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Laissez-nous la nuit est le premier roman de la journaliste Pauline Claviere, récit qui nous plonge d'emblée dans la froide cruauté de l'univers carcéral.
Tout démarre par un simple contentieux. Pas anodin certes puisqu'il s'agit à l'origine d'une fraude sur les comptes de son entreprise, fraude pour laquelle le narrateur, Max Nedelec, s'en est depuis longtemps acquittée. Enfin, le pense-t-il...
Le roman débute un matin, quand Max reçoit la visite de la police à son domicile...
Max est serein, aussi serein que pouvez l'être Joseph K. dans le Procès, marchant dans les pas de ses juges avec la sensation un peu abrutie de ne pas comprendre ce qui lui arrivait... Laissez-nous la nuit est l'histoire d'un malentendu, à peine une négligence. Le Procès était une farce terrifiante. Convaincu de son innocence, Max s'engage comme Joseph K. dans ce labyrinthe avec la naïveté de la victime qui connaît déjà son bourreau et continue pourtant de lui faire confiance encore un peu...
Max entre en prison avec l'espérance d'y sortir sous peu.
Mais voilà, le temps ici est d'une toute autre réalité...
C'est le printemps et cela devient brusquement une saison en enfer, une désescalade qui arrache le ciel au paysage pour le précipiter dans les abysses des ténèbres.
Alors Max plonge de l'autre côté de la lumière...
Max comprend peu à peu qu'il va rester ici un peu plus longtemps que prévu.
C'est une histoire insensée.
Son entourage semble peu mobilisé pour l'aider. Certains même disent de lui : « Il a joué, il a perdu ».
La seule personne de l'extérieur sur qui Max peut désormais compter est sa fille Mélody.
J'ai beaucoup aimé ce récit de Pauline Clavière, sa manière de nous délivrer avec lucidité et sensibilité l'univers carcéral, sujet qui peuple pourtant de si nombreux romans. J'ai aimé ses mots à la fois percutants et sobres pour dire la prison avec ses personnages d'un autre monde, ses mœurs, sa propre loi, ses codes, ses transgressions...
J'ai aimé cette écriture ciselée pour dire des choses très brutales, animales, humaines aussi. C'est une écriture dont le style nous plonge en immersion totale dans un lieu qui vient modifier à jamais ceux qui y séjournent...
Pauline Claviere nous décrit un territoire sans foi ni loi et nous en convainc. C'est d'une acuité douloureuse...
Une cellule de huit mètres carrés, partagée avec un codétenu, pas toujours le même.
Les fouilles à nu. La honte des victimes.
Les barbelés qui égratignent le ciel.
Les promenades où les plus fragiles deviennent vite des proies pour les prédateurs. Les promenades qui ressemblent à des jeux romains que contemplent les surveillants d'une désinvolture déconcertante.
L'enfer des autres.
Chaque pas ici hors de sa cellule est une angoisse, une menace.
Parfois, se protéger c'est se mettre à l'abri du regard des autres détenus et des surveillants.
La prison est un lieu qui rend fou.
Le seuil du parloir devient comme le passage entre deux mondes. La fille de Max a perçu cela au parloir, cette peur de son père derrière les barreaux. Elle connaît par coeur les fêlures de son père. C'est beau.
Comment imaginer la prison quand on n'en a jamais franchi ses murs ? Toutes les croyances que nous pouvons en faire sont peut-être vaines. Pauline Claviere, par sa voix singulière, vient bousculer nos représentations.
De l'univers carcéral, je ne sais rien sauf ce que les médias nous offrent comme reportage, ce que nous pouvons imaginer, sauf ce que m'a témoigné mon frère, visiteur de prison à Cherbourg, donnant des cours d'informatique de manière bénévole chaque jeudi à des détenus.
Pauline Claviere convoque un florilège de personnages, donnant sens à l'itinéraire égaré de Max, à son histoire, une autre histoire qui commence ici.
Des personnages multiples, certains odieux, d'autres blessés, d'autres chaleureux, solidaires, une sorte de cour des miracles, façon carcérale en notre XXIème siècle.
