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Critique de PaulMartin


Longue dissertation journalistique sur le thème de la manipulation de l'opinion, « mal insidieux qui « vise à mettre le citoyen hors circuit ».
Le propos est trop dilué, et même ratiocinant, délayant à l'extrême des banalités, sans qu'on sache si c'est par souci de décrire toutes les facettes des sous-sujets ou par difficulté à les hiérarchiser et à les articuler à l'appui d'une thèse. A moins qu'il s'agisse d'en faire le livre à lire de l'été 1990, instructif sans demander trop de réflexion. L'auteur décrit l'actualité mais va peu en profondeur malgré des rappels historiques. « Il ne s'agit que d'un carnet d'exploration, non d'une étude sociologique, (…) qui ne prétend à aucune valeur générale ou scientifique. » (p.61) Pour avoir lu Toujours plus ! je crains que ce soit la marque de fabrique de de Closets.
Sur ce plan, il est à l'opposé d'un Attali qui aurait bien mieux construit, analysé, donné du sens, fait plus concis et finalement plus clair.

Une multitude de sujets liés à la manipulation sont évoqués : la chute des régimes communistes d'Europe, le communisme, les pétitions, la réforme de l'orthographe, le bicentenaire de la Révolution, l'alternance de 1986, les municipales de 1989, les privatisations, les sondages, l'idéologisation de l'immigration au détriment de l'efficacité, les syndicats, les ouvriers, les corporations, l'Eglise, la presse…

Ce qui semble surtout exaspérer l'auteur ce sont les arrangements politiciens entre l'ouverture de 1988 et la fermeture de 1989 quand l'intérêt des partis s'oppose à la volonté des Français et les discours contredisent les actes. On a même l'impression que c'est l'élément déclencheur de l'écriture du livre, d'où le fait qu'il ait autant vieilli, ce qui le réduit à une chronique parfois intéressante de la décennie 80.

L'auteur consacre 1/3 du livre à l'immigration, au « mal-vivre des cités multiraciales », et donne sa vision de la situation à la fin des années 1970 quand il n'y avait « pas de conflits de cohabitation pour la raison simple que Français et Africains ne cohabitaient pas. » (p.230)
L'émergence du FN en 1983 apparaît comme le refus de cette cohabitation devenue incontournable à cause de l'augmentation du nombre, lui-même dû au regroupement familial de 1976.
Or, les politiques proposées aujourd'hui, 30 ans plus tard, se concentrent sur l'augmentation de la « mixité », autrement dit sur l'augmentation des causes à l'origine du problème. Elles ne peuvent donc faire que l'aggraver. Ces politiques vont contraindre plus durement à vivre ensemble des gens qui n'en ont pas envie, ce qui exacerbera les tentions et donc les violences. En ce sens, elle est irresponsable.
L'auteur le reconnaît lui-même à propos d'une « ville malade de l'immigration », « Dreux reste malade de ses problèmes sociaux (…), de sa cohabitation forcée. (…) les petits Blancs supportent encore plus mal une cohabitation qui, pas simple voisinage, les situe aux marges de la société. » (p.245). « …on constate bien qu'un afflux de population étrangère peut, à partir d'un certain seuil, créer des réactions d'intolérance » (p.277), « cette crispation des Français face à une trop forte présence de l'islam. » (p.321)
Le seul moyen efficace est la réduction du nombre, mais pour des raisons de « valeurs » exercer une pression sur les allochtones cela semble plus difficile à mettre en oeuvre qu'une pression sur les autochtones. Quand l'application de « valeurs » se fait au si grave détriment du pays qui les porte, il faut réviser ces valeurs. Ce n'est pas si difficile.
La fermeté en matière migratoire a été une valeur de gauche. En avril 1937, le cabinet Blum ordonnait aux préfets de « refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s'introduire sans passeport ou titre de voyage valable ou qui n'aura pas obtenu de visa consulaire ». En 1983, la gauche fermait les frontières et proposait la remigration (primes au retour)…
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