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Critique de Syl


L'entreprise des Pompes Funèbres Sewell et fils, dans les quartiers de Baltimore, près du port, est dirigée par un sémillant croque-mort, Hitchcok Sewell, trente-quatre ans, un mètre quatre-vingt dix, corps d'athlète, visage d'ange, et sa tante Billie, une dame douce et malicieuse.
A l'âge de douze ans, Hitch s'est retrouvé orphelin suite au décès de ses parents dans un accident de la route. Élevé par sa tante et son oncle, il a pris le relais de l'entreprise familiale à la mort de celui-ci.

« La fête battait son plein. La pièce grouillait de personnes du troisième âge et du deuxième un peu avancé (ce qu'on nomme aujourd'hui pudiquement les « seniors ») regroupé çà et là, parlant à voix basse, se serrant la main et évitant soigneusement l'invité d'honneur – Mr. Weatherby – étendu dans son cercueil (modèle Ambassade : très prisé) à l'autre bout de la pièce, aussi mort qu'un mort puisse l'être… Je déambulai dans la pièce et serrai quelques mains. On m'assura à chaque fois que le pompier retraité avait été « un brave homme ». C'est assez courant. Il n'y a que des braves illuminés pour venir vous susurrer à l'oreille que le mort était un ignoble fils de pute. »

Durant une veillée mortuaire, par un mercredi du joli mois de mai, une jeune femme fait trébucher Hitch, légèrement abruti d'ennui. Intrigué par cette pin-up habillée en joueuse de tennis et surtout attiré par ses longues jambes et son petit minois, Hitch voit en cette apparition un salut à sa langueur. Discrètement, il se présente et cherche à savoir comment elle a pu s'égarer en ces lieux et circonstances. La demoiselle est peu loquace, légèrement ivre et ne souhaite que partir, rendant Hitch beaucoup plus pressant. Toutefois, avant qu'elle ne disparaisse, elle lui laisse son nom et la raison de sa visite… Elle s'appelle Carolyn James et souhaiterait avoir des renseignements sur un enterrement. A la question de Hitch « Puis-je me permettre de vous demander à qui vous pensiez exactement ? », elle lui répond « A moi ».

Toute la journée du lendemain, entre la première répétition de la troupe de théâtre associatif Les Gypsy Players de leur petite ville, où Hitch se voit contraint (acte civique et social) de jouer un rôle, et les quelques heures passées dans les bras et le lit de son ex-femme Julia, une artiste peintre très excentrique et croqueuse d'hommes (divorcés, certes, mais relations encore très amicales), notre peu commun croque-mort pense à Carolyn… Imaginez alors sa surprise, lorsque sa tante lui annonce à son retour que le client qui attend bien sagement et patiemment dans le sous-sol pour une préparation funéraire est une jeune femme de vingt-sept ans, suicidée, portant au visage la couleur estompée d'hématomes et ayant le nom de Carolyn James.
Sa Carolyn James ? Non !… une autre.
Lors de la cérémonie, très peu de gens sont présents, voire personne. Mr. Castlebaum, un vieux monsieur, voisin de la défunte, et le compagnon de celle-ci, Guy Fellows, un bel homme, un peu trop susceptible, bâti comme un boxeur qui n'hésite pas à bousculer et menacer du poing, lui rendent un dernier hommage. Mais à la fin de l'enterrement, Hitch se voit forcer d'interrompre une bagarre entre Fellows et Castlebaum. Se mêlant à la querelle, les coups tombent sans discernement.
« – Vous n'êtes qu'un loquedu !
– Fermez-la !
– Occupez-vous de vos putains d'oignons !
– Ne dites pas « putain » dans un cimetière, espèce de nazi !
– Allez vous faire foutre !… »

Reconsidérant les faits passés, Hitch songe à sa mystérieuse inconnue qui lui a donné le nom d'une autre, anticipant sur le décès. L'appelant Lady X, il commence à enquêter sur la vie de la vraie Carolyn.
Son investigation sera brève car dans la soirée, un détective vient le chercher et l'emmène au poste de police. Il est suspect dans une affaire criminelle. le mort est un certain professeur de tennis, Mr. Guy Fellows.

L'affaire est étrange, dès le début Hitch perçoit juste fil de la trame ; tout commence par des violences conjugales. Mais beaucoup de personnalités rentrent en scène. Des flics corrompus, des politiciens véreux, des maîtres chanteurs, des milliardaires, un jeune conseiller ambitieux… jusqu'à sa Lady X qui l'assistera dans sa justice…

Ce livre est un polar peu ordinaire et je l'ai beaucoup apprécié. Avant l'intrigue, c'est la truculence des personnages qui entourent Hitch. Sa tante, ses amis, ses ex-beaux-parents, son ex-femme, sa troupe de théâtre… Il y a beaucoup d'humour, d'ironie, d'auto-dérision et pour certains, une naïveté attendrissante. Dans ce quartier de Baltimore, il y a une belle solidarité. Hitch, séducteur, preux justicier et croque-mort, est parfois d'une intrépidité un peu stupide et c'est ce qui fait son charme. Sa verve et son espièglerie fantaisiste rendent le sérieux de certaines situations comiques.
En ce qui concerne, l'intrigue policière… j'en ai lu des plus palpitantes… et ce n'est pas pour cette raison que je continuerai la série. Cela sera surtout pour le charisme de Hitch (et ses beaux yeux bleus !). A suivre…

Petit extrait ; Hitch peut être taquin :

« M'apercevant à l'accueil, le détective John Kruk m'invita à le rejoindre dans son bureau.
– Asseyez-vous, Mr. Sewell. Je m'exécutai.
Il alla droit au but :
– Mr. Sewell, auriez-vous l'obligeance de me redire où vous étiez samedi soir dernier ?
– M'enfin, encore ?
– Vous répondez à ma question par une question. Je n'aime pas ça.
– Ah oui ?
Je ne pouvais pas résister. le détective attendait. Son expression me disait qu'il pouvait patienter toute la journée. Je repris :
– Voyons si j'ai bien compris. Je ne suis pas suspecté de ce meurtre, mais vous aimeriez entendre mon alibi quand même, c'est ça ?
– C'est ça, oui.
– Et si je n'en ai pas ?
– Vous posez encore des questions.
J'agitai théâtralement mon poing dans les airs.
– Eh bien, je suis désolé, détective. Mais je veux des réponses, bon sang !
Une fois, il y a bien longtemps, dans le passé préhistorique du clan Kruk, un léger sourire a peut-être été esquissé. Si tel est le cas, l'auteur de cet affront a immédiatement été matraqué à mort et le gène dévoyé, éliminé à jamais. »
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