AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Kirzy
25 février 2024
Pendant une année, le journaliste américain Jakob Dreyfus a infiltré la milice suprémaciste Aryan blood pour en faire tomber les têtes ( qui finissent en prison, dont un sulfureux sénateur ) et révéler l'implication de politiciens, fonctionnaires et policiers dans un complot visant à faire déstabiliser, voire pire, les institutions démocratiques des Etats-Unis. Un Pulitzer le récompense, mais le prix à payer est horriblement lourd : sa femme assassinée, sous couvert du programme fédéral de protection des témoins, il trouve refuge avec son fils dans un village provençal, il sera désormais Cyril Buissière. Mais dix ans plus tard, la vengeance de ses ennemis du passé se met à nouveau en marche.

Ce premier roman frappe très très fort. On peine même à se dire que c'est un premier roman tant l'auteur maîtrise les codes du thriller avec un petit quelque chose en plus plutôt rare : l'originalité et la conviction. Et une écriture canaille qui évolue sur différents registres pour s'adapter aux propos.

Si l'auteur prend son temps pour poser son intrigue, c'est pour mieux attacher le lecteur à ses personnages, ceux du clan Jakob/Cyril ou ceux de l'odieuse meute à sa trousse. Ils sont tous remarquablement campés, dans la complexité plutôt que dans la facilité, même les affreux qui cochent toutes les cases du détestable. Je retiens tout particulièrement le truculent Solane, vieux flic français anar et épicurien chargé de la protection de Jakob/Cyril, à la vie à la mort, une bouteille de Rayas sous le coude pour accompagner une côte d'agneau de Sisteron, c'est toujours ça de pris.

Jérémies Claes sait qu'il va envoyer du lourd une fois les présentations faites et les enjeux mis sur table, plutôt une partie des enjeux, seulement la partie émergée de l'iceberg tant il a construit une intrigue étourdissante, bourrée de surprises et rebondissements sans même chercher à semer des fausses pistes, brassant plusieurs lieux ( des Etats-Unis à la Provence française en passant par la Belgique et la Patagonie ) et une temporalité étonnante a prime abord ( 2009, 2019 et 1942 dans le camp d'Auschwitz-Birkenau ! ).

L'expression « page-turner » est souvent galvaudée dès qu'un récit se fait un peu addictif, mais là, c'est juste pile poil ça. le bouquin fait 450 pages, je l'ai englouti d'une traite. Dans le feu de l'action, mon addiction n'a même pas été freinée par le dernier quart pourtant très « what the fuck » avec son inspiration fantastico-SF qui rompt avec le réalisme présenté jusqu'alors. Je voulais tellement savoir qui est cet Horloger. J'ai certes haussé les sourcils et puis me suis dit, et pourquoi pas, c'est super un auteur qui ose s'aventurer hors des ornières classiques en assumant le risque de perdre quelques lecteurs en route.

Cet excellent thriller ne se résume pas à son imagination débridée. le fond est là. On sent l'implication d'un auteur vigie qui veut parler des dérives effrayantes du monde contemporain qui menacent nos démocraties ( racisme et antisémitisme, complotisme à la Qanon, suprémacisme, hacking, dévoiement de la science, et un petit Trump en guest star peu reluisante ). Il le fait sans donner de leçons moralisatrices pour imposer quoi que ce soit. Il le fait en célébrant la force d'un collectif qui s'unit autour des valeurs de l'amitié, de l'amour, de la fraternité. L'humanisme vaincra !

Bref je me suis régalée avec ce thriller très original et maitrisé de A à Z, totalement embarquée.
Commenter  J’apprécie          11420



Ont apprécié cette critique (114)voir plus




{* *}