J'ai été touché par ce compagnon de cellule, Ilan, qui revient amoché, cassé, brisé, qui se tait, ne parle plus.
Des yeux apeurés. Des fauves en cage.
Ici la vie semble sans cesse empêchée d'aller plus loin et ce ne sont pas que les barbelés qui déchirent la peau et les dernières illusions.
Chaque jour, c'est une violence gratuite, sans limites, universelle.
Chaque jour, c'est un lieu où survivre.
J'ai aimé ces instants d'amitié présents aussi, qui entrent comme des rais de lumière entre les barreaux, celle avec Marcos quand Max l'aide à apprendre à écrire des lettres pour sa fille Paula.
Ces moments sont des respirations.
C'est fou l'effet que peut produire un peu de ciel qui traverse les barreaux d'une cellule...
Parfois Max regarde ses mains de détenu, ses mains d'un homme vieilli. Ses mains semblent se souvenir, le souvenir d'un amour, le soleil sur la peau, le désir, des mains libres, éperdues sous le ciel démesuré.
J'ai aimé ce regard plein d'empathie que pose Pauline Claviere sur des personnages qui ne peuvent forcément qu'exister dans la réalité vraie des choses, malgré l'imaginaire que propose un roman.
Mais Laissez-nous la nuit, c'est aussi l'histoire d'un basculement, la chute d'un homme qui peut nous ressembler, broyé par la justice, ou plutôt un simulacre de justice.
C'est le signe effroyable, la révélation que la société n'a pas tenu toutes ses promesses...
Je ne sais pas pourquoi, au moment où je termine ce billet, je pense à ce récit autobiographique de René Fregni, Tu tomberas avec la nuit, où la présomption d'innocence est bafouée.
J'ai aimé ce récit fort qui, me semble-t-il, marque la naissance d'une grande romancière.
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À propos de la justice des hommes

Saluons la performance de Pauline Clavière qui, pour ses débuts de romancière, a réussi une chronique sensible et documentée sur un sujet délicat, les dédales de la justice et l'univers carcéral.

Tous ceux qui ont déjà eu affaire à la justice le savent, cette institution fonctionne avec des règles qui sont très peu compréhensibles par les simples justiciables et toutes les tentatives faites pour en simplifier le fonctionnement sont jusque-là restées vaines. Sans doute par manque de moyens, mais encore davantage par réflexe corporatiste. En refermant le premier roman de Pauline Clavière, me revient à l'esprit le conseil d'un collègue journaliste, spécialisé dans les affaires judiciaires: «avec la justice, la meilleure chose à faire, c'est de l'éviter autant que possible.»
C'est sans aucun doute ce qu'aurait aimé faire Max Nedelec, le personnage principal de cette histoire aussi terrifiante que plausible.
Seulement voilà, la machine s'est mise en route à son insu. Et quand la police vient frapper à sa porte, il est déjà trop tard. L'imprimerie qu'il dirige et porte à bout de bras a dû faire face à de gros problèmes de trésorerie et, en 2004, il a été condamné avec sursis pour faux en écriture et usage de faux, après avoir falsifié un bordereau. S'il se trouve aujourd'hui devant le tribunal, c'est parce qu'en janvier 2015 une nouvelle condamnation pour facture impayée le frappe et que cette seconde condamnation met fin à son sursis. Max n'a pourtant jamais entendu parler de cette facture, pas davantage que de la révocation de son sursis. Quant à la justice, elle ne trouve pas la trace du paiement des 30000 euros d'amende payés en 2004.
Ajoutez, pour faire bonne mesure, que l'avocat commis d'office pour défendre Max, entend le persuader qu'il vaut mieux ne pas braquer la magistrate qui instruit son dossier en contestant sa version. «Faites-moi confiance, on n'en parle pas, sans preuve du règlement c'est pire.»
