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Critique de jmb33320


Le mot “une” voudrait-il indiquer qu'Agatha Christie aurait pu choisir de relater d'autres pans de sa vie ? Le doute me reste à l'esprit, parvenu à la fin de cette vaste autobiographie bien composée, maîtrisée mais un peu terne, où l'auteure reste trop souvent à la surface de choses.

Je me réjouissais d'en apprendre un peu plus sur elle car je dois dire que j'ignorais tout de sa vie, à l'exception de sa fameuse fugue sur laquelle tant d'articles de journaux, et même des fictions, ont été écrits. Les spéculations ont pu continuer car elle n'aborde même pas cet épisode !
Pour autant elle a rempli tout à fait le contrat implicite avec un lecteur de biographie : faire un retour sur son existence, plus ou moins chronologique. Elle a eu visiblement beaucoup de réticences ou de difficultés à dater précisément les événements qu'elle a choisi de raconter, ce qui est compréhensible au moins pour ses années d'enfance, sur lesquelles elle se révèle prolixe.

Pour quelques pages où elle se livre un peu (ses détestations et ses préférences, son goût pour les voyages, sa francophilie, son expérience d'infirmière pendant la première guerre mondiale) beaucoup d'autres abordent dans le détail des sujets que je juge moins intéressants, et dont pour tout dire je me serais bien passé (au fil du temps la liste complète de ses employés de maison, les bons comme les mauvais, l'énumération elle aussi quasi exhaustive des appartements et maisons qu'elle a occupé avec leur décorations et commodités).

Il lui a fallu beaucoup de temps pour se reconnaître comme écrivaine professionnelle. Alors que le succès était au rendez-vous depuis des années elle préférait encore se définir comme mère au foyer. L'échec de son premier mariage a sûrement été un traumatisme majeur dans sa vie, mais elle ne s'appesantit guère sur ces années difficiles.

Elle semble avoir rencontré plus de satisfactions dans son second mariage, qui l'a amené à se prendre de passion pour les fouilles archéologiques de son mari en Mésopotamie. Il y a dans cette autobiographie de très belles pages sur les voyages et les campagnes de fouille qu'ils ont fait ensemble.

J'attendais aussi des révélations sur son oeuvre. Et là aussi je reste sur ma faim. le lecteur potentiel de cette autobiographie doit savoir que les anecdotes amusantes y sont rares, ses rapports avec ses concurrent(e)s écrivain(e)s carrément ignorés. Elle est plus diserte sur ses rapports avec les comédiens, notamment ceux qui ont joué dans ses pièces de théâtre.

Agatha Christie ne m'a pas donné l'image d'avoir été une femme timorée, ou hésitante, dans bien des domaines (elle a été une des premières à voler dans un aéroplane, à une époque où ils s'écrasaient souvent). Je ne peux donc que regretter que son autobiographie reste si corsetée.
En filigrane s'y révèlent ses préjugés, fruits d'une éducation victorienne. Certaines considérations donnent d'elle l'image d'une femme fort peu sympathique…

Mais cette autobiographie reste l'unique référence de sa main puis qu'elle ne semble pas avoir tenu de journal. Achevée en 1965 elle n'a pourtant été publiée qu'en 1977, un an après sa mort. Pour cela elle mérite amplement d'être lue.

#UneAutobiographie #NetGalleyFrance
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