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Critique de Alfaric


Un final pas du tout à la hauteur de ce que j'avais espéré. Oh que je suis partagé ! Est-ce que c'est un roman bien pensé mais maladroit, ou est-ce que l'auteure dépassée par son succès a torché l'affaire ? J'aimerais bien laisser le bénéfice du doute à cette dernière, mais trop de trucs moyens ici ne plaident pas en sa faveur.
Est-ce que c'est l'histoire d'une adolescence dépressive ? Dans ce cas c'est très bon. Est-ce l'histoire d'une révolution contre l'oppression ? Dans ce cas c'est un peu bidon.

C'est tout à l'honneur de Suzanne Collins de mettre un terme à son histoire sans nous tenir la jambe. On retrouve un style qui permet au livre de se lire vite et bien et qui sait toujours où placer un cliffhanger, téléphoné ou pas, pour éviter le ronronnement du récit. On retrouve aussi les nombreux petits clins d'yeux à la culture antique (comme les cameramen Castor et Pollux). Mais à l'image du tome 2 cela met longtemps à démarrer et cela et ensuite cela se finit trop vite : la révolte tant teasé finit en queue de poisson. Fort heureusement l'auteure retrouve sa zone de confort avec les 76e Hunger Games de la Bataille du Capitole : le survival intimiste.

Katniss qui se présente et est présentée comme forte et indépendante semble incapable de prendre son destin en main. Après avoir été le jouet du Capitole elle devient celui du District 13 qui la transforme en barbie rebelle qui lit son téléprompteur après avoir été habillée, coiffé, maquillé et briefée… Donc après avoir dénoncé les ravages des médias par le biais du Capitole, on continue par le biais du District 13 : la guerre se résume pour le lecteur à une guerre des images. L'auteure poursuit sa diatribe contre la médiacratie, c'est un bon point.
Mais Katniss n'écoute personne, Katniss n'en fait qu'à sa tête, Katniss fonce dans le tas et Katniss se retrouve à l'hôpital sous perfusion de morphine avec le bracelet perturbée mentalement. Comme cela arrive 3 fois dans le roman, j'ai cru à un running gag avant de croire à un possible twist qui n'est jamais venu…. Bref, Katniss est egocentrique : elle croit tout savoir mieux que tout le monde, mais en faite elle n'a rien compris et se fait manipuler par tout le monde… Nous sommes en présence d'une adolescente de 17 ans dans l'âge bête ! Déjà dans les 2 autres livres je la trouvais un peu horripilante et bien moins intéressante que Peeta, Gale et les autres protagonistes du drame, mais dans ce tome 3 elle est tout simplement et définitivement en dépression. Donc on alterne calimérages, atermoiements, paranoïa et pétages de plomb. C'est répétitif, c'est réchauffé et en plus c'est truffé qu'incohérences.
Est-ce que tout cela a été parfaitement voulu ? Peut-être, mais du coup il n'y a plus guère d'identification avec l'héroïne narratrice on se retrouve à regarder les événements de loin.

C'est aussi déplaisant de constater qu'on voit la révolution par le bout de la lorgnette : tout est hors champ ou presque alors que le récit s'éternise à l'image de "Twilight" sur un vrai-faux triangle amoureux sans aucun suspens.
Le Distric Douze rasé ? => « Oh mon Dieu et si Peeta était mort ? »
La guerre civile qui ravage tout Panem ? => « Oh mon Dieu et si Peeta était vivant ? »
La bataille du Capitole ? => Oh mon Dieu qui vais-je choisir entre Gale et Peeta ?
J'avais déjà tiqué sur Katniss qui met des plombes à comprendre le fonctionnement de la dictature du Capitole, alors que dans ce tome 3 elle multiplie les critiques acerbes contre le sociolo-communisme du District 13 dès les 1ères pages. de la même manière elle met dès le départ Corionalus Snow et Alma Coin sur un pied d'égalité, avantage Snow.
Rétropédalage maladroit ? Volonté de faire Dark ? Souhait d'engager une réflexion sur la radicalisation des rebellions ? Ou tout simplement citoyenne lambda incapable d'aller au-delà du There Is No Alternative de Thatcher et Reagan (aka vous avez la liberté de choisir entre la ploutocratie et les soviets).

Après la présentation du District 13, l'acceptation de son rôle de tête de gondole et la récupération de Peeta, on entre enfin dans le vif du sujet avec la Bataille du Capitole… Mais que de trucs mal fagotés, que de trucs mal amenés et mal exploités ! Ainsi les membres de l'escouade stars disparaissent les uns après les autres dans l'indifférence car leur sacrifice est traité en quelques lignes voire beaucoup moins.
La mort de **** ? Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Cela faisait des chapitres et des chapitres qu'on l'avait perdue de vue ? Et en plus il faut attendre bien des pages avant de comprendre de qui il s'agissait !
A part amener du pathos facile et une excuse à l'ultime pétage de plomb de Katniss, je ne vois pas à quoi elle a servie (pétage de plomb qui aurait pu amener un twist excellent, s'il avait été bien amené, exploité et explicité… oui mais non).

Ce tome n'apporte pas de véritables réponses aux questions qu'il soulève, renvoyant dos à dos tyrannie ploutocratique et rebelles égalitaristes sans vraiment creuser son sujet (pourtant la porte était ouverte sur une réflexion sur les victimes devenant bourreau à leur tour… oui mais non).
Ah si, une question essentielle trouve sa réponse dans l'épilogue : qui sera le père de enfants de Katniss... Tout ça pour ça ? Mais bon je ne vais pas rager, cela reste un cycle Young Adult intéressant sur le fond comme sur la forme car conçu pour être un page-turner, mais décevant pour moi car descrendo.
L'espoir au centre des tomes 1 & 2 est bel et bien mort avec ce 3e tome qui n'est pas mauvais mais que je n'ai pas aimé du tout (je ne suis pas contre les trucs dark, mais là cela n'a pas marché avec moi).
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