AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zephirine


Jean-Luc Coatalem a pris à bras le corps cette histoire douloureuse qu'il raconte à la fois pour lui et pour sa famille. Cette histoire, c'est celle de son grand-père paternel qu'il n'a jamais connu, car mort en déportation. Une chape de silence a recouvert le destin de cet homme dont on refuse de parler dans la famille. La douleur est toujours là, tapie dans le souvenir et le vide creusés par l'absence d'un père pour ses deux fils et d'un époux pour la grand-mère de l'auteur.
Mêlant ses propres souvenirs de vacances en Bretagne, berceau de la famille Coatalem, l'auteur revient sur les traces de ce passé étouffé. Il cherche à comprendre la sidération et la souffrance provoqués par l'arrestation sur dénonciation, puis la déportation et la mort de Paol.

Rassemblant des bribes de l'histoire, il va remonter les traces de l'aïeul, cheminer à ses côtés pour tenter de comprendre. « Longtemps je ne sus quasiment rien de lui, hormis ces quelques bribes arrachées, ces miettes »
Né en 1894, Paol va connaitre l'enfer de 14-18. Officier de réserve, il partira deux ans en Indochine, laissant femme et enfants à Brest. Puis, en 1943, il est arrêté sur dénonciation et jeté dans les geôles de la Gestapo. Ensuite, après la prison à Brest, le camp de triage à Compiègne, suivra la déportation vers les camps de Buchenwald, Dora et Bergen Belsen.
Ce livre d'un destin fracassé, l'auteur le porte en lui depuis longtemps. Il va entreprendre un long travail de recherche et de documentation, chercher des témoins, afin de retracer le parcours de Paol. Son père Pierre ne comprend pas cette obstination, et la souffrance de la disparition d'un père est encore là, à fleur de peau.
Malgré la difficulté de l'entreprise, Jean-Luc Coatalem poursuit sa quête, allant même visiter ces lieux de mémoire que sont les camps, en particulier Dora. Creusé dans la montagne, Dora abritait l'usine de fabrication des V2. Les prisonniers, qui vivaient sous terre nuit et jour, travaillaient à creuser des galeries dans des conditions inhumaines. Rares ont été les survivants.
Au-delà du travail de recherche, la beauté du roman tient à cette approche imaginée de la vie de Paol, tous ces manques que le petit fils tente de combler d'une plume vibrante et sensible. Partant de quelques photos retrouvées, il remaille les trous de l'histoire et nous offre un récit troublant.
Je me suis laissée embarquée, à la fois par l'écriture, poétique, évocatrice, et par le récit émouvant.


Commenter  J’apprécie          440



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}