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Ce livre est le récit d'une grande souffrance et celui de la révolte finale d'un émigré de deuxième génération racontée d'une écriture crue, violente et efficace. Récit qui s'achève inévitablement tristement mais dans un apaisement d'une grande douceur.
Des phrases courtes, souvent sans verbes qui dessinent de manière forte l'atmosphère glauque de la fuite vers le néant de cet inadapté de la langue qu'il maîtrise pourtant parfaitement que ce soit la langue de son pays d'adoption ou celle de son pays d'origine.
Seulement voilà, il souffre de ce qu'il ressent comme un double ostracisme au vu de sa condition d'Espagnol émigré en France qui a appris le français de la classe ouvrière et celui d'un Andalou dont le parler épais se heurte au Castillan: "l'Andalou n'est pas une langue, pas un dialecte, juste une vilaine façon de parler l'espagnol" (p.60)
Totalement inadapté par, peut-être, une extrême sensibilité au regard des autres, une conscience aigüe de sa condition (réelle ou supposée) il ne cherchera pas à s'intégrer et finira par se révolter.
À souligner l'usage bien choisi du "tu" pour la narration du récit du fils et du "il" pour celle de celui du père. Dont on ne connaîtra le nom ni de l'un ni de l'autre et sans que cela soit d'une quelconque importance. Et à la fin, on peut se demander si l'acte commis a justifié la fuite ou s'il n'a été qu'un acte de bravoure à la mémoire de ce père qu'il a haï pour sa condition d'émigré, héros déchu à ses yeux d'enfant.
« Il te parlait parfois du camarade Staline, de la révolution qui là-bas avait vengé l'homme. Pourtant, ce n'est pas cela que, de manière diffuse, il t'inculquait. C'était bien autre chose. Réussite, confort, fuir l'usine. L'oublier. Sans jamais prononcer ces mots qui auraient fait de lui un esclave, un vendu, quoi. Tu as entendu pourtant.' (p.44-45)
Excellent premier roman, même si parfois on s'essouffle face au rythme haché imposé par l'écriture. Mais, il est en fuite et le style sied à la course...
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Depuis la sortie d'un garage parisien, un homme s'enfuit d'une traite dans une berline volée, lestée d'un paquet qui encombre son coffre, sur le long ruban autoroutier de Paris à Cadix, la ville de son père.

«Conduire la nuit t'est une plaie ouverte, purulente. Tes yeux suintent à scruter l'obscurité. Les phares puissants de l'automobile n'atténuent en rien cette appréhension permanente du prochain virage et de ce qui pourrait en surgir.»

Dans l'habitacle de cette berline confortable aux fauteuils de cuir gras, les souvenirs, émaillés de colère, de dégoût et parfois de tendresse, ressurgissent comme des bulles qui éclatent, l'histoire de son père immigré espagnol, l'humiliation reçue en héritage, l'enfance à la trajectoire coupée par le départ d'Espagne, et l'entrée au forceps dans la langue française, une langue qui refusait de se donner, comme une amante blessante et insaisissable.

«L'enfance a été banale. Toutes les enfances sont banales. Tes uniques points de comparaison étaient les copains du quartier. Arabes, Yougoslaves, Manouches, et Français. La plupart d'entre vous possédaient deux langues et méprisaient le pays d'origine. La langue des parents était chez tous une langue inculte, une langue au gout de terre, de poussière et de fuite, une langue crasseuse qui fait honte.»

La langue est le conducteur de ce récit d'une redescente dans les plis d'une mémoire douloureuse, après l'explosion d'une humiliation si longtemps ravalée et soudain métamorphosée en poussée de haine.

«Il faudra qu'il tente de la faire entrer dans sa bouche, cette langue française, mais elle résiste, trop grosse, trop épaisse, comme une énorme tranche de pain de mie.»

Le premier roman attachant et intense d'un écrivain à suivre.

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Une narration à la deuxième personne qui s'adresse à un homme filant sur l'autoroute en direction du sud-ouest : Bordeaux, Bayonne, puis l'Espagne, jusqu'à Cadix. Dans le coffre de sa voiture, un paquet qui « cogne au moindre virage. » On comprend vite que ce voyage signe une rupture avec le quotidien, un retour vers le pays du père. Ce père qui a fui le franquisme pour venir s'installer en France avant de pouvoir y accueillir sa famille. Les chapitres alternent le présent dans l'habitacle de la berline et le passé de l'histoire familiale. de stations-service en bars de province, de parkings de supermarché jusqu'à l'océan, le conducteur se rend là où "la terre se termine", là où il pourra enfin livrer son colis et lui redonner sa liberté...

Un premier roman qui n'a rien d'original mais se lit sans déplaisir. le Road-Trip aux airs de déjà-vu se tient grâce à une écriture nerveuse, tendue, affûtée comme une lame. Les flash-back sur l'enfance et la trajectoire paternelle apportent un plus au récit, même si, là encore, on navigue en terrain connu. Une réflexion sur l'immigration, l'intégration, la langue, la misère, l'identité, la précarité. Un premier roman à lire d'une traite, entre deux péages (du moins si on est sur le siège passager). Court mais efficace. Court mais prometteur. Par contre, 15 euros pour 85 pages (75 pages même, puisque le texte commence à la page 11), même si je sais que les livres ne se vendent pas au poids, ça me semble excessif, vraiment excessif.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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J'ai découvert ce livre dans le journal l'Humanité, il y a quelques mois en arrière. Sa présentation m'avait fortement intriguée : Cette histoire d'immigration, de langue trop lourde à parler et à porter.

