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Critique de enjie77


« Les premiers soldats alliés avaient débarqué à Utah Beach, là, où, précisément, l'attaché naval de Rommel, l'amiral Frederick Ruge, avait prédit, deux semaines plus tôt, qu'ils le feraient. le dieu de la guerre leur avait été favorable. Une forte houle provoquée par la tempête avait poussé leurs embarcations cinq cents mètres plus bas que l'endroit prévu qui était bien défendu alors que celui où ils avaient atterri ne l'était pas. Ce furent les enfants gâtés du débarquement.

Les vieux « Rats du désert » de la 50ème division britannique d'infanterie furent presque incapables d'atteindre le rivage. A Juno Beach, les canadiens virent leurs péniches prises dans les tourbillons et un grand nombre se noyèrent. C'est à Omaha Beach, une charmante petite baie de sable de cinq à six kilomètres de long, dominée par une falaise d'une soixantaine de mètres de haut que le désastre eut lieu. le mauvais temps, l'obscurité, la mer démontée et des courants imprévus firent du voyage de la 1ère et de la 29ème division US un véritable cauchemar. Les allemands tinrent leurs péniches de débarquement sous leur feu jusqu'à ce qu'ils aient atteint les plages. Quand ils avaient commencé à tirer, les canonniers de la marine alliée ne pouvaient les localiser à cause de la fumée et du brouillard. En proie au mal de mer, terrifiés, les hommes de la première vague pouvaient entendre le crépitement des rafales de mitrailleuses sur leurs passerelles métalliques de débarquement. Quand celles-ci s'abaissèrent, surchargées de soldats, certains sautèrent par-dessus bord pour éviter le feu et se noyèrent. Les autres, retenant leur respiration, essayaient de se cacher sous l'eau » - (page 445).

A Omaha Beach, pour ceux qui connaissent la falaise, il est facile de se représenter le cauchemar que tous ces jeunes soldats ont vécu. Cette plage est surnommée « Omaha Beach la sanglante » et l'imagination aidant, on comprend, le coeur serré, la gorge nouée, la raison de cette appellation.

Quant à FORTITUDE, c'est le nom du plan exceptionnel de « fake news » mis au point par un petit groupe d'hommes et de femmes rattaché à Winston Churchill. le but essentiel était de manipuler les allemands en leur transmettant de fausses informations à l'aide de tout un réseau d'agents doubles dont, bien souvent, les agents eux-mêmes n'en étaient que des pions ignorants le but essentiel. Hitler possédant à l'ouest les forces suffisantes pour repousser un débarquement en Normandie, l'idée était de lui faire croire que le débarquement aurait lieu dans le Pas de Calais ce qui, d'ailleurs, fonctionna puisque le Haut Commandement allemand resta paralysé, en juin 1944, par le doute et l'indécision sur une dizaine de jours.

FORTITUDE de Larry Collins est une fiction mais qui se base sur un fond historique. La London Controlling Section qui avait mis cette stratégie au point ne fut officiellement reconnue qu'en 1970. L'existence de ce plan fut un secret parfaitement gardé. Curieusement, tous les dossiers américains concernant Fortitude furent détruits quant aux documents britanniques, ils sont toujours farouchement secrètement conservés avec interdiction d'être ouverts. Ce côté « Ultra-secret » bien gardé, indépendamment de son but qui a réussi, cache, peut-être, aussi plusieurs inavouables sacrifices d'hommes et de femmes tel le réseau Prosper dont la fin est ici relatée.

Le roman est passionnant (509 pages). le récit est addictif, moitié historique, moitié fiction, sa construction de type roman d'espionnage, permet à des lecteurs, amateurs d'histoire, de ne ressentir aucune lassitude, bien au contraire, et de compléter ainsi leur méconnaissance de ce plan ultra secret et de ses conséquences de façon palpitante d'autant que Larry Collins est reconnu pour vérifier sérieusement toutes ses informations.

Certains personnages sont sortis de l'imagination de Larry Collins d'autres sont bien réels. On retrouve le SOE comme dans « Les derniers jours de nos pères » de Joël Dicker. Une jolie histoire d'amour entre deux agents imaginaires, Catherine et Paul, vient nourrir le récit et permet ainsi de pénétrer les arcanes de cette campagne d'intoxication.

Ma réflexion : Etre agent double demande beaucoup de courage, l'amour du risque, de la transgression certes mais aussi une certaine personnalité qui soulève beaucoup de questions. L'agent-double est-il toujours certain de savoir qui il est, n'y-a-t-il pas un risque de schizophrénie ? C'est assez perturbant d'autant que celui qui est en face, la plupart du temps, joue aussi un rôle. Cela interpelle. Brutus et Garbo, agents doubles, ont joué les rôles tels qu'ils sont décrits dans ce livre. Ils sont sortis, dans les années 80, de l'existence clandestine qu'ils menèrent jusque là par crainte des représailles nazies pendant des dizaines d'années. La lecture de ce roman démontre bien toute la complexité des services de renseignements et l'importance des outils du contre espionnage (même si parfois, je me suis sentie perdue).

Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ce livre dont je dois la découverte à notre ami Jean-Pierre alias Kielosa que je remercie sincèrement de ses conseils littéraires avisés.



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