AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jmlyr


Jmlyr
08 février 2019
Parce-ce que le mot "schizophrénie" à lui seul porte toute la crainte qu'il provoque chez les autres, l'auteure en a créé une judicieuse anagramme : Sophie Chrizen, malgré ses crises, fait déjà moins peur. Les médias ont tellement véhiculé d'images négatives, de cas extrêmes ayant conduit à la mort de victimes, qu'il serait facile de faire des amalgames, et de généraliser.

À chacun sa schizophrénie et la manière dont elle se manifeste. J'avais eu l'occasion de lire sur le sujet le petit livre autobiographique de Stéphane Cognon « Je reviens d'un long voyage, Candide au pays des schizophrènes », qui m'avait beaucoup touchée. Son discours aussi tendait à prouver que l'on peut dompter ses démons, y survivre et construire ou reconstruire sa vie.

Ici, Sophie nous promène entre elle et son psychiatre Sophie, et le lecteur devient à son tour schizophrène, hospitalisé sous la contrainte, apeuré par les autres qui déambulent au gré de leurs pathologies. le lecteur devient apathique sous camisole chimique, brouillard épais d'abord, puis éclaircies progressives. le lecteur est inquiet, mais analyse de l'intérieur comme de l'extérieur, à l'image du patient qui cherche à comprendre. C'est quand même lui le premier concerné, non ? D'ailleurs, et si la solution était en lui ?

Mais à chaque nouvelle crise, c'est la vie qui bascule, les études qui sont interrompues, les amitiés qui s'évaporent, la famille qui soutient comme elle peut, et les espoirs qui fondent.

L'analyse des traitements traditionnels et de leurs conséquences est finement menée, sachant que pour chacun le seuil thérapeutique diffère, tant de facteurs entrant en jeu. L'écriture est fluide, l'humour et l'autodérision parfois aident à mettre à distance ces inconnus qui gravitent autour du malade et pourtant l'isolent plus que jamais : ces créations mentales, ces hôtes inopportuns.

Sophie nous entraîne malgré nous dans son univers, où les pensées par moment désunies se relient malgré tout à la vie. Elle n'élude pas la consommation durant sa jeunesse de Cannabis. Malgré la plasticité du cerveau, Il se repose la question de l'impact de cette consommation chez le jeune et sa part de responsabilité dans la décompensation de la maladie.

Alors, comment vivre avec ces autres « Moi », sans que cela n'impacte trop sur le quotidien ni n'empêche la vie sociale et professionnelle ? Surtout, comment éviter que ces voix soient noires et maléfiques et ne guident sur la mauvaise voie ?
Entre méditation en pleine conscience et psychologie positive, il existerait des moyens de contrer ces perceptions et hallucinations, de les transformer en pensées agréables, de les maîtriser, voire de les faire disparaître.

Existe-t-il une alternative réelle ? Médecine traditionnelle ou Médecine parallèle ? La recherche avance, et les bienfaits de la méditation ne sont plus à démontrer ; de là à supprimer tout traitement chimique, je ne suis pas habilitée à me prononcer, mais chaque cas doit être étudié, et dans la balance pesés les effets secondaires délétères.

Certains schizophrènes stabilisés deviendront des Pairs-Aidants au sein d'associations pour lutter contre la stigmatisation des patients.

Puisse cet ouvrage contribuer à faire évoluer les mentalités.
Commenter  J’apprécie          671



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}