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Critique de Crossroads


Décidément, il ne fait pas bon s'appeler Rafael en littérature.
A peine plus verni que l'anti-héros de Grégory Mcdonald, celui-ci peine à trouver sa place au sein d'une famille qui n'a que faire du petit dernier.
Ignoré par sa mère, maltraité par ses frères, abandonné par son poivrot de père, voué à une vie de forçat, le gamin a tourné la roue de l'infortune et décroché le jackpot.
Un canasson et un chien pour seuls réconforts, la balance affective reste largement déficitaire.
Perspective d'avenir sur ces terres arides de Patagonie, zéro. D'autant plus que les petits élevages familiaux comme le sien périclitent au profit d'immenses domaines.
Rafael, c'est un p'tit peu le jour de la marmotte version Cosette.
Jusqu'au jour où un facétieux grain de sable viendra bouleverser l'ordre établi, offrant ainsi à notre jeune pousse l'occasion d'échapper à sa condition peu enviable de victime expiatoire.

Collette goûte peu les joies pourtant ineffables du comique troupier.
A ma gauche, une nature féroce. A ma droite, une famille qui l'est tout autant. Dans l'oeil du cyclone, un gamin ballotté par la vie qui ne rêve que d'ailleurs.

L'écriture est sèche, aride, en parfaite adéquation avec le propos.
Le terrible quotidien de cette fratrie sous le joug d'une mère castratrice et plus particulièrement celui du petit dernier ne lasse pas de répandre un sentiment de malaise diffus.
Ni échappatoire ni sortie de secours d'aucune sorte. Un destin tout tracé. Un enfer pavé de mauvaises intentions.

Collette décortique admirablement ce processus visant à mettre sous l'éteignoir, chaque jour que le Dieu de la gaudriole fait, les velléités d'émancipation d'un souffre-douleur adopté à l'unanimité de ses frangins sous le regard indifférent d'une génitrice acariâtre.

L'ambiance est pesante, l'espace géographique est raccord.
Âpre, rude, aussi accablant qu'il est vaste.
Il vous écrase de sa superbe indifférence glacée.

Au-delà d'un tableau familial confus, miséreux et anarchique formidablement dépeint, Collette s'attaque frontalement à la destinée de tout être et sa propension à pouvoir/vouloir y échapper.

Le récit déroule, sordide, cafardeux sans toutefois se fermer à d'éventuels lendemains qui chantent.
Rafael aurait pu se fendre d'une citation de JFK : Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie - mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années. 
A vous de voir désormais s'il aura réussi son pari, celui de trouver la paix de l'âme sans en payer le prix fort.
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