Aussi incroyable que cela puisse paraître, voilà qu'en quelques minutes le glaive de la justice aveugle tranche: Max va goûter à sa première nuit en prison. Et si cette perspective l'angoisse, il se dit que l'on va très vite se rendre compte qu'il s'agit d'une erreur, qu'il n'a rien à faire là et que sa fille trouvera le moyen de la faire sortir une fois prouvée sa bonne foi.
Voilà le moment de rappeler à tous ceux qui n'ont pas eu la (mal)chance d'aller en justice que le temps judiciaire n'a rien à voir avec l'urgence, ni même avec ce qu'une victime est censée attendre comme «juste». Les procédures, le traitement des dossiers, l'encombrement du tribunal font que très souvent il faut attendre des semaines et des mois. «Les jours défilent, impalpables, interminables.»
Le roman bascule alors dans la chronique pénitentiaire, dans une destruction qui quotidien dans des bâtiments vétustes où la surpopulation carcérale provoque un regain de violence, de maladies, d'angoisses. Après «Bambi», qui partage ses premiers jours de cellule et va être victime de règlements de compte et se retrouver salement amoché, il change de compagnon de cellule. Marcos pourrait presque être un ami. Aussi, quand on lui trouve un cancer, il va tenter de tout faire pour qu'il puisse être hospitalisé. Inutile de rappeler ici combien l'inhumanité est présente dans l'univers carcéral, les différents rapports des ONG mais aussi les jugements de la Cour européenne des Droits de l'homme sont là pour en témoigner. Et tandis que sa fille s'escrime à le faire sortir de son cachot, Max va pouvoir ne dépeindre par le menu les règles qui s'appliquent dans un univers où la loi du plus fort, du plus riche, et celle du meilleur réseau s'applique.
C'est une descente aux enfers éclairante que nous propose Pauline Clavière. On imagine du reste que la chroniqueuse de «C L'Hebdo» n'aurait aucun mal à rassembler des archives montrant qu'en prison malheureusement rien n'a changé durant les dernières décennies. «Laissez-nous la nuit» est, à cet égard, aussi un moyen de prendre date.


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Max Nedelec , cinquante ans , patron d'une imprimerie en difficulté vit une très mauvaise passe : divorce , faillite , dépression .
Depuis plusieurs mois il n'ouvre plus son courrier , ne paie plus ses factures .
Mais un jour , tout s'emballe , Max Nedelec
est méchamment rattrapé par sa lourde négligence, son laisser - aller , la police débarque un matin à son domicile , l'amène au tribunal .
Ce soir , il ne rentrera pas chez lui , pour la loi , il est considéré comme coupable , la sanction tombe , vingt quatre mois de prison ferme .
Max Nedelec n'existe plus , il est devenu un prisonnier , un numéro d'écrou.
Il est confronté brutalement au monde carcéral , à la violence gratuite , aux règlements de compte .
Heureusement pour lui , sa fille , sa chère Mélodie , va se battre pour lui .
Tous n'ont pas cette chance , les lourdes peines sont souvent confrontés à la perte de leurs proches qui eux continuent leurs vies loin de la prison .
Un portrait sans concession de la justice , de son côté kafkaïen inéluctable , du monde impitoyable de la prison où les plus forts font la loi .
Une lueur d'espoir , d'humanité parfois , comme ce prêtre qui ne renonce pas à aider des hommes désespérés, déshumanisés, prêts à tout pour survivre derrière les murs de la prison .
Il y a cette femme médecin qui veille comme elle le peut , sans jamais se décourager sur tous ces êtres meurtris , ces corps et ces âmes en souffrance .
Il y a des monstres parfois créés par l'emprisonnement lui - même , ceux qui font régner la terreur ou simplement qui veulent être respectés .
Des histoires émouvantes comme celle de Marcos qui parviendra à garder sa dignité , Marcos le portugais , impressionnante brute qui cache un grand coeur .
J'ai été agréablement surprise par ce premier roman , l'écriture est très belle .
