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Jacques Charpier (Traducteur)
EAN : 9782221078501
510 pages
Robert Laffont (19/05/1994)
4.11/5   216 notes
Résumé :
1944. Les Alliés s'apprêtent à lancer sur les plages normandes la plus formidable opération militaire de tous les temps. Pour le succès du jour J, il faut impérativement convaincre Hitler et l'état major allemand que le débarquement de Normandie n'est qu'une diversion et que, en réalité, le vrai débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais, trois jours plus tard. C'est l'objectif de l'opération ultra-secrète Fortitude.
Fortitude est à la fois un grand roman d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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« Les premiers soldats alliés avaient débarqué à Utah Beach, là, où, précisément, l'attaché naval de Rommel, l'amiral Frederick Ruge, avait prédit, deux semaines plus tôt, qu'ils le feraient. le dieu de la guerre leur avait été favorable. Une forte houle provoquée par la tempête avait poussé leurs embarcations cinq cents mètres plus bas que l'endroit prévu qui était bien défendu alors que celui où ils avaient atterri ne l'était pas. Ce furent les enfants gâtés du débarquement.

Les vieux « Rats du désert » de la 50ème division britannique d'infanterie furent presque incapables d'atteindre le rivage. A Juno Beach, les canadiens virent leurs péniches prises dans les tourbillons et un grand nombre se noyèrent. C'est à Omaha Beach, une charmante petite baie de sable de cinq à six kilomètres de long, dominée par une falaise d'une soixantaine de mètres de haut que le désastre eut lieu. le mauvais temps, l'obscurité, la mer démontée et des courants imprévus firent du voyage de la 1ère et de la 29ème division US un véritable cauchemar. Les allemands tinrent leurs péniches de débarquement sous leur feu jusqu'à ce qu'ils aient atteint les plages. Quand ils avaient commencé à tirer, les canonniers de la marine alliée ne pouvaient les localiser à cause de la fumée et du brouillard. En proie au mal de mer, terrifiés, les hommes de la première vague pouvaient entendre le crépitement des rafales de mitrailleuses sur leurs passerelles métalliques de débarquement. Quand celles-ci s'abaissèrent, surchargées de soldats, certains sautèrent par-dessus bord pour éviter le feu et se noyèrent. Les autres, retenant leur respiration, essayaient de se cacher sous l'eau » - (page 445).

A Omaha Beach, pour ceux qui connaissent la falaise, il est facile de se représenter le cauchemar que tous ces jeunes soldats ont vécu. Cette plage est surnommée « Omaha Beach la sanglante » et l'imagination aidant, on comprend, le coeur serré, la gorge nouée, la raison de cette appellation.

Quant à FORTITUDE, c'est le nom du plan exceptionnel de « fake news » mis au point par un petit groupe d'hommes et de femmes rattaché à Winston Churchill. le but essentiel était de manipuler les allemands en leur transmettant de fausses informations à l'aide de tout un réseau d'agents doubles dont, bien souvent, les agents eux-mêmes n'en étaient que des pions ignorants le but essentiel. Hitler possédant à l'ouest les forces suffisantes pour repousser un débarquement en Normandie, l'idée était de lui faire croire que le débarquement aurait lieu dans le Pas de Calais ce qui, d'ailleurs, fonctionna puisque le Haut Commandement allemand resta paralysé, en juin 1944, par le doute et l'indécision sur une dizaine de jours.

FORTITUDE de Larry Collins est une fiction mais qui se base sur un fond historique. La London Controlling Section qui avait mis cette stratégie au point ne fut officiellement reconnue qu'en 1970. L'existence de ce plan fut un secret parfaitement gardé. Curieusement, tous les dossiers américains concernant Fortitude furent détruits quant aux documents britanniques, ils sont toujours farouchement secrètement conservés avec interdiction d'être ouverts. Ce côté « Ultra-secret » bien gardé, indépendamment de son but qui a réussi, cache, peut-être, aussi plusieurs inavouables sacrifices d'hommes et de femmes tel le réseau Prosper dont la fin est ici relatée.

