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Critique de Zebra


Paru en novembre 1977 aux Éditions J'ai Lu, « L'espion aux yeux verts » est un recueil de neuf nouvelles écrit par Bernard Clavel, écrivain connu pour ses récits et ses romans.

A propos de la nouvelle, Bernard Clavel dit : « Nous portons tous en nous un lot de souvenirs, de sujets, de personnages, qui n'ont leur place dans aucun roman. Pour cette partie cependant précieuse de notre bagage sentimental, la nouvelle est un beau refuge. Plus fréquemment que le roman, elle est une oeuvre jaillie du plus secret de l'écrivain et écrite sous la poussée d'une envie à laquelle il ne saurait résister. D'où, souvent, sa surprenante richesse. » Genre décrié et actuellement un peu oublié, la nouvelle ne permet pas la tricherie car elle vise captiver et à retenir l'attention du lecteur, avec efficacité. L'écriture doit donc être précise, avare d'effets secondaires, ciblée et économe dans ses choix. En ce sens, le nouvelliste doit ressembler au conteur d'autrefois et forcer l'admiration.

De ce point de vue, avec ses différents récits (L'espion aux yeux verts, le père Vincendon, Légion, le jardin de Parsifal, le fouet, La barque, L'homme au manteau de cuir, le soldat Ramillot et le père Minangois), le livre est plus qu'au rendez-vous! L'ouvrage est irrigué par la prédilection de l'auteur pour la région lyonnaise et pour le Jura. Toutes les nouvelles se font remarquées par leur mélange de vies, de drames, de fraternité, de rudesse paysanne et de fragilité humaine ; elles dépassent le cadre de l'anecdote et excitent notre curiosité. Dans la première nouvelle (L'espion aux yeux verts), vous ferez connaissance avec Félicien, veuf paranoïaque, qui pense que le monde entier -y compris son chat- cherche à le nuire. Dans la deuxième (Le père Vincendon), vous découvrirez l'amour de Bernard Clavel pour le bois, ce bois qu'on peut travailler jusqu'à obtenir un bureau, un coffre, une boîte de peinture. Dans Légion (la meilleure, de mon point de vue), c'est l'arrivée d'un ex-légionnaire dans un hameau du bout du monde (quelques maisons qui finissent dans un cul-de-sac, non loin d'une falaise) qui vous tiendra en haleine (il en a été fait une adaptation télévisée). le jardin de Parsifal vous montrera la perfidie dont peut être capable une sorte de Landru, amoureux des chiens. le fouet met en scène un ex-tortionnaire nazi ayant officié au camp de concentration de Lwow, une usine de la mort, un type qui s'est reconverti en artiste de cirque mais qui sera rattrapé par son passé. La barque vous séduira par son suspense infernal (des hommes surpris par la montée des eaux). L'homme au manteau de cuir met en scène un curieux visiteur du soir et des militaires en faction dans un poste de garde. Dans le soldat Ramillot, vous serez émus devant la tendresse qui émane d'Angèle pour le soldat qui vient l'aider à faire la moisson et par la tragédie qui s'ensuit. Dans la dernière (Le père Minangois), vous trottinerez dans l'atelier d'un vieillard bougon, sec et dur comme le vent d'hiver, un luthier qui a, « dans sa façon de vous regarder ou de vous empoigner la main, une de ces choses mystérieuses et précieuses, qui font partie de ce qu'un homme conserve éternellement parmi les trésors de son enfance. »

Pour ce superbe ouvrage écrit par un amoureux du bois, des chiens et de la paix, je mets cinq étoiles et je recommande.
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