Comme tous les livres que j'ai adoré, je vais avoir énormément de mal à en parler. Alors je serais brève : C'est un livre incontournable, à lire de toute urgence !
Le style d'écriture, le choix du sujet, la manière dont il est traité avec cette sensation d'être à la place de mec (dont on ne saura jamais le prénom), tout est fait pour nous mettre mal à l'aise... Et à la fois, nous donner envie de rester agrippés au bouquin.

Quelle claque ! Ça n'est pas un livre drôle, loin s'en faut. Pourtant, je me suis facilement attachée au narrateur, à cette alternance entre lâcheté et courage quotidien.

Terriblement humain ! A lire de toute urgence, un roman qui sort des schémas stéréotypés.
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ce livre, je l'ai lu en quelques heures-de nuit- et je n'avais de cesse que d'en voir la fin. C'est noir, morbide, et terriblement angoissant...
Et pourtant, le style en est clair, soigné, l'auteur tutoie son héros et le rend ainsi très proche de nous.
C'est une histoire de cavale, avec un cadavre dans le coffre de la voiture.
Au fur et à mesure que les kilomètres défilent, l'angoisse monte jusqu'à l'évidence de la mort.
Mais en cours de route, l'auteur s'adresse à son héros, l'aide à reconstruire son histoire, à mettre des mots sur ses souffrances, à expliquer son geste.
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La Terre sous les ongles est écrit à la deuxième personne du singulier, exercice difficile s'il en est. Ça fonctionne. La langue est âpre, dure, mais efficace. Cela parle du père, qui est parti en France pour y être ouvrier, puis réussit à faire venir sa famille. Ça parle de l'enfance dans la pauvreté — une pauvreté banale, qui ne peut pas porter le nom de misère.Du rapport du narrateur à la langue et, par là, à ses origines.

Tout cela, le personnage se le remémore durant la longue route qui le conduit de Paris à Cadix. Dans le coffre, un étrange chargement qui périme trop vite. Et c'est une fuite effrénée — en avant ou en arrière — vers un but qui ne dit pas son nom. La Terre sous les ongles m'a surtout intéressée par sa réflexion sur la langue — langue d'origine versus langue d'emprunt. Cette dernière apparaît comme un moyen de sortir de l'aliénation, mais c'est aussi l'arme des classes dominantes ; elle représente à la fois l'espoir d'une fuite et la culpabilité latente du reniement de quelque chose. C'est, enfin, l'instrument, le vecteur d'une violence, réelle et symbolique, qui affleure au fil du récit : Tu l'aimes, cette langue, tu l'aimes virile, tu aimes l'entendre, tu aimes regarder ses nerfs quand ils sont à vif, et leur crissement aigu est la plus belle des musiques.

Rien que pour cette réflexion, La Terre sous les ongles vaut le coup qu'on s'y attarde. Cependant, j'ai ressenti une certaine frustration une fois arrivée à la fin : le livre est fort, il vous crie aux oreilles, mais la fin m'a semblé un peu en demi-teinte par rapport à l'intensité de l'ensemble. Comme dans un tableau, les lignes de fuite pointes toutes vers quelque chose, mais ce quelque chose me semble un peu moins réussi que tout le reste, comme un peu flou. J'ai envie d'y voir — mais c'est subjectif — un petit défaut de construction. Je reste cependant curieuse des prochains travaux de l'auteur.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Un très très court roman qui retrace un retour vers l'Espagne en voiture, avec des retours en flash back sur les événements passés. Ce n'est pas désagréable à lire mais pas transcendant non plus. Beaucoup de remarques sur les différences entre les langues françaises et espagnoles. le roman s'adresse au lecteur ("tu").
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Brutal et beau parcours du souvenir d'un fils d'immigré espagnol, le temps d'une route Paris-Cadix.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2014/12/17/note-de-lecture-la-terre-sous-les-ongles-alexandre-civico/
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Une narration à la deuxième personne qui s'adresse à un homme filant sur l'autoroute en direction du sud-ouest : Bordeaux, Bayonne, puis l'Espagne, jusqu'à Cadix. Dans le coffre de sa voiture, un paquet qui « cogne au moindre virage. » On comprend vite que ce voyage signe une rupture avec le quotidien, un retour vers le pays du père. Ce père qui a fui le franquisme pour venir s'installer en France avant de pouvoir y accueillir sa famille. Les chapitres alternent le présent dans l'habitacle de la berline et le passé de l'histoire familiale. de stations-service en bars de province, de parkings de supermarché jusqu'à l'océan, le conducteur se rend là où "la terre se termine", là où il pourra enfin livrer son colis et lui redonner sa liberté...

Une réflexion sur l'immigration, l'intégration, la langue, la misère, l'identité, la précarité,certes mais aussi une heure (pas plus) d'ennui et d'impression de déjà lu 100 fois
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Pris à la bibliothèque par hasard, je suis entrée dans ce roman sans idée reçue, ni même aucune idée du sujet abordé. Road-trip macabre, ce roman m'a rappelé sans cesse L'étranger de Camus, lu il y a bien longtemps pourtant. Dans son rapport froid à la vie, a la mort, le héros nous fait aussi partager son expérience d'immigré de deuxième génération, dans une approche de la langue rare et sans aménité.
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