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Critique de Lixka


Je pense que ce livre est idéal pour les néophytes de la philosophie (dont je fais partie) en quête non pas de solutions mais de réponses douces face à l'aridité d'un monde où l'agressivité et l'exigence du "tout, tout de suite" sont devenues la norme.

Une atmosphère feutrée pour cet ouvrage intimiste où André Comte-Sponville nous partage quelques unes de ses clés pour aborder l'existence.
Il nous confie notamment un détour réflexif édifiant sur l'évolution de son rapport à la lecture.

Libre à chacun d'entendre les échos singuliers que ces mots pourront avoir sur son âme. Pour moi, ça a été un discours de l'apaisement.
N'en déplaise à Faust, André propose que la connaissance est loin de nous handicaper dans notre "modalité d'être au monde"... pour lui, nous devrions plutôt nous méfier des avanies silencieuses perpétrées par nos illusions, nos angoisses, nos stéréotypes et nos croyances. Une redite de Platon ? Certes, mais avec grâce.

Un ode à la simplicité, à la beauté, comme rempart aérien face la complexité aliénante et à la froidure corrosive de l'existence.

Des références (un peu trop consensuelles, je l'admets) à Bouddha et au Tao pour exprimer son rapport à la mort s'enchevêtrent au concept de libido Freudien afin d'esquisser une vérité qui semble d'autant plus effroyable qu'elle est inextricable :

Nous sommes seuls, indiscutablement, tout le temps, pour toujours.
Inextricable ? Inconditionnellement. Mais l'effroi suscité peut être amoindri et André nous propose quelques clés : aimer. Aimer, c'est à dire devenir des êtres moraux et considérer l'autre en tant qu'il est une autre entité distinctes, avec ses vécus singuliers et non pas en s'endormant dans les mânes de l' "insociable sociabilité" Kantienne. Aimer aussi en dehors des illusions, en dehors des projections que nous pouvons imposer à l'image de l'autre, aimer pour l'autre et non pour nous-même.
Il propose aussi d'écouter notre désir, plutôt que notre espoir. L'espoir étant selon lui toujours formé d'illusions, l'espoir étant une denrée qui coûte toujours chère car elle n'est pas toujours contentée, et lorsqu'elle l'est, cela reste insuffisant. Nous serions alors constamment frustré, et nous engagerions dans une fuite en-avant contre ce vécu d'inconfort.

C'est un livre de l'apaisement, qui nous invite à nous départir de toute haine et de toute rancoeur. Pourquoi nourrir la détestation du vent, de l'eau ? Ces deux éléments sont nécessaires, voici la réponse d'André. Pourquoi haïr ce qui n'est pas contingent, puisque précisément: ça est ?

L'idée qui m'a le plus touchée dans ce livre ressemblait à : Il faut arrêter de haïr les gens comme s'ils faisaient exprès d'être ce qu'ils sont.
C'est évident, c'est d'une simplicité formidable, mais j'avais besoin à cet instant de le lire; c'était la fenêtre temporelle idéale.

Ce que j'aime chez André, entre autre chose, c'est un refus de servir un discours absolument utopique. En admettant que la souffrance l'emporte sur l'amour, comme la mort l'emporte sur la vie; il nous encourage à aimer d'autant mieux.
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