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Critique de Fabinou7


Si vous avez compris quelque chose à Auguste Comte c'est qu'on vous l'a mal expliqué.

« C'est ainsi que le mouvement intellectuel et l'ébranlement social, de plus en plus solidaires, conduisent désormais l'élite de l'humanité à l'avènement décisif d'un véritable pouvoir spirituel » Rien que ça…
Est-ce un vaste délire scientiste ? Une utopie platonicienne ? un Prométhée qui voulait changer la vache en lion ? un mélange entre l'occulte et le socialisme comme le soulignait Philippe Murray ? Mais enfin, qu'est-ce que le positivisme d'Auguste Comte ?

Le positivisme dépasse la seule acception juridique, notamment défendue par Léon Duguit et Hans Kelsen. C'est un mouvement juridique qui refuse l'idée d'un droit naturel préexistant aux lois et qui prône l'étude du droit « positif » tel que codifié dans sa logique propre en dehors des considérations éthiques ou politiques, Kelsen proposant même une pyramide du droit établissant une hiérarchie des normes de la Constitution à l'arrêté municipal.

La « mission fondamentale du positivisme, généraliser par la science réelle et systématiser l'art social ». C'est une poussée d'un irrésistible ascendant, une éruption systématique qui veut tout embrasser. le jour de ses 13 ans, Comte décide de régénérer universellement la philosophie et la morale.
Pourtant, le positivisme n'a enfanté aucun régime particulier, il a eu assez d'écho en son temps pour inquiéter le régime bonapartiste du Second Empire mais pas assez pour féconder un parti viable et durable.

Dans cet ouvrage (lu en version liseuse, ne présage donc pas de la version papier on a parfois des surprises avec les éditions libres de droit!), rassemblant quelques extraits (peut-être trop épars pour constituer un ensemble cohérent) de l'oeuvre d'Auguste Comte on découvre à la fois les aspects politiques, linguistiques, religieux et scientifiques du positivisme ainsi que la méthode d'expansion du positivisme : « les prolétaires et les femmes constituent nécessairement les auxiliaires essentiels de la nouvelle doctrine ». D'ailleurs, s'en suit un dialogue avec une femme tout à fait misogyne, car d'une part il assimile la femme à l'enfant et deuxièmement il suppose qu'elle ne comprendrait pas sans cette dialectique très schématique entre une femme et un « prêtre du positivisme » alors que l'inintelligibilité de Comte est sans doute également partagée par les hommes et les femmes…

« Ordre et progrès » : dernier leg de Comte au Brésil moderne. Mais c'est cette douce folie qui est aussi l'aspect le plus touchant. Je m'attendais à trouver un penseur rigoureux et analytique, presque kantien dans son genre, je me suis senti d'abord un peu floué en ouvrant ce bouquin.
Malgré le flou de la pensée, j'ai trouvé une chaleur, une volonté formidable et empressée de changer le monde et de dépasser les clivages entre la « simplicité » des révolutionnaires et « l'état arriéré » des conservateurs.

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