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Critique de Luniver


La schizophrénie, on la connaît sans la connaître : on a bien tous en tête quelques films, ou quelques faits d'actualité, dans lesquels les schizophrènes tiennent généralement le rôle de l'assassin qu'on aurait dû enfermer plus tôt.

Il ne faut pourtant que quelques pages à ce livre pour nous obliger à faire table rase de nos connaissances (ou plutôt devrait-on dire nos clichés) sur la question, et à écouter avec humilité ce que l'auteure a à nous dire.

Le sujet le plus frappant est celui des traitements. On est plus proche du bombardement massif que de la frappe chirurgicale, en espérant toucher assez de mauvais trucs pour que ça en vaille la peine, et en croisant les doigts pour ne pas toucher d'autres trucs dont on a quand même besoin pour vivre. Les neuroleptiques atténuent bien les délires et les hallucinations, mais également les sentiments de joie, d'amour, de plaisir, de colère, etc. Si on prend encore en compte les nombreux effets secondaires, on comprend à quel point prendre son traitement, et rester convaincu de sa pertinence, dans la durée, est un véritable challenge pour le patient.

J'ai été également beaucoup intéressé par les crises au quotidien. le passage sur le voyage en ski entre amis, particulièrement, m'a beaucoup marqué. On suit, progressivement, toutes les pensées qui se mettent en place dans le processus. Sans que rien de trop spectaculaire ne se passe pour les amis en question finalement, on assiste, médusé,­ au fourmillement des pensées qui partent dans toutes les directions, sans frein, dans la tête de Sophie.

On sort du livre avec un sentiment d'impuissance, pour soi, et d'espoir, pour les personnes schizophrènes. Impuissance à réaliser que tellement de choses reposent sur leurs épaules finalement – accepter que le traitement ait un sens, se persuader qu'on sera quand même mieux avec (ou malgré) le traitement que sans, prendre conscience soi-même que quelque chose ne va pas et arrêter la spirale à temps – et qu'à part « être là », on ne peut pas faire grand-chose. Et espoir, car finalement, elles ne sont pas si démunies que ça, et qu'il est possible de vivre avec ce trouble, chose que je pensais impossible avant de commencer ma lecture.
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