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Critique de Cricri124


Un père alcoolique & violent qui les abandonnent, et revient mourir chez eux, une mère malade, et eux, les enfants, ce frère et cette soeur, Paul et Élisabeth, âgé de 13 et 15 ans, livrés à eux-mêmes, qui se replient peu à peu dans un monde imaginaire et développent au fil du temps une relation complexe et exclusive. La chambre est ce lieu fermé au monde extérieur, à celui des adultes, et à la normalité, ou ils se livrent "au jeu". Un endroit à leur mesure, ou ils jouent la grande sérénade de l'amour et de la haine: un spectacle passionnel exacerbé, ponctué de "Je t'aime, moi non plus"; des émotions excessives où complicité, insulte, manipulation, cruauté, innocence, pureté, vénération, y fleurissent pèle mêle. Ils sont rejoints très tôt par Gérard, puis plus tard par Agathe, dont les regards adoratifs, décupleront la créativité. Tant que les rôles de chacun garderont leur immuabilité, l'harmonie se maintiendra. Mais dès que l'un d'entre eux dévira du rôle qui lui est arbitrairement dévolu… alors là, c'est une toute autre histoire.

Récit plein de poésie et de fantaisie sur l'adolescence exaltée qui enflamme l'extraordinaire et étouffe l'ordinaire, c'est aussi un récit dérangeant et oppressant. Nous y observons ces enfants tisser leur monde avec des fils de soie qui se resserrent inexorablement sur eux. Un peu à l'image du cirque de puces imaginaire de John Hammond (alias Richard Attenborough) dans le film Jurassic Park. Pauvre cocoon illusoire. Pauvres marionnettes démantibulées. Impossible cependant de rester sur le pas de la porte. Soit on entre dans la chambre - leur chambre - (au risque de devenir soit même un jouet entre leurs mains), soit on claque la porte et on s'en retourne d'où on vient. Car il n'y a pas de demi mesure avec ce genre d'ouvrage qui prend toute sa dimension dans l'excès: soit on aime, soit on n'aime pas!
Publié en 1929, cela n'en demeure pas moins un récit terriblement intemporel, et difficile à cataloguer d'ailleurs.

Je vous recommande de le lire sur fond de musique classique ou d'opéra. C'est très agréable. La musicalité qui se dégage naturellement de ce récit créée une sorte d'osmose entre les deux. A mon avis, les oeuvres musicales qui le représente le mieux, sont l'opus 64 de "Romeo et Juliette: Danse des Chevaliers" (Serge Prokofiev) & "Danse Macabre" (Camille Saint-Saëns). L'une met plus en exergue une tension addictive, l'autre un envoutement torturé, mais les deux subliment l'émotion dans ses extrêmes : amour et haine, adoration et répulsion, vie et mort...Tout simplement Grandiose! Enfin, ce choix n'est que le reflet de mon interprétation musicale du livre ! Par conséquent, une liste très très loin d'être exhaustive.
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