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Critique de xst


xst
03 novembre 2015
Ce livre est le récit d'une grande souffrance et celui de la révolte finale d'un émigré de deuxième génération racontée d'une écriture crue, violente et efficace. Récit qui s'achève inévitablement tristement mais dans un apaisement d'une grande douceur.
Des phrases courtes, souvent sans verbes qui dessinent de manière forte l'atmosphère glauque de la fuite vers le néant de cet inadapté de la langue qu'il maîtrise pourtant parfaitement que ce soit la langue de son pays d'adoption ou celle de son pays d'origine.
Seulement voilà, il souffre de ce qu'il ressent comme un double ostracisme au vu de sa condition d'Espagnol émigré en France qui a appris le français de la classe ouvrière et celui d'un Andalou dont le parler épais se heurte au Castillan: "l'Andalou n'est pas une langue, pas un dialecte, juste une vilaine façon de parler l'espagnol" (p.60)
Totalement inadapté par, peut-être, une extrême sensibilité au regard des autres, une conscience aigüe de sa condition (réelle ou supposée) il ne cherchera pas à s'intégrer et finira par se révolter.
À souligner l'usage bien choisi du "tu" pour la narration du récit du fils et du "il" pour celle de celui du père. Dont on ne connaîtra le nom ni de l'un ni de l'autre et sans que cela soit d'une quelconque importance. Et à la fin, on peut se demander si l'acte commis a justifié la fuite ou s'il n'a été qu'un acte de bravoure à la mémoire de ce père qu'il a haï pour sa condition d'émigré, héros déchu à ses yeux d'enfant.
« Il te parlait parfois du camarade Staline, de la révolution qui là-bas avait vengé l'homme. Pourtant, ce n'est pas cela que, de manière diffuse, il t'inculquait. C'était bien autre chose. Réussite, confort, fuir l'usine. L'oublier. Sans jamais prononcer ces mots qui auraient fait de lui un esclave, un vendu, quoi. Tu as entendu pourtant.' (p.44-45)
Excellent premier roman, même si parfois on s'essouffle face au rythme haché imposé par l'écriture. Mais, il est en fuite et le style sied à la course...
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