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EAN : 9782072738401
208 pages
Gallimard (16/11/2017)
3.97/5   15 notes
Résumé :
Détails qui s'inscrit dans le prolongement de la trilogie des Faits (publiée entre 2002 et 2010), témoigne une nouvelle fois chez l'auteur, mais sous un angle légèrement différent, du sens tout à fait unique de l'observation, de l'introspection et de l'Histoire. En faisant du détail d'un paysage, d'une situation, d'une ?uvre d'art, l'essentiel, il renverse le point de vue habituel et réveille singulièrement le regard et la pensée de son lecteur.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce dernier recueil de proses brèves de Marcel Cohen, comme les autres, je crois, est un livre à relire. Enthousiasmé par les critiques de France-Culture et par mes souvenirs de "Faits", je me suis procuré "Détails" et l'ai lu goulûment, comme on satisfait une pulsion. Il faut se garder de faire cela, car c'est le meilleur moyen de consommer le moins consommable des livres, et de l'oublier une fois le plaisir littéraire éprouvé. Ce plaisir immédiat n'est pas bien grand, car la sobriété de la prose, l'apparente simplicité du propos, nous refusent toute adrénaline (comme dirait Glenn Gould) et réservent au lecteur patient, ou au "relecteur", la lente montée du sentiment d'admiration (Gould : "a lifelong construction of a state of wonder"). Aussi les trois étoiles que je réserve au livre notent ma mauvaise lecture, plus qu'elles n'évaluent l'ouvrage.

Le détail, dans la littérature, est un ferment de révolution. Quand l'idéologie infeste les livres, comme aujourd'hui, elle y va avec de grands mots, des abstractions vides qui sonnent bien, des émotions et "indignations" généreuses qui font admirer ceux qui les éprouvent. Le plat commentaire tendancieux du réel occulte ce réel même. On ne sent plus rien, on ne voit plus rien, on n'entend plus rien de la parole concrète des hommes. Le monde s'efface derrière son commentaire bien-pensant. Le détail pourrait bien être le critère de la bonne littérature.
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S'attarder sur les détails, manie d'écrivain, puisque le détail est un éclat significatif du monde, un fait – Marcel Cohen sous-titre son livre « faits » – qui échappe à la monotonie de la répétition à l'identique. Comment écrire les détails ? Forcément en papillonnant. L'autre solution aurait été – tout écrivain en rêve – de n'écrire sur des centaines de page qu'un seul détail, tant tout détail, tant tout fait est potentiellement infini. L'auteur – il a la pudeur de ne parler de lui que sous l'appellation « l'homme » mais personne n'est dupe – se perd en conjectures sur les bretelles de soutien-gorge et sur la tête d'un veau en vitrine d'une boucherie. Il dresse des listes de faits précis qui donnent à réfléchir, remonte souvent le temps à la recherche de l'origine de ses obsessions pour les couteaux ou pour les livres, rencontre souvent sur sa route le génocide des juifs – affublé du qualificatif de détail jadis par un sinistre connard –, réfléchit sur le sens des petites choses, puisque les détails ont souvent plus de sens que les grandes idées. Bref, les détails de Marcel Cohen ne sont pas seulement des anecdotes, ils sont la matière même qui pousse à écrire et à penser.
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On ne trouve aucun écrit sur Alexander Calder pendant l'occupation en France, bien au contraire

d'après tous les livres et biographie, il était à New York dans toutes les années 40 (en 1943 il expose à New York chez Yves Tanguy)

