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Critique de caro8711


Inspiré d'une histoire vraie, le roman raconte la descente aux enfers de Max, incarcéré du jour au lendemain pour une sombre histoire de facture non acquittée. La chute de ce quinquagénaire, incroyable et imprévisible, le précipite dans un microcosme sordide. Ce « Monsieur tout le monde », sonné par l'absurdité de ce qui lui arrive, doit rapidement apprendre à maîtriser les codes de son nouvel univers s'il veut survivre. Dans ce monde glauquissime, fait de violence, d'interdits et de privations, il apprend à savourer les plus infimes plaisirs : « un peu de silence, du café, une cigarette « .

J'ai lu ce texte petit à petit tant le sujet peut vite se révéler lourd à digérer. C'est un roman que l'on avance un peu à la manière d'une série tv, en regardant un épisode puis en faisant une pause avant de reprendre le fil le lendemain.

Ce qui m'a tout particulièrement marqué dans cette histoire c'est de pouvoir passer de l'autre côté, d'envisager et de vivre la prison du point de vue de ceux qui la côtoient au quotidien et de la manière la plus intime : les détenus. Ce roman humanise ces hommes, dans le sens où il les rend palpables en mettant en lumière leurs individualités. Ici, ce sont des noms, mais surtout des histoires et des trajectoires de vie que l'on découvre ; certaines se révèlent glaçantes, d'autres touchantes mais l'on évite le côté caricatural grâce à des personnages tout en nuances. Je pense notamment à Marcos, le compagnon de cellule de Max, grande gueule accro à l'alcool et aux stupéfiants mais dont le côté bourru inspire la sympathie.

La prison est ici décrite comme une machine implacable qui broie ses occupants pour mieux les asservir. Pauline Clavière décrit ainsi avec minutie ce glissement lent et insidieux qui guette tous les nouveaux arrivants, les modelant alors de manière insidieuse : les caractères, le langage, la posture se modifient pour coller au standing de la prison. L'omniprésence de la violence et des trafics, ce régime de domination des plus forts, qui flairent la faiblesse et l'exploitent jusqu'à plus soif, est remarquablement bien décrit. En creux se dessine ainsi la critique d'un système devenu archaïque, court-circuité par les absurdités et les contradictions qui le gangrène.

Ce roman offre aussi une galerie de personnages variées, qu'ils soient au premier plan où qu'il ne traverse le récit que fugacement. L'aumonier, la médecin, certains surveillants apportent un peu d'humanité à ce lieu. Eux ne se résignent pas et continuent à lutter pour conserver leur part d'humanité et ne pas se laisser aspirer dans ce gouffre, ce puit sans fond qu'est la prison. Et bien sûr il y'a aussi la question des proches, ceux qui attendent à l'extérieur, s'éloignant de celui devenu un pestiféré ou au contraire jetant ses forces dans une bataille impossible contre un système judiciaire qui ne veut pas voir ses propres faiblesses.

Un texte édifiant, fort et suffisamment lumineux pour transpercer la noirceur du milieu carcéral.
Lien : https://unlivredanslapoche.h..
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