.

D'abord, en poussant le bouchon un peu trop loin.

Ensuite, en exposant les capacités de son chat un peu trop facilement. L'intrigue, l'histoire, l'ensemble, auraient gagné, à mon sens, en intérêt si seul Erwan avait été mis au courant.

Puis, par une naïveté dont l'histoire peine à se détacher du fait de mauvais choix ou de facilités ou, encore, de la volonté de Gérard Chevalier de s'amuser avant tout – cela donne un peu l'impression que l'auteur s'est dit que cette histoire ne serait jamais publiée alors qu'il pouvait se laisser aller.

Enfin et surtout à cause d'une intrigue simpliste et linéaire dans laquelle le chat ne sert finalement pas à grand-chose si ce n'est à révéler au journaliste la surveillance dont il fait l'objet.

Et, j'éviterai de parler des scènes de beuveries qui, non seulement font un peu cliché pour des Bretons, mais qui, en plus, sont un peu lourdingues.

Au final, à partir d'une idée sympathique, Gérard Chevalier nous livre un récit policier qui n'a pas grand-chose de policier avec comme héros un chat qui sait écrire, philosopher, compter, expert en informatique, j'en passe et des meilleurs. Bon, léger et naïf.
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