Citations sur La voix des vagues (133)
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Comment lui dire que je savais qu'elle était morte tant je sentais le vide d'elle, cette vacuité au fond de moi, là où une mère porte l'âme de son enfant ?
Il n'existe pas de mot pour ce que nous avons entendu ce jour-là. Il ne doit jamais y en avoir. Donner un nom à ce son risquerait de signifier qu'il pourrait se reproduire. Quel terme serait à même de capturer les rugissements de tous les orages jamais entendus, tous les volcans, tsunamis et avalanches jamais vu en train de déchirer la terre et d'engloutir toutes les filles sous les flammes, les vagues, les vents ? Ne trouvez jamais les termes adéquats capables de décrire une telle horreur de bruit ni le silence qui s'était ensuivi.
Endurance
L'anthropologue Ruth Benedict a un jour déclaré que le fondement de la culture japonaise est la honte et celui de la culture américaine, un certain sens du péché ou de la culpabilité. Dans une société dont la honte est la pierre d'achoppement, perdre la face équivaut à avoir un ego détruit. Par exemple, jadis, les guerriers samouraïs étaient des hommes fiers. Lorsqu'ils étaient trop pauvres pour se payer un repas, ils gardaient un cure-dent aux lèvres pour montrer aux yeux du monde qu'ils venaient de manger. (p. 11)
Malgré la distance, ................ j'étais suffisamment près pour savoir qu'il s'agissait du bruit qui accompagne la fin de toute existence.
Jamais encore, je n'en avais entendu de semblable.
J'eus l'impression que le coeur du monde venait d'exploser.
Certains allaient le décrire par la suite comme un bang, mais il ressemblait plus au fracas d'une porte se rabattant violemment sur ses gonds ou à la collision de plein-fouet d'un camion-citerne et d'une voiture.
Il n'existe pas de mot pour ce que nous avons entendu ce jour-là.
Il ne doit jamais y en avoir.
Donner un nom à ce son risquerait de signifier qu'il pourrait se reproduire.
Quel terme serait à même de capturer les rugissements de tous les orages jamais entendus, tous les volcans, tsunamis et avalanches jamais vus en train de déchirer la terre et d'engloutir toutes les villes, sous les flammes, les vagues, le vent ?
Ne trouvez jamais les termes adéquats capables de décrire une telle horreur de bruit ni le silence qui s'était ensuivi...
Partager un parapluie
Al-ai-gasa : à l'époque féodale, hommes et femmes en relations intimes n'étaient pas censés se montrer proches l'un de l'autre en public, sans même parler de bras entrelacés ou de mains tenues. Une des rares occasions où ces gestes étaient permis étaient les jours de pluie, quand ils pouvaient jouir de l'intimité d'un parapluie partagé. En conséquence, si un homme proposait un parapluie à une femme, son geste était souvent interprété comme l'expression implicite de son amour pour elle. Depuis lors, un homme et une femme amoureux se décrivent comme partageant un parapluie. (p. 141)
Il vaut mieux que les secrets restent ce qu'ils sont, des secrets. Le passé est le passé. Rien de bon ne peut sortir de ce ratissage de charbons déjà consumés.
Cette vie est souvent au-delà de toute logique. Nous n'en trouverons jamais le moindre sens mais pour autant, nous ne devons jamais la laisser nous vaincre. Nous nous devons de garder cette fortitude envers ceux qui ne sont plus avec nous.
Le vent
Kaze : le vent aussi bien que la pluie sont plus que de simples phénomènes naturels pour les japonais. Il existait une ancienne croyance selon laquelle le vent était créé par les allées et venues de dieux invisibles. En conséquence chez les anciens, tous les vents, hormis les mauvais et les méchants, étaient littéralement -kamikaze- (vents divins) (p. 315)
- Moi aussi, vous auriez dû me voir,quand j'étais jeune dit la vieille en riant. Ce corps que j'avais.
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- A l'époque, les hommes, et ils étaient nombreux, attendaient leur tour pour venir frapper à la porte de mon père, avec des cadeaux, des demandes en mariage, des larmes et des poèmes. Oh, tellement de poèmes. Et toujours quelques abominables haïkus. Il était obligé de les chasser à coups de balai. c'est vrai.
Comment lui dire que je savais qu'elle était morte tant je sentais le vide d'elle, cette vacuité au fond de moi, là où une mère porte l'âme de son enfant ? (p. 161)