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Critique de ODP31


Pas de blabla dans la car. Covoiturage dans les seventies.
L'action du dernier roman de Paul Colize, un maître actuel de la série B littéraire, se déroule en grande partie dans une Mercedes 220D intérieur cuir, qui me rappelle surtout des souvenirs de vieux messieurs austères à la mine de mauvaises nouvelles, et en 1973, année d'un fameux Krach : ma naissance.
Dans l'armée, on ne pose pas de question. La grande muette n'a jamais franchi la porte d'un cabinet d'orthophoniste. Daniel Sabre, ancien conducteur de tank, est chargé par sa hiérarchie de servir de chauffeur à une civile qu'il récupère à Bruxelles et de suivre sans discuter ses directives pour une durée indéterminée.
Au caractère renfermé et taiseux du militaire répond l'impatience et la curiosité d'une femme sociable et déterminée. Aux silences gênants des premiers kilomètres, assez proche d'un trajet d'ascenseur pendant quinze étages avec un inconnu, succèdent quelques escarmouches et soirées dans des hôtels impersonnels.
Ce trajet devient une transhumance vers le passé, transitant par Lyon, Perpignan puis l'Espagne. La passagère pas si légère, Marlène, semble chercher quelqu'un et Daniel ignore pourquoi il lui a été demandé de la chaperonner.
Au fil des kilomètres, les actualités à la radio suivent les nouvelles de la guerre du Kippour, et peu à peu le militaire se laisse amadouer et aller à quelques confidences sur sa vie.
Le huis clos dans la Mercedes permet de maintenir le lecteur sous tension durant tout le roman sans temps mort (même les pauses pipi sur les aires d'autoroute sont prétexte à des péripéties). de l'asphalte, le voyage va bifurquer à l'intérieur des personnages dans un dénouement assez imprévisible. Chacun se demande s'il n'est pas manipulé et quelle est la place de l'autre dans cette histoire.
Paul Colize maîtrise à la perfection les codes du genre (et de la route !) et il fait partie des rares romanciers à ne pas toujours raconter la même histoire. Son dernier livre, « Toute la violence des hommes », suivait par exemple un mystérieux artiste croate qui dessinait des scènes de crimes sur les murs de Bruxelles. Rien à voir et c'est tant mieux. L'auteur ne se contente pas de changer les prénoms pour transposer les mêmes névroses d'un roman à l'autre.
Cette histoire ne m'a clairement pas fait le coup de la panne (voiture allemande forcément !), mais un peu plus d'humour aurait permis à mon goût de débrider le moteur et de compenser l'absence de clim dans l'habitacle. Certains dialogues sont amusants et ne manquent pas d'esprit, mais bison futé n'a pas mué en vache qui rit. Je n'attendais pas que la passagère colle ses fesses aux vitres de la voiture pour choquer un autobus de personnes âgées, mais le romancier aurait pu ouvrir un peu plus les vannes de la vanne, détacher les ceintures.
Dernière réserve, l'insertion impromptue de récits de célèbres faits divers, anciens ou récents qui viennent imager l'ironie du titre mais dont l'apport au récit m'est apparu la plupart du temps assez énigmatique (pour ne pas dire inutile, mais je reste un garçon poli).
Dans tous les cas, ce n'est pas ce roman, dont j'ai apprécié le rythme et l'originalité qui va me donner envie de faire la route avec des inconnus. Dans un train, j'ai toujours un bouquin pour m'épargner une conversation stérile. Au volant, c'est plus difficile.
Le prix de l'essence n'excèdera pas le prix de ma tranquillité. Un coup d'oeil dans le rétro intérieur et je vois ce qui commence à ressembler à un vieux con. Warning !
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