Dans les dialogues extrait du film "Calder Sculpteur de l'air" on lit :
En 1933, le climat en Europe s'assombrit Louisa et Sandy décident de partir de France et retournent en Amérique
Pas d'écrit sur Luisa qui aurait été médecin, (elle avait 24 ans quand elle rencontre Calder), dans l'autobiographie de Davidson sur Calder, suite à sa rencontre avec Luisa (accompagnée de son père) sur le paquebot de Grasse en 1931, on lit :
Son père venait de lui faire visiter l'Europe pour qu'elle fasse connaissance de la jeune élite intellectuelle. Et tout ce qu'elle avait rencontré c'étaient des concierges, des portiers, des chauffeurs de taxi...et finalement Moi.
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l'homme du livre, double de l'écrivain est obnubilé par toutes sortes de détails.
Pour Marcel Cohen, contrairement à Nietzsche, « Dieu est dans les détails « 
Un point rouge dans un tableau, la table à roulettes du patient hospitalisé, le glissement des bretelles de soutien gorge, dans le métro, la lecture, les animaux.......tout est prétexte à la rêverie et à la réflexion.
Grâce à l'intelligence de l'auteur , à la sobriété du style, à la justesse de l'écriture, cet ouvrage d'une grande culture et d'une réelle profondeur, est, pour moi, un vrai plaisir de lecture.
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Cette fois les textes sont plus longs, avec quelques uns menés par 'l'homme' ou 'l'enfant' que je sens assez autobiographiques. Une enfance lointaine et campagnarde, plein de charme. Avec un canif, un stylo, des sauterelles, des lapins. Toute personne ayant connu une enfance rurale il y a quelques décennies s'y retrouvera. Un homme très observateur, et de menus détails. Que je soupçonne d'être véridiques. Je pense aller vérifier par exemple si Rue royale se trouve toujours une affiche annonçant l'ordre de mobilisation générale d’août 1914... D'autres détails bénéficient de références en fin de volume, d'ailleurs.

J'ai été fascinée par cette histoire de l'homme ratant (presque?) son avion. Et puis ce long texte sur le séjour en hôpital, cette observation des détails, toujours... Fin, sensible, intelligent.

Et puis ce texte sur cet homme lecteur, quel bonheur! "S'il décidait de ne pas lire un livre sur la foi de quelques lignes, il n'avait pas besoin de beaucoup plus pour aimer un auteur qu'il n'avait pas lu."

Tout serait à citer (soupirs)
Cette histoire d'un couple chez le docteur Petiot, échappant à la mort grâce à un détail observé par l'épouse. Cette autre de l'homme achetant un baromètre.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Parmi les mammifères seul l'homme a des oreilles qui n'expriment aucune émotion. [...]

L'homme se demandait comment ce qui nous sépare des animaux a pu rester à ce point en friche. Dans ses rêveries, il lui paraissait singulier qu'un chien comprenne plusieurs mots quand aucun homme n'est devenu célèbre pour avoir appris à aboyer, à braire ou à hennir de manière convaincante. [...]

Avec les animaux, la franchise est si totale, si immédiate, si désarmante qu'il n'y a pas de proximité sans un reste de stupeur. Comment se fait-il que nous soyons si heureux ensemble, croit-on lire dans le regard des bêtes familières. Que nous arrive-t-il ? Est-ce normal ? Que veux-tu de moi ? Et pourquoi cette zone d'ombre persistante entre nous ?

De même, nous sommes incapables de dire ce que les animaux comblent en nous de si nécessaire. Aurions-nous à ce point besoin d'une reconnaissance, d'une confiance inconditionnelles, quoi que nous fassions, pour la seule raison que nous sommes nous-mêmes et personne d'autre ?
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Comparés aux héros de roman, ses proches n'en ressemblaient pas moins à des ébauches. Il avait beau les aimer, ni défauts ni qualités ne suffisaient à leur donner une réelle consistance et ils manquaient singulièrement de lest. (...) A travers les livres, il ne voulait pas du tout s'évader, comme on le lui reprochait. Au contraire, il espérait trouver un surcroît de présence, une solidité qui dissiperait l'impression de flotter dans les rues. Il imaginait même un horizon hypothétique au-delà duquel tout pourrait enfin commencer.

pp. 100-102
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De toute façon, qui peut dire ce qu'il pense tant qu'il ne l'a pas lu quelque part ?

p. 103
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Videos de Marcel Cohen (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Cohen
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
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