Comment puis-je noter un livre qui semble une excellente introduction à la pensée de Pascal mais qui m'a ennuyée ?
Pascal est un être bien déconcertant, à mi chemin de la mondanité et de la spiritualité ; son goût marqué pour le classements en catégories des objets de connaissance et sa pratique incessante des procédés de "renversements" frôlent l'esprit de paradoxe ; quant à son juste milieu, il est aussi stable et affermi que la corde d'un funambule, toujours à balancer entre ses contraires.
Quelque soit le sujet abordé, il classe et balance : il y a le coeur, l'esprit, la charité ; la grandeur d'établissement et le respect d'établissement ; l'esprit de géométrie, l'esprit de justesse et l'esprit de finesse ; la nécessité de la double pensée (tenir son rang sans en inférer une valeur personnelle qui en dépendrait) ; la misère de l'homme et sa grandeur ; la grâce suffisante et la grâce nécessaire...
C'est d'ailleurs avec ce dernier aspect que j'ai le plus de mal : ennemi du molinisme (pensée des jésuites), Pascal réfutait le fait que les seules oeuvres humaines puissent suffire au salut de l'âme : quelque soit la vie menée et les mérites individuels, Dieu seul peut choisir parmi les hommes ceux qui seront sauvés.
Cela semble bien sévère, mais tel est le fondement du jansénisme.
Pourtant figure dans le Mystère de Jésus (1655), la phrase suivante : "Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé."
Et
Antoine Compagnon d'expliquer :"Puisque toute recherche est l'effet d'une grâce, chercher Dieu, c'est être cherché par lui."
Il y aurait donc une coïncidence entre la volonté divine et la volonté humaine ?
Il est permis de le croire, puisque Dieu est le créateur et l'initiateur de toute chose.
Mais alors, pourquoi avoir introduit cette notion de grâce divine nécessaire opposée à la grâce suffisante (insuffisante justement) de l'honnête chrétien pratiquant ses devoirs ?
Encore un "renversement" que je trouve stupéfiant, ce qui atteste bien que je ne suis qu'une ignorante.