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A la suite d'un concours de circonstances, Maxime dit Max Nedelec, un chef d'entreprise en faillite, est condamné à deux ans de prison pour des faits sans grande gravité dont il est en partie innocent. Le roman raconte sa détention et les nombreuses épreuves qu'elle lui réserve. ● On voit une prison fonctionner de l'intérieur, avec ses gardiens sous pression, ses clans, ses caïds, ses passe-droits, la drogue, la religion : pour cela le livre est intéressant et aussi terrifiant. On se dit : pourvu que jamais je ne connaisse cela, je ne tiendrais pas une minute là-dedans avec ces gens. Max est condamné surtout parce qu'il a perdu le bordereau de paiement d'une amende judiciaire de trente mille euros qu'il a effectué quatorze ans auparavant mais dont il n'a aucune preuve. On se dit que pour une broutille pareille on pourrait soi-même aussi être condamné et vivre le même cauchemar que lui ! Ça fait froid dans le dos. ● Mais le livre de Pauline Clavière ne me paraît ni bien écrit ni bien construit. On se dit au début que la confusion des propos reflète sans doute la désorientation du personnage principal, confronté pour la première fois au milieu carcéral alors que rien ne l'y préparait. Mais cette confusion perdure tout au long du roman, avec en outre de petits paragraphes peu agréables à lire, et des passages en italiques dont on se demande bien la fonction. Côté construction, l'auteur fait le strict minimum, le récit est très linéaire et finit par être ennuyeux. On se demande ce qu'ont fait l'éditeur et les correcteurs, car le livre me paraît beaucoup trop long et j'ai vu passer des fautes de français énormes, indignes d'un livre publié chez Grasset. ● Si on est bien évidemment à des années-lumière des romans carcéraux de Jean Genet ou du Journal et des livres d'Albertine Sarrazin, on est aussi très loin de romans plus populaires comme Meurtres pour rédemption de Karine Giebel où l'on trouve une réelle tension narrative. ● Pour moi, une déception.
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Au moment d'écrire une petite chronique sur ce roman , je me pose encore la question: pourquoi me suis-je ainsi trouvée happée par ce gros roman dont le sujet n'est pas forcément palpitant. Peut-être tout simplement parce qu'avec le texte de P.Clavière on entre en littérature, la vraie, et c'est un premier roman!
Pour ne pas avoir retrouvé le bordereau d'une traite qu'il pense avoir acquittée, Max Nedelec ,dirigeant d'une PME se retrouve en prison. Là, on pense au "Procès" de Kafka...
il découvre l'enfer de la prison , mais est persuadé que ce sera une erreur vite réparée.
"Laissez toute espérance vous qui entrez" écrit Dante . Max aura le temps de méditer.
En fait il va passer quelques saisons en enfer.Il va devoir apprendre à baisser les yeux, à comprendre le langage de la prison, s'adapter à ses codétenus (Marcos en est peut-être le plus attachant). Dans cet univers hostile, tout est inquiétant, et pour tout le monde, gardiens compris.Le mal rôde partout, la violence et la folie se respirent comme l'air vicié qui emplit les cellules. Et règne en majesté, épinglée partout la LOI, édictée par l'administration pénitentiaire, et de laquelle tout le monde se fiche.
Le style de P.Clavière appelle à tourner des pages noires ou lumineuses, dans une écriture vive et rapide. 600p étonnantes, pas le style d'une journaliste qu'est pourtant l'autrice, chroniqueuse à "C L hebdo"sur France5 .
Un gros coup de coeur.
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On plonge, on sombre avec Max Nedelec alors que pour une histoire administrative, il va se retrouver derrière les barreaux !
Patron d'une imprimerie, il a un peu triché, il s'est rattrapé... Mais pas de traces du remboursement de sa dette... le couperet tombe et Max quitte le tribunal pour se retrouver dans une cellule de 9m2.
Des tentatives d'appels, la vie quotidienne glauque dans cette minisociété qu'est la prison...