Le roman est passionnant (509 pages). le récit est addictif, moitié historique, moitié fiction, sa construction de type roman d'espionnage, permet à des lecteurs, amateurs d'histoire, de ne ressentir aucune lassitude, bien au contraire, et de compléter ainsi leur méconnaissance de ce plan ultra secret et de ses conséquences de façon palpitante d'autant que Larry Collins est reconnu pour vérifier sérieusement toutes ses informations.

Certains personnages sont sortis de l'imagination de Larry Collins d'autres sont bien réels. On retrouve le SOE comme dans « Les derniers jours de nos pères » de Joël Dicker. Une jolie histoire d'amour entre deux agents imaginaires, Catherine et Paul, vient nourrir le récit et permet ainsi de pénétrer les arcanes de cette campagne d'intoxication.

Ma réflexion : Etre agent double demande beaucoup de courage, l'amour du risque, de la transgression certes mais aussi une certaine personnalité qui soulève beaucoup de questions. L'agent-double est-il toujours certain de savoir qui il est, n'y-a-t-il pas un risque de schizophrénie ? C'est assez perturbant d'autant que celui qui est en face, la plupart du temps, joue aussi un rôle. Cela interpelle. Brutus et Garbo, agents doubles, ont joué les rôles tels qu'ils sont décrits dans ce livre. Ils sont sortis, dans les années 80, de l'existence clandestine qu'ils menèrent jusque là par crainte des représailles nazies pendant des dizaines d'années. La lecture de ce roman démontre bien toute la complexité des services de renseignements et l'importance des outils du contre espionnage (même si parfois, je me suis sentie perdue).

Mais je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ce livre dont je dois la découverte à notre ami Jean-Pierre alias Kielosa que je remercie sincèrement de ses conseils littéraires avisés.



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Livre lu pendant mes années étudiantes. Fortitude retrace avec force l'opération d'intoxication montée par les Alliés pour détourner les armées allemandes du véritable lieu du débarquement en Normandie, en 1944. Larry Collins raconte ces hommes et ces femmes engagés, souvent au prix de leur existence, dans cette gigantesque et vitale manoeuvre.

L'auteur nous montre les dessous de l'Histoire héroïque où le sacrifice de quelques vies est un choix dûment assumé par les autorités en charge de l'opération. Les services secrets ne reculent devant rien pour accomplir leur mission, avec une démarche froide voire cynique qui est effrayante. Quelques vies contre des milliers d'autres qu'on cherche à sauver et libérer du joug nazi, le prix de la liberté et de la réussite... La morale de cette histoire laisse un arrière-goût amer et c'est en partie ce qui donne toute la puissance de ce roman.

En habitué du genre, Larry Collins entretient un suspense haletant tout au long du récit. L'espionnage se mêle au quotidien et aux histoires personnelles de ses héros. On suit avec attachement ces personnages lancés dans une cause plus grande qu'eux. Magistral quoique douloureux.

A lire pour découvrir le dessous des cartes et retrouver ces héros souvent anonymes à qui le Débarquement doit d'avoir réussi.
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Fortitude ? ça fait penser un peu à bravitude, non ? Tout juste, Auguste ! Sauf que fortitude est un mot qui existe bel et bien, qui signifie « force d'âme », c'est-à-dire « constance dans le courage ». Alors que bravitude… non.
« Fortitude » est le nom de code d'une opération stratégique de la Seconde Guerre Mondiale. Dans le cadre du Débarquement de Normandie, le but était de tromper les services secrets et le Grand Etat-Major allemands, en laissant croire que le Débarquement aurait lieu ailleurs et à une autre date que le Jour-J. Puis dans un deuxième temps que ce débarquement ne serait qu'une manoeuvre de diversion. Bref une intox XXL. Une des plus importantes de la guerre, qui a été occultée, bien entendu par le Débarquement lui-même.
Larry Collins, que l'on connaît pour avoir signé avec Dominique Lapierre quatre chefs-d'oeuvre du récit historique (« Paris brûle-t-il », « …Ou tu porteras mon deuil », « O Jérusalem » et « Cette nuit la liberté »), a bâti autour de cette opération un roman haletant dans la plus grande tradition des romans de guerre.
« Fortitude est un roman et, par conséquent, une ouvre de fiction. Ses cinq principaux personnages : Catherine Pradier, Paul, le colonel Henry Ridley, Hans Dieter Stroemulburg et T.F. O'Neill sont nés de mon imagination, encore que certains, à des degrés divers, m'aient été inspirés par des êtres qui ont existé et ont joué dans la réalité des rôles assez semblables à ceux que jouent mes personnages dans ce livre. En revanche, ce qui n'a rien d'imaginaire dans ces pages, c'est le fond historique sur lequel se déroule le roman. le plan FORTITUDE a réellement existé. Il était divisé en deux parties : Fortitude Nord, qui devait simuler une opération alliée sur les côtes de Norvège, et ne trompa personne au grand état-major allemand ; et Fortitude Sud qui, pour l'essentiel, fournit le sujet de ce livre ». (Note de l'auteur).
L'histoire est donc double : à travers la destinée de Catherine et Paul, héros de l'ombre dans une gigantesque opération dont ils ne saisissent pas tous les enjeux, c'est la mise en place de la plus extraordinaire intoxication stratégique du conflit. Et sans le sacrifice de plusieurs dizaines d'agents qui ont infiltré les services allemands souvent au péril de leur vie, le Débarquement aurait pu être compromis, ou être encore plus terrible en pertes humaines.
Larry Collins met toute sa plume d'historien au service de cette réhabilitation. Au travers de ses héros fictifs il rend hommage à ces hommes et ces femmes qui quelque part ont fait reculer la barbarie. Il met également toute sa plume de romancier au service de ce thriller « au danger toujours présent, au suspense implacable » (Ken Follett).
Pour nous, lecteurs et lectrices, nous goûtons à la fois le plaisir d'une histoire palpitante, combinée au récit d'un épisode méconnu de la guerre.
Il existe un téléfilm franco-britannique tiré de cet ouvrage : « Fortitude » de Waris Hussein (1994) avec dans les rôles principaux : Tara Fitzgerald (Catherine Pradier), Richard Anconina (Paul LeMaire), James Fox (Col. Henry Ridley), Michael York (Hans-Dieter Stroemulburg)
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Larry Collins coauteur avec Dominique Lapierre de "Paris brûle-t-il" nous livre là ce que les anglo-saxons ont "monté" pour leurrer les nazis concernant le lieu exact du débarquement en France occupée .
On y découvre certains "dessous des cartes" qui font froid dans le dos !
Quelques pertes de vie humaines deviennent secondaires par rapport à l'énorme but final : Gagner la guerre contre le nazisme.
Nos consciences du temps de paix ont parfois quelques difficultés à s'adapter !
Un livre à lire absolument pour connaître (un peu) de cette période de l'histoire .
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Un roman qu'on ne peut absolument pas lâcher !
A partir de faits authentiques, Larry Collins livre ici un thriller palpitant et qui laisse cependant pantois concernant les moyens humains sacrifiés à l'opération.
Fortitude, c'est la gigantesque opération d'intoxication destinée à faire croire aux Allemands que le débarquement en Normandie n'est qu'une manoeuvre de diversion pour éloigner leurs meilleures troupes du Pas-de-Calais, où le gros coup va être donné. Alors que, bien sûr, c'est le contraire.
L'élément qui demeure, d'un point de vue moral, très choquant est d'avoir vraisemblablement sacrifié tout un réseau de la résistance française pour ultimement l'amener à transmettre de fausses informations à l'ennemi.
Mais en temps de guerre, et pour le Renseignement, la fin justifie tout. Y compris les pires crimes qui, en cas de victoire, seront absous par L Histoire...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le sergent Cranston ouvrit la trappe qui se trouvait au fond de la carlingue. Wild s'y faufila, laissant pendre ses pieds par l'orifice. La lumière verte qui surmontait la porte du poste de pilotage devint rouge.
- C'est pour bientôt dit Cranston.
Il prit le cordon qui commandait la sangle d'ouverture automatique du parachute de Wild, l'accrocha à un filin au-dessus de sa tête, puis tira d'un coup sec sur le cordon afin que Wild puisse constater qu'il était parfaitement en sécurité.
Wild sourit. Le sergent Cranston et son petit geste étaient devenus célèbres dans le SOE. On disait que le service de sécurité de l'organisation avait repéré un agent allemand qui s'était infiltré dans ses écoles d'entraînement. C'était un français qui, sur ordre de la gestapo, avait traversé les Pyrénées et était arrivé en Angleterre pour pénétrer le SOE. Plutôt que de donner l'éveil en l'arrêtant, le service de sécurité l'avait laissé achever son entraînement et retourner en France.

A un petit détail près. La nuit où il devait sauter, le sergent Cranston avait "négligé" de fixer la sangle de son parachute au filin et le français s'était écrasé à 160 kilomètres/heure sur le sol du pays qu'il avait voulu trahir. Depuis cette fameuse nuit, Cranston avait pris l'habitude de rassurer les agents qui allaient sauter en leur montrant qu'ils étaient solidement amarrés.
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Le colonel croisa les mains sur son ventre et fit un grand sourire à T.F.

-Nous l'avons amené ici et l'avons placé sous contrôle sous le nom de "Garbo". Il faut vous dire que l'homme a une particularité intéressante. En arrivant à Lisbonne, il a créé deux anglais imaginaires supposés travailler pour son compte en tant que sous-agents,. Nous avons pensé que c'était plutôt une bonne idée. Si bien qu'au cours des deux dernières années, nous avons rassemblé pour lui un petit réseau de sous-agents, vingt-quatre en tout. Ils étaient irréductiblement anglophobes : un nationaliste gallois, un sikh, un membre de l'IRA. Ou des types vénaux qui font ça pour de l'argent sans savoir qu'on les utilise, comme ce sergent américain qui apprécie hautement le whisky et les femmes que Garbo lui offre ou cette secrétaire mal fagotée du ministère de la Guerre qui goûte ses performances amoureuses.

Le colonel se leva et découvrit une carte d'Angleterre fixée au mur.

- Ces symboles, dit-il, montrant des tas de petits points rouges représentent les endroits où se trouvent les agents imaginaires de notre ami Garbo.


T.F. nota qu'ils étaient répartis partout sur le territoires des îles britanniques, légèrement plus nombreux dans le sud-est de l'Angleterre, autour de Douvres, de Folkestone, de Ramsgate, de Canterbury, où l'armée fantôme de FORTITUDE devait être rassemblée.
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Le voyage que venait de décrire le jeune pilote à Catherine avec une telle désinvolture représentait, en fait, l'une des opérations les plus extraordinaires de la guerre. Seuls, sans rien pour se défendre, avec seulement une boussole et un jeu de cartes Michelin pour se guider, les pilotes de la 161ème escadrille de missions spéciales affrontaient régulièrement la DCA allemande et les chasseurs de nuit de la Luftwaffe qui étaient à leurs trousses pour repérer, dans l'immensité obscure de l'Europe occupée, le champ d'une ferme isolée, avec pour seul point de repère trois lampes allumées à quelque deux cents mètres de distance les unes des autres. Les appareils utilisés pour ce genre de mission étaient des Westland Lysander, si lents et si lourds que c'était une plaisanterie pour les allemands de les descendre à coup de fronde. En fait, des pilotes de la RAF avaient catégoriquement refusé de s'en servir dans les missions de reconnaissance pour lesquelles, on les avait conçus. Leur seule qualité était, pour parler comme les gars de la RAF, d'être "de solides bougres capables d'atterrir et décoller sur une piste de 500 mètres de long bourrée de bouses de caches".
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Si nous considérions les choses sous leur angle moral, qu'est-ce qui serait le plus immoral? Les Anglais qui ont envoyé cette femme en première ligne comme terroriste, en sachant très bien ce qui lui arriverait si elle était prise? Ou nous autres qui essayons de lui tirer des renseignements qui peuvent aider l' Allemagne à gagner la guerre? Car nous faisons la guerre, docteur, et ce qui est moral, c'est de la gagner!
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tandis que le bruit de leur pas s'estompait dans le couloir, Stroemulburg prit le dossier de Catherine et y inscrivit :
"Ai demandé un traitement spécial pour cette prisonnière. "In Namen des Reichsfürer."
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