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Critique de collectifpolar



La double chronique décousue sur Collectif Polar
Fanny : Lorsque vous ouvrirez Outaouais, vous comprendrez très vite et ce, dès les premiers mots, que vous tournerez les pages d'une histoire qui ne vous laissera pas indemne. Les auteurs ont choisi un pan épouvantable de l'histoire irlandaise appelé La Grande Famine (1845 à 1852). Dans ce récit, plusieurs milliers de personnes quittèrent le pays en direction du Nouveau-Monde, dont le Canada. Après des semaines en mer et avant leur destination finale, ils seront mis en quarantaine aux bons soins de religieux sur la Grosse-Île, amenant avec eux poux et variole entre autres, entrainant ainsi le mécontentement de la population voyant arriver d'un oeil noir ces immigrants. (L'histoire se répète inlassablement…)

Dany : Nous allons suivre les aventures de Martin Sullivan qui a été contraint de quitter son exil irlandais pour embarquer dans un rafiot et traverser l'Atlantique, accompagné par une orpheline qu'il déclare comme sa soeur mais pas que… Sa stature lui permet d'être « respecté ».

Fanny : On ne peut que constater que ce duo d'auteurs a effectué un travail de recherches long et fastidieux afin de nous rapporter un récit au plus près de l'authenticité. En premier temps au niveau géographique, dans le Nouveau-Monde, il a fallu situer les lieux comme L'Abord-à-Plouffe, La Corne, etc. Les rivières dont celle des Mille-îles, La Noire, La Dumoine, etc. Ils nous citent leurs noms algonquiens et nous mentionnent les différentes tribus présentes et leur rapport à l'homme, la faune et la flore ainsi que leurs connaissances et leurs savoir-faire. Eux aussi sont victimes de massacres et subissent les tentatives de christianisation par des prêcheurs

Dany : .Certes, je n'ai pas fait québécois option bucheronnage et navigation en deuxième langue, cependant ce récit m'a emportée dans cette folle aventure exotique. Pourchassés par des gangs rivaux, notre couple, sous une fausse identité va connaître une traversée désastreuse, une arrivée sur le Saint-Laurent entachée de typhus, de choléra voire de peste.

Fanny : Page Comann utilise un vocabulaire pointu pour la navigation en mer ainsi que pour le dur labeur des bûcherons au sein de la nature sauvage de l'Outaouais où règnent en maîtres les ours et les loups. Forcés de vivre ensemble pour des mois dans des conditions extrêmes, les travailleurs apprennent à se connaître et des amitiés se créent pour la vie.

Dany : Martin Sullivan… Lui sera recruté par un milicien pour une mission secrète au long cours. le bois personnage à part entière, est l'unique économie locale et son traitement est dangereux, aléatoire et se pratique dans le froid. Il donne l'ambiance et le décor de ce roman.

Fanny : Si ce lieu est synonyme d'espoir, et que le héros retrouve un peu plus une aisance côté alimentation, c'est un endroit où l'on retrouve également la violence et le chacun pour soi. Pour assouvir leur soif de conquête et devenir riche, les hommes s'entretuent encore et toujours même si la milice veille.

Dans Outaouais, les descriptions des paysages sont d'une telle précision et d'un tel réalisme que vous découvrirez leur magnificence défilée devant vous. Vous verrez à travers les yeux d'une indienne, d'une chienne ou d'un loup. Vous serez terrifiés aux côtés de Kate ou de Martin. Vous entendrez également le murmure de l'onde sur les rochers, vous sentirez la caresse du vent sur votre visage. Et surtout plus que tout, vous aurez envie de vous battre de toutes vos forces.

Dany : J'aurais aimé disposer de la liste des personnages afin de mieux repérer les clans auxquels ils appartenaient, mais le duo papier/crayon est toujours efficace devant une telle profusion. de même une carte succincte du périple suivi par les protagonistes aurait aussi facilité la lecture. Bref, vous l'aurez compris, s'immerger dans l'Outaouais demande un peu de concentration…Moins intimiste que leur précédent roman, les auteurs nous offrent une fresque très visuelle de la ruée vers le bois, à défaut de l'or.

Fanny : Si l'appel de la nature et des grands espaces est déjà en vous ou s'il ne l'est pas encore, vous ne pourrez rester insensible à cette aventure humaine incroyable, qui s'imprégnera au plus profond de votre être.

Dany : Coté sentimental, une romance qui fait long feu et laisse une belle nostalgie et une fin à rebondissements, parfois surprenants, parfois attendus, font de ce roman, un beau « western » canadien, sanglant et initiatique, retraçant les errements des immigrés qui connaissent en définitif toujours les mêmes affres quelle que soit leur époque. le parallèle avec les migrations de nos jours, connaissant un peu les auteurs, ne doit pas être fortuit ! Et que dire du choc des cultures et des trafics d'êtres humains vulnérables…
Roman d'aventures captivant, riche et documenté, avec comme fil rouge Martin, un personnage fort mais aussi quelques femmes remarquables à découvrir au fils des pages.

Fanny : Outaouais, une épopée terrible ou l'éternel combat du bien contre le mal à travers la folie meurtrière des hommes et l'amour incommensurable des femmes.

Dany et Fanny : Nous remercionsNelly Burglin Razik pour m'avoir confié ce joli bébé quelques semaines avant sa naissance officielle et pour sa confiance. Merci aussi à Page Comann et au édition M+

Lien : https://collectifpolar.blog/..
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