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Critique de DemonAuChapeauBleu


OK, ce livre est très drôle. Cook y déroule une longue série de déboires, dans un registre burlesque qui ferait presque penser aux films des frères Coen. Rien ne se passe jamais comme prévu, et les plans imaginés par ce père irresponsable – qui a décidément le chic pour mettre sa famille en danger – finissent toujours par déraper.

C'est l'occasion pour l'auteur de se mettre en scène avec beaucoup d'autodérision, parodiant la figure-type du héros de roman à la Hemingway. (Lorsqu'il quitte l'Espagne en catastrophe, il fait remarquer d'un ton désabusé qu'il est sans doute le premier écrivain anglo-saxon à avoir séjourné en terre ibérique sans avoir vu – et à plus forte raison, raconté – une corrida.) Ce registre comique, assez réussi, permet de découvrir une autre facette de l'écriture de Cook, qu'on ne soupçonnait pas forcément à la lecture de ses romans.

Cela est sans doute lié aussi au fait qu'il voyage non pas seul, mais avec toute sa famille. Cela contribue beaucoup au charme du texte, même s'il est dommage que sa femme et ses enfants n'y trouvent qu'une place discrète. le narrateur garde le rôle traditionnel de chef de famille, mais fait preuve d'assez de dérision pour que ce ne soit pas gênant. En outre, Patricia (sa femme, donc) apparaît comme une présence positive du texte, une voix de la raison indulgente envers les foirages successifs de son mari. Les enfants font toujours rire le lecteur – ils restent absolument zen dans les situations les plus périlleuses, type naufrage en mer, ou course-poursuite avec les sbires de Franco.

Bien sûr, comme il s'agit d'un carnet de voyage, les ressorts narratifs sont un peu lâches, mais ils ont l'intérêt d'être également les ressorts comiques du texte : ce sont le manque d'argent perpétuel, ainsi que les malentendus successifs avec les autochtones qui font avancer le texte et qui font rire le lecteur.

Le passage le plus consistant – et le plus drôle – est celui qui se déroule en Espagne. C'est très bien raconté, et plusieurs épisodes font mouche : lorsque le narrateur se laisse pousser la barbe et gagne ainsi le respect des espagnols, qui y voient un signe de piété ; lorsque la petite famille rencontre la bonne Carmen, dont ils ne savent pas qu'ils ont loué les services en même temps que la maison ; lorsque le narrateur se présente auprès de Bill (le commandant d'une flotte de navires de contrebande) comme un excellent navigateur, alors qu'on a vu ses déboires dans la Manche. le personnage d'Antoine, moitié dandy, moitié escroc est le plus réussi et touchant du livre. La séparation d'Antoine et Carmen est par exemple assez drôle et représentative d'un autre humour du texte, plus pince-sans-rire : « Il n'avait pas vraiment réalisé qu'il était le petit-ami de Carmen. Les Français et les Espagnols ont des idées assez différentes là-dessus. »
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