AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Ce dernier recueil de proses brèves de Marcel Cohen, comme les autres, je crois, est un livre à relire. Enthousiasmé par les critiques de France-Culture et par mes souvenirs de "Faits", je me suis procuré "Détails" et l'ai lu goulûment, comme on satisfait une pulsion. Il faut se garder de faire cela, car c'est le meilleur moyen de consommer le moins consommable des livres, et de l'oublier une fois le plaisir littéraire éprouvé. Ce plaisir immédiat n'est pas bien grand, car la sobriété de la prose, l'apparente simplicité du propos, nous refusent toute adrénaline (comme dirait Glenn Gould) et réservent au lecteur patient, ou au "relecteur", la lente montée du sentiment d'admiration (Gould : "a lifelong construction of a state of wonder"). Aussi les trois étoiles que je réserve au livre notent ma mauvaise lecture, plus qu'elles n'évaluent l'ouvrage.

Le détail, dans la littérature, est un ferment de révolution. Quand l'idéologie infeste les livres, comme aujourd'hui, elle y va avec de grands mots, des abstractions vides qui sonnent bien, des émotions et "indignations" généreuses qui font admirer ceux qui les éprouvent. Le plat commentaire tendancieux du réel occulte ce réel même. On ne sent plus rien, on ne voit plus rien, on n'entend plus rien de la parole concrète des hommes. Le monde s'efface derrière son commentaire bien-pensant. Le détail pourrait bien être le critère de la bonne littérature.
Commenter  J’apprécie          112



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}