Pauline Clavière nous livre un roman impatient ; les chapitres s'enchainent, on se perd parfois, sonné par les événements vécus par Max... Peut être quelques longueurs par moment, mais ils nous permettent de vivre une immersion totale... s'imaginer dans la cellule, assis sur les toilettes face son voisin de cellule... le froid, la chaleur, le traffic...

Un 1er roman très réussi ! Auteur à suivre !
Merci à Netgalley & Grasset
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Imaginez qu'un jour, la police vienne vous cueillir en bas de votre immeuble – immeuble résidentiel dans lequel vous louez le plus beau des appartements. Sous les yeux de votre voisine, une commère que vous soupçonnez de vous voir comme un parvenu, on vous passe les menottes aux poignets, veuillez nous suivre, monsieur, baissez la tête, montez dans le véhicule. Max Nedelec ne comprend pas. Qu'est-ce qui justifie de telles mesures, une telle humiliation ? Il n'est après tout qu'un chef d'entreprise en faillite, est-ce à ce point répréhensible ? Après l'affront de la garde à vue, c'est au tribunal, parqué derrière une vitre, qu'il apprend la raison de son enfermement : une erreur administrative. Un papier, un putain de papier qui n'a jamais été transmis à son destinataire : le bordereau d'une amende judiciaire qu'il est convaincu d'avoir envoyé, pour régler son dû de 30 000 euros… il y a 14 ans ! Un fait presque anodin. Il crie à l'injustice, il n'a rien à faire là, entouré de malfrats qui se crachent au visage. Mais le procureur ne veut rien entendre, c'est la loi, monsieur, on vous avait prévenu. On va vous conduire en prison pour vingt-quatre mois. le vie de Max s'effondre. Il a 56 ans, a essuyé un divorce et la dépression qui va avec, il n'a pas été préparé à ça – qui l'est, d'ailleurs ?

Le milieu carcéral est violent, délétère, un monde à part qui fonctionne selon ses propres codes, et il est très bien rendu ici. Mais la lenteur de ce roman, sa platitude (certains paragraphes, à quelques pages d'intervalle, sont sensiblement les mêmes) m'a rapidement lassée. Je le regrette, car la transparence avec laquelle l'auteur traite le sujet et l'histoire en elle-même sont intéressantes, une histoire malheureusement crédible. Victime des failles de l'administration, Max Nedelec se voit traité comme un moins que rien, sans avoir la possibilité de prouver sa bonne foi. On ne sait plus, du personnel – geôliers et magistrats – ou des caïds qui l'entourent, qui sont les plus dangereux. Ai-je tremblé pour lui ? Ai-je eu la larme à l'oeil, le sentant sans défense, livré à l'horrible machine judiciaire ? Non, et je le regrette. le discours est parfois décousu, les réflexions du personnage, trop fréquentes, tombent à plat, et l'ennui qui s'installe passé les premiers chapitres de « découverte » persiste et signe jusqu'au bout. le malheureux Nedelec m'a semblé absent, ailleurs, tout du long. Son rôle d'observateur m'a tenue à distance. Où sont les émotions qui auraient dû me tordre les tripes en m'imaginant à sa place ? L'empathie qu'il aurait dû susciter ? C'est ce qui manque cruellement à ce roman, que j'avais hâte de terminer. Je n'ai pas toujours compris où l'auteur voulait m'emmener, et j'ai fini par rester sur le bord du chemin.

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On redoute parfois d'avoir à terminer un livre. D'avoir à quitter ces personnages qui nous ont accompagnés, habités, des jours durant. Une véritable émotion de séparation ressentie en achevant le premier livre de Pauline Clavière, Laissez-nous la nuit.
Un livre fort, engagé, qui chahute. Un livre qui va chercher loin à l'intérieur de soi.
J'ai connu Pauline dans C L hebdo où elle présente une chronique d'archives dans laquelle transparaît sa sensibilité, son regard pertinent, sur les sujets de société qu'elle y évoque.
En apprenant que sortait son premier roman, je n'ai pas été surpris. Encore moins en découvrant qu'elle y évoquait le milieu carcéral. Sujet tabou, dont on parle sans en parler vraiment. Un prolongement évident à ce que laissait entrevoir son travail télé et radio.
Les premiers mots vous embarquent. D'emblée on comprend que ce livre est pensé, écrit, qu'il n'est pas un livre de journaliste qui sait composer des suites de phrases correctes, mais qu'il y a un style, des choix, une voix singulière.
Une voix maîtrisée, acérée, qui évoque la prison d'une manière à la fois chirurgicale et humaine, documentée et humaniste.
Autour de Max, personnage central, le récit, remarquablement conduit, à la fois fluide et reproduisant une tension permanente, hypnotique, ouvre sur une galerie de portraits comme autant de portes de cellules au travers desquelles nous oserions enfin regarder. Les mots sur l'injustice, l'anniversaire de Max, Marcos auquel je me suis tant attaché, Nicolae, Françoise, Gino, tant de pages troublantes qui triturent le ventre, embuent le regard... Je les emporte avec moi. Remué de fond en comble.
Chère Pauline, en vous emparant à bras le coeur de ce sujet qui traverse la société française, vous vous inscrivez dans une lignée qui va de la tirade de Scapin dans Les Fourberies jusqu'au texte prononcé par R. Badinter en 1981 devant l'Assemblée Nationale, en passant par Claude Gueux de V. Hugo et Deux hommes dans la ville de J. Giovanni.
Vous faites oeuvre littéraire et oeuvre utile, redonnez de la dignité à tous ces êtres, mettant en lumière l'indignité de notre société. Il faut que votre livre soit lu, étudié, transperce les murs. Et qu'au passage on vous en remercie.
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Un récit fort et poignant inspiré d'une histoire vraie : un homme ordinaire qui se retrouve en enfer !
On va suivre pendant quatre saisons, le quotidien en prison de cet homme que rien n'a préparé, à vivre dans ce monde qui n'existe nul part ailleurs, surtout pas dehors et que personne ne veut connaître.
Une immersion réussie dans cet univers carcéral, si particulier aux règles bien à lui, établies suivant la hiérarchie des détenus, leurs méfaits... Ce récit a eu une résonance particulière avec notre confinement, j'ai vraiment eu l'impression d'être le co de Max.
Pauline au parloir pour la suite !
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Pauline Claviere nous propose, dans son premier roman, une plongée au coeur de l'univers carcéral. Max Nedelec, patron d'une imprimerie, se retrouve derrière les barreaux suite à une erreur judiciaire même si notre protagoniste principal semble tout de même souffrir d'une phobie administrative.

Ce premier roman, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle plume qui semble avoir de nombreuses qualités. L'écriture est fluide, facile et d'une bonne tenue. Cependant, je me suis rapidement posé une question qui est ensuite resté nichée au coin de ma tête pendant toute la lecture, l'écrivaine n'a-t-elle pas voulu en faire un peu trop ?

Je m'explique, j'ai trouvé ce roman globalement assez brouillon dans sa construction et dans le récit même. Les détails sur différents personnages sont multipliés et peuvent être intéressants mais ils sont souvent mal amenés, on passe parfois de coq à l'âne en une page et il n'est pas toujours simple de recoller les morceaux compte-tenu du nombre de personnages secondaires et des multiples trames secondaires. Et donc forcément, je n'ai jamais réussi vraiment à plonger dans le roman et je suis resté assez détaché de ma lecture.

Pour moi ce roman manque d'un côté vraiment percutant et c'est dommage car les réflexions sur la justice et sur l'univers carcéral sont intéressantes et on a envie de suivre les différents détenus de cette prison car cette galerie de personnage a été bien travaillée par l'écrivaine.

Au final, je ressors donc avec un sentiment plutôt mitigé sur ce roman. Pauline Clavière est une romancière à suivre assurément mais ce premier roman manque cruellement de concision et souffre d'une construction pas toujours très clair avec des transitions trop souvent absentes. Cette histoire aurait vraiment mérité d'être plus incisive, plus percutante. Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment de lecture et que je ne déconseille pas ce roman.
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