AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LiliGalipette


Commençons par préciser le titre complet de cet ouvrage : de quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet et entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures vulnérables et chagrines.

Rien que ce titre à rallonge comme un essai des Lumières suffit à en dire beaucoup. Mais il manque un petit quelque chose, un presque rien, un rien du tout qui fait toute la différence. Rouge sur la première de couverture, l'esperluette. En tête de chaque chapitre, elle ponctue l'énumération et justifie la longue liste que nous présente l'auteur. Liste, litanie, voire litanie des saints sacrifiés sur l'autel de l'inspiration et de la création. Dans des portraits très courts, l'auteur rend hommage aux écrivains de toutes les époques et de tous les milieux sociaux, rappelant que la pulsion d'écriture est universelle, irrépressible.

Cet inventaire à la Claudel est absurde, bouffon, tragi-comique, mais aussi étrangement beau et touchant. Il suscite une grande compassion et de fols espoirs : rien n'est perdu tant que ce n'est pas tenté ! Voilà un ouvrage salutaire à offrir à ceux qui – comme moi – voudraient écrire : c'est tout à la fois un encouragement et un avertissement. Mais il faudrait aussi l'offrir aux auteurs que l'on admire, comme un rappel d'humilité, une remise à l'heure des pendules. Car pour un Hugo, une Austen, un Tolstoï, une Dickinson, combien d'écrivains avortés ? Combien de plumitifs en souffrance, rendus fous par l'inaboutissement ?

Mais comme dans Inhumaines, le désespoir est hilare. On ne pleure pas longtemps et c'est avec férocité qu'on met en pièces un autre écrivaillon, et encore un autre, et encore un ! Sur un certain fronton, il est gravé « Aux grands hommes la Nation reconnaissante ! » : ce livre est surtout un merci discret et cynique à ceux qui n'ont pas encombré nos bibliothèques ni accru notre syndrome de tsundoku.
Commenter  J’apprécie          192



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}