AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dominique_Lin


En ouvrant Lignes brisées, je savais que je le lirais sans m'arrêter. Je ne m'étais pas trompé !
Est-ce parce que je connais Harold Cobert depuis des années, que son livre fait 128 pages ou que les premières lignes du roman* donne tout de suite envie de plonger ? Un peu les trois, certainement.
Gabriel, écrivain reconnu et primé, est en tournée de promotion pour son dernier roman Lignes brisées. Un train l'emporte vers Bruxelles où une séance de dédicaces l'attend dans une librairie. L'espoir de revoir son amour de jeunesse, Salomé, parlementaire européenne en poste dans la ville, l'accompagne. Elle aussi, au milieu de son quotidien chargé, se prépare à y aller ; comme deux lignes parallèles qui se rencontreraient au bout de l'horizon.
Depuis leur séparation, ils se sont revus d'une façon irrégulière. Chaque fois, il aurait aimé s'expliquer avec elle, ne pas fuir les mots qui éclairent les comportements, mais chaque fois, il n'a pas osé; elle aussi a éludé le sujet.
Cela semble l'avoir tant tourmenté qu'il en a fait le sujet de Lignes brisées, ce roman qu'il présente à la librairie. Il est question de leur jeunesse, de leur relation, leurs espoirs, leurs rêves, mais aussi de leur séparation. C'est lui qui est parti.
Leurs rêves de jeunesse : pour elle le début d'une carrière internationale dans la danse qu'elle a abandonnée, pour lui, l'envie d'écrire « à tout prix », rêve qu'il a suivi et qui la ramène à elle…
Elle n'est pas à la séance de dédicaces, une réunion de dernière minute qu'il prend pour une excuse bidon… un SMS, il veut la voir, elle est occupée, il insiste, une dernière chance.
Ils se donnent rendez-vous dans un parc de la ville.
Le roman prend alors une nouvelle tournure, un nouveau rythme. Une longue conversation, rythmée, parfois houleuse, étouffante par moments, oppressante. Même si cela prend du temps, tout y passe, tout doit y passer, tout ce qui se trouve dans les pages du roman, ce qu'il a vécu, cette fois-ci, il veut aller au bout. Mais il y a aussi sa version à elle… Deux histoires viennent s'entrechoquer, se bousculer, deux facettes d'une même vie qu'ils ont vécue, deux lignes brisées.
Que ressortira-t-il de cette rencontre ? de ces années de non-dits, de suggestions, d'apparences, d'attentes, d'espoirs, de souvenirs, de regrets.

J'ai été séduit par ce texte qui chahute, remue, interpelle, même si au début, j'étais un peu perturbé par l'alternance des pages cornées (extraits du roman dans le roman), ce que l'on comprend à la fin et qui éclaire bien des points de la conversation, car il y a interférence entre la fiction du roman et le roman par lui-même.
Ça remue de l'intérieur et les questions que Lignes brisées pose ne sont pas anodines, même si, justement, quand on se les pose, c'est qu'il est trop tard ; un constat déroutant. Car on ne peut pas se poser des questions d'adultes quand on est adolescent, tout le dilemme est là ! Putain de condition humaine…

Premières lignes du roman :
J'attends. Je suis devant chez tes parents. J'ai le teint cendreux, je flotte dans les résidus cotonneux d'une de ces cuites dont je suis coutumier. Nous sommes dimanche, je me suis couché avec l'aube. Je suis venu à pied. Un crachin d'automne embue les rues.
Je t'ai quittée depuis trois semaines, après trois mois passés ensemble. «Je te quitte»: trois mots, tout se ferme et s'effondre. «Je t'aime»: trois mots, tout s'ouvre et se bâtit. Trois mois, trois semaines, trois mots, puis s'en va.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}