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Critique de isanne


Quand Laurie Colwin parle de la vie en couple, quelle qu'en soit la durée, elle évoque des hommes et des femmes qui se posent beaucoup de questions et qui ne parviennent pas à trouver toutes les réponses...
Les partages d'existences, ou le cas échéant de courts moments, sont toujours compliqués, hasardeux, et tellement cousus d'éphémère.


Dans ce recueil de nouvelles, l'écrivaine offre un regard à la limite de celui du zoologiste, qui observe et décrypte le comportement de ces êtres qui se cherchent, sans réellement se trouver.

Ils revendiquent inconsciemment une certaine forme d'excentricité ou de futilité qui les fait se comporter parfois de façon originale et inattendue dans leur vie quotidienne.
Ils ont leurs codes, leurs principes loin de la grisaille, loin de la bienséance, et finalement c'est en cela que s'incarne leur charme. Mais ils en semblent encombrés - ou en encombrent l'Autre - comme d'une carapace pesante là où il devrait au contraire être à l'image des plumes chatoyantes de ces oiseaux qui attirent irrémédiablement l'attention, au premier regard, en raison de la beauté et l'étrangeté de leur apparence. Ils en deviennent terriblement et intrinsèquement maladroits.

Ils ne parlent pas avec les mêmes mots, parfois ils n'ont que le silence pour habiter leurs moments partagés, ils n'ont pas toujours les mêmes attentes, ni les mêmes aspirations. Parfois, ils ne font que s'observer et c'est déjà une forme d'amour transcendé, et quand ils trouvent le courage de l'exprimer, celui-ci , comme le cristal étincelant mais fragile, se brise en milliers d'éclats qu'il ne sert à rien d'essayer de réassembler, plus rien ne brille, tout s'est terni d'un coup car les émotions se sont évaporées.

Mais qu'importe l'issue finalement, qu'ils espèrent cependant fabuleuse et éternelle, ils sont avides de ces moments d'intimité, de ces conversations parfois sans fil, sans aboutissement, de ces paroles "en parallèle" dans lesquelles chacun parle une langue ou s'attache à une conduite que l'Autre n'entend pas.
Ils cherchent à partager quelques heures, quelques jours, quelques années mais finalement retrouvent toujours la solitude qui était leur compagne première. Ils ont été déçus ou sont soulagés ...mais ils ont changé, leur regard s'est fait autre. La naïveté s'est envolée ou alors la vision cartésienne qu'ils avaient des relations a été radicalement chamboulée pour remettre en cause leurs certitudes.


Dans l'écriture de Laurie Colwin, il y a de l'ironie, ça grince et ça percute mais c'est émouvant à la fois. On ne peut s'empêcher d'être triste devant ce qui n'est finalement que l'incompréhension évidente qui régit parfois les rapports entre hommes et femmes.
Un moment de lecture, tout en fantaisie, plein d'émotions, de surprises, on reste ébahi parfois devant ces attitudes mais la dernière page est tournée et on en redemande ! Une écrivaine que, personnellement, j'ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver sans doute à cause de toutes ces interrogations incessantes qui encombrent finalement l'esprit des personnages.



"Elle le regarde et songe : qu'avons-nous eu quand nous étions ensemble ? Bonne question : qu'ont-ils eu au juste ? Réponse : des sensations fortes, un concentré de pur esprit, une relation qui n'avait rien à voir avec la vie ordinaire. Et moi, à titre individuel, qu'ai-je eu ? Réponse : une formation poussée dans l'art de m'apitoyer sur moi-même, autant dire le "nec plus ultra" de la futilité."
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