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Critique de Il_voyage


@Mute est le premier livre que je lis - et même que j'achète ! - après la lecture d'une chronique sur Babelio, celle de Harioutz.

Comme beaucoup, je crois, @Pascale Clark est pour moi liée de manière indissociable à l'émission "En aparté", où l'un des principes de base consistait à ce que l'invité ne voit jamais son intervieweuse. le climat ainsi créé était propice aux confidences, à une forme de dévoilement de l'invité qui pourtant, pour les quelques images que j'en garde, ne versait jamais dans le voyeurisme.

J'ai ressenti la même chose à la lecture de ce récit intime. L'auteure se dévoile, sans rien cacher de ses doutes, de ses fêlures. Elle se confie à nous ou plutôt, elle se confie à une page blanche, dont il s'avère qu'elles vont nous être offertes par la grâce d'une publication. Virée des antennes radio et télé avec fort peu de ménagement, @Pascale Clark raconte ce déchirement qu'est pour elle la privation de voix. Il y a bien sûr parfois un peu d'aigreur, mais aussi et surtout beaucoup de lucidité. Sur ces propres défauts, ses faiblesses, mais aussi sur ce que sont devenus les médias, sur son refus de céder aux modes. Elle est une journaliste - et pas une présentatrice ou un visage - qui veut donner à comprendre le monde, qui veut prendre le temps, qui défend une qualité dans le contenu de ses émissions, dans le travail de ses équipes. J'ai par exemple eu la curiosité d'aller écouter quelques podcasts (désolé pour l'anglicisme) de BoxSons, aujourd'hui en accès libre par suite de l'arrêt de l'activité de ce site qu'elle avait lancé pour justement continuer à donner à entendre.

Elle est aussi une femme et une fille. Et @Mute est aussi le récit d'une relation très forte entre une mère, Frania, et sa fille, Pascale. Où Frania perd la voix au sens propre au moment où Pascale perd la sienne au sens figuré. L'auteure évoque à plusieurs reprises ce mimétisme troublant. Et le récit mêle en permanence le récit de vie de ces deux femmes, sur toute la seconde moitié du vingtième siècle, là encore sans rien cacher, mais toujours avec beaucoup de pudeur et de douceur. le récit est conçu comme une série d'allers-retours entre passé et présent. Des flashs, des images, un ensemble qui au départ peut paraître décousu mais qui dessine et qui dit la cohérence d'une vie. Je dis dessine parce que les mots sont comme une peinture, où Pascale Clark excelle à donner à voir, simplement par la voix.

Alors non, la voix de l'auteure ne s'est pas tue. Elle n'est plus sur les ondes, mais ses mots nous accompagnent, avec toujours le même talent et la même douceur.
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