La lune grise et pâle flottait bas dans le ciel, embrassant presque les marécages plats qui s'étendaient devant lui.
J'ai souvent tendance à oublier à quel point la vie peut être fugace. Rien ne vaut une expérience de mort imminente pour vous le rappeler.
Le monde semblait parfaitement immobile, hormis les flocons de neige qui voletaient autour d'elle, se coinçaient dans ses cils et ses courtes boucles brunes.
Elle évitait toujours de puiser dans la rivière de chagrin qui sommeillait en elle, de crainte de se faire engloutir.
Bien que l'aube pointât à l'horizon, la Voie lactée formait toujours au-dessus de leur tête un arc semblable à une rivière céleste.
L'atmosphère qui régnait dans cette pièce remplie de gens aux prises avec un désespoir et un chagrin destructeurs rappela à Sayer celle qui se dégageait du Guernica de Picasso.
Elle évitait toujours de puiser dans la rivière de chagrin qui sommeillait en elle, de crainte de se faire engloutir.
Certaines familles restaient groupées, bras dessus bras dessous, alors que d'autres se tenaient à l'écart, des piliers de tristesse dans leur souffrance.
Quel filtre étrange le chagrin avait posé sur ses souvenirs.
Lieu inconnu
Kate Brooks tremblait de manière incontrôlable. Dès qu’elle pensait avoir retrouvé la maîtrise de son corps, une nouvelle vague de frissons parcourait ses membres telle une décharge électrique et ses muscles se contractaient involontairement. Ses mains étaient attachées derrière son dos, et les liens commençaient à lui couper la circulation sanguine. Son corps était raide et engourdi contre le siège froid de l’autocar. Le monstre qui leur avait fait ça avait placé une chaîne à la sortie de secours et une barre en métal en travers de la portière avant. Elles étaient seules à présent, enfermées dans ce car au milieu des